lundi 4 juin 2018

CHAPITRE # 1  
19 July 1986 1:14 AM 


c'était une nuit pleine de lune, j'ouvrais la fenêtre et criais....
" Freeeeeeedom " !

J'étais arrivé a Los Angeles pour n'en plus repartir.
J’arrive de France hier je ne parle que français et un anglais inutile...
je suis  sous  décalage, j'ai que trois cent dollars dans ma poche, parti en cavalcade, mes comptes bloqués, ma femme en prison arrêtée au matin quand elle devait me rejoindre, le bordel complet mais faut vivre et quand tu as faim y a pas de place pour faire une dépression.
La fenêtre c'est celle du studio de Franck Dubarry, avec qui on avait décidé de faire une ligne de bijou fantaisie et des oranges et citrons glacées pour les restos de Los Angeles, ça a pas marché, on était nuls, Franck a fait sa vie, entre autres choses les montres Technomarine qu'il a revendues pour quelques centaines de millions de dollars et moi j'ais fait la mienne que je m'en vais vous raconter.

Deux mois a bouffer des pâtes très bonnes d'ailleurs, a 28 ans a Hollywood  toutes les pâtes sont bonnes et le ketchup de pauvre ou de milliardaire c'est le même, faut taper le cul de la bouteille.

Deux mois a faire des bijoux fantaisie dans le studio de Franck, j'avais amené mes clous, mes outils en français Lyonnais, des bijoux qui sont " total out of market ", trop lourds et invendables, après on a fait avec une marque très chaude de fringues une ligne qui aurait pu marcher, j'ai utilisé du caoutchouc aussi ce dont Franck s'est rappelle plus tard pour ses bracelets de montres sauf qu'il a oublié mes royalties... ça a pas marche pareil.
Ça va un moment, Franck et moi on est pas total con, on se serra la main, on se promis l'amitié éternelle ce qui se révélera vrai ... mais je me retrouvais a la rue...
Ma femme est juive donc je suis goy, c'est mieux que rien dans le sentier de Los Angeles et puis quand tu es raide broke dans le LA de 1986, il faut quand même bouffer, même des cacahuetas, j'ai des amis Lyonnais des amis de mon ami Jo ... y a plein de Lyonnais Tunisiens dans le garment business, alors je frappe a une porte.

Downtown LA ... 12 St et Stanford avenue, Los Angeles c'est carré, il y a des streets et des avenues qui se croisent a angle quasi droit, le plus dur au début c'est de comprendre le ouest east et le nord south et les cinq grandes autoroutes, la 101 , la 5 , la 110 , la 405 et la 710 et après c'est facile mais il fallait quand même être de Los Angeles pour comprendre.

Avec Waze y a plus de charme.

Garment district, donc, c'était le sentier a Paris avant que il soit cafardé par les startup et que tous les feujs soient partis ramer au milieu des steppes chinoises.


Mardi 8:42 AM

Georges Atlan et Gerard Medina dans le bureau de leur usine de Jeans, Puzzler Jeans elle s'appelle leur usine.
Le bureau de Puzzler Jeans c'est pourri, pas pourri sale mais pourri normal, étrange pour moi au début pour un business qui tourne des millions.
En France quand tu tournes un million, tu t’achètes un office design avec des meubles classe, tu mets une secrétaire en jupe courte a la réception avec un bouquet de fleur sur un comptoir en marbre ou en granit, une moquette épaisse beige clair, deux fauteuils Stark et un tableau abstrait grand bien contemporain a chier et rectangulaire au mur derrière .
A Los Angeles pas du tout.
Puzzler Jeans, le bureau c'est au fond de l'usine c'est a dire il faut monter deux étages en monte charge a grilles coulissantes noires sales, traverser la vapeur, la sueur, le bruit, tourner a droite, pousser une porte, refermer la porte et s'asseoir sur une chaise hétéroclite dans une pièce de vingt mètres carrés avec trois bureaux hétéroclites pareils, un sol en béton gris, un air conditionne bancal a la fenêtre avec la prise électrique scotchée contre le mur , un ventilateur marron au plafond, une petite photo de Georges avec Mohamed Ali au mur, un frigo blanc neuf avec le prix encore dessus, un ordinateur carré avec des chiffres verts et un chinois et une chinoise qui bossent.


_ Ok... Georges... je suis mal.. la... il me faut un job...

_ Tu connais le tissus business ?
_ Naaaa
_ Tu parles un peu anglais ou espagnol... c'est important ?
_ Non, mais pour le mexicain si je met des o et des a la fin des mots français ça devrait marcher... no ?
_ T'as raison.. tu peux travailler la nuit pour un salaire de misère ?
_ Bien sur, je suis la pour ça...
_ Ok, tu démarres ce soir...
_ Tu as $ 20 a m'avancer... ?

Je prends le job et puis je couche aussi sur le sofa de leur maison a Georges et Gerard a Beverly Hills, ça aide,  je parle pas anglais, je connais rien au tissus mais de toute façon personne parle anglais et personne n'y connaît rien, je m'y ferai dans les mois qui viennent ....

les patrons sont français, un peu marocain ou tunisien, le contremaître est philippin... le comptable et la secrétaire sont chinois.. les ouvriers .. sud américains.
il n’y a pas vraiment de langage commun.
Le comptable parle chinois et anglais mais pas français ni espagnol, le contremaître philippin parle un peu l’anglais et un peu l’espagnol avec un accent philippin, la secrétaire chinoise parle que chinois, elle vient de débarquer d'un boat plein de people et doit communiquer a coup de mimiques raides avec le philippin et les ouvriers mexicains qui eux n'ont pas d’accent du tout et s’en foutent complètement !
Et puis tout le monde est plus ou moins illégal.
Mais ça marche !
6000 Jeans par jour, 220 employés de folklore bordelissime total, j’adore d’entrée.

Et puis, Y a le pognon surtout, ça sent de partout le pognon .... ce putain de vrai, de beau pognon en cash a la fin de la semaine, pas le pognon triste, gris et imposé qu'on a en France.

Et les Porsche, les Mercedes garées en bas dans la contre allée entre les poubelles avec les homeless qu'on pay pour les surveiller .. .. .
On a tous moins de trente ans... Georges et Gerard étaient dans la zone a Villeurbanne y a cinq ans, et moi je suis temporairement a la rue mais j'ai les dents qui brillent et ça va pas tarder... 18 mois après mon arrivée quasi a poil aux US j'achèterai ma première Porsche Carrera convertible black sur black , " black sur black " en français c'est noir peinture et cuir noir intérieur, convertible c'est décapotable et Carrera c'est Carrera comme en Français  !

Nuits d'usines .. dans la vapeur des presses, quatorze, seize heures .. je m'en tape, j'ai 28 ans, ma femme est sortie de prison en France mais passeport bloqué, je bosse, j'apprends le mexicain, je mange des tacos de souche, je bois des cervezas  Corona comme Chirac, un peu de coke, de la bonne.

_ Amigo... un grama...
_ Si.. quanto ?
_ $ 100 ....
_ You fucking crazy..... men !
_ no.... con mi amiga.. package ..
Ya package ... un gramme de coke, à l'usine c'est autour de minuit avec en plus une pipe par une conchita belle comme un torero, c'est la moitie de ma paye de ma semaine ... mais .. comment faire, mettez vous a ma place..  je peux pas dire non, alors je sniffe et subit ....
Je bosse, je regarde, je touche, j'apprends, je sens.
C'est pas évident, les mexicains c'est des durs, des vrais, pas des Mickeys en sombreros comme dans les films et tout le monde s'appelle Pedro ou Ramon ou Maria...
j'achète $10 sur le parking mon " social security number " c'est a dire mon identité légale aux USA  que je garderai 15 ans jusqu’à ce que je me fasse arrêter, emprisonné un mois et déporté sur la frontière du Mexique 15 ans après par hasard, j'avais oublié que j'étais illégal et puis les temps avaient changés.

Je suis a Los Angeles .. la période angoisse pognon est overfinie , j'ai un salaire de mexicain, un avenir que je sens, une Honda Civic bleue métallisée toute neuve avec un téléphone dedans et un beeper, un truc de drug dealer mais révolutionnaire pour un lyonnais en 1986.

Le beeper c'est une secrétaire a la ceinture, sauf qu'il vibre et suce pas, c'est une révolution de pouvoir être joint a tout moment et a tout endroit.
C'est étrange mais on va s'habituer après avec le tel phone portable .
Avec le progrès, les secrétaires vont retrouver leur rôle original de suceuses d'avant la crise féministe et puis elles vont disparaître...

Down Town LA 1986 c'est le soleil, les belles voitures, les palmiers, le business non stop ... un rêve de gamin, le contraire du voyage au bout la nuit, c'est la misère est plus belle au soleil, c'est on est pauvre que de passage !

Au début c'est la même misère que celle de Patrick Eudeline  j'en ai parle avec lui, mais c'est pas la même chose, j'ai une vision optimiste de la misère, lui pas ...
Je suis un riche embarrassé temporairement...
En attendant faut bosser c'est l 'Amérique ,
Nuits d'usines, vapeur des presses, click click des ciseaux a couper les fils ... cent paires, le bruit c'est comme les crickets a Toulouse .. sauf que c'est des mexicaines avec des petits ciseaux.
Je bosse la nuit, je rentre le matin, je couche a Beverly Hills sur le sofa de mes amis, on mange ensemble.
C'est pas tous les jours pizza choucroute, c'est plus souvent, on prend la Porsche, la Mercedes, on appelle des copines et on va chez " Moustache " ... sur Sunset Blvd ..
Moustache c'est le restaurant a la mode a la fin des années quatre vingt a Los Angeles.
Il y a toujours une queue pas possible de gens qui ont peu de chance de rentrer a cause de gens comme nous qui leur passent devant.
C'est valet parking même pauvre, quand tu es jeune et prétentieux tu es riche, les filles bloquées a l’entrée te matent comme des ..... je sais pas, j'allais dire poissons rouges mais c'est con...
elles matent comme des pauvrettes, comme moi je serais si j'étais pas plus malin qu’elles...

Retour 6 du mat a l'usine ... on est costaud  ... même total défonce la nuit on est tous a l'usine a 6 du mat.

Les Marciano's, les quatre frères Guess Jean, tous les matins avant tout le monde les quatre limousines sont la, tous les jours ... sept sur sept !
Y a deux familles de quatre frères qui sont les macs du tissus en Amérique, les Marciano qui ont Guess Jeans et les Guez qui avaient Sasoon Jeans, la première company a faire un milliard de dollar dans de la fringue en 1983 ....
Ils restent au top, la dernière fois que j'ai vu Hubert Guez c'était avec Christian Audigier, dans un golf cart, surveillant la mort de Michael Jackson dans sa maison et avant que Christian meure d'un cancer a la con aussi pareil.
On s'est revu a la synagogue pour la mort de Gerard Medina qu'on a retrouvé dans la poubelle d’un bordel au Vietnam, il est mort en baisant comme il a vécu Gerard, Viva !

Je ne suis pas la pour brosser les whatever, je suis la pour écrire, raconter nos vies, bien sur que je vais parler des morts, de nos, de mes morts ,de  mes potes de mes amis, de ma femme..

jamais morts normal, tous morts un peu assassines, un peu suicidées, un peu drogués, un peu bizarre... on vit de folie et on meurt rarement normal chez nous.

Je sais que je suis sur écoute téléphonique quand j'appelle ma femme a Lyon de Los Angeles, je sais qu'" ils " ne se doutent pas que je sais, enfin je crois ... mais ya pas Facebook en 1986, je n'ai pas le choix que d'appeler ma femme sur une ligne de téléphone et puis c'est pas grave du moment que je sais que je suis écouté, je fais de l'intox, ils me croivent ou pas...  on se rappelle que moi j'ai que ça a faire pendant 15 minutes comme un mec en cellule qui veut s’échapper, alors qu'eux, ils ont des centaines de mecs a écouter pendant 24 heures sur 24, ça aide...


Ça fait année noire, un peu Zola ou Céline mais pas du tout, je respire le bonheur, l'envie de vivre, la misère ne m'angoisse pas, la misère m'amuse, tant qu'il fait pas froid dormir dehors c'est comme faire du camping et y a plein de gens qui paient pour pendant leurs vacances.

Donc je me tape de l'usine toutes les nuits, un paquet d'heures par nuit mais ça va, entre la vapeur des presses je pisse la liberté, ça sent le " steam du dream " , la vapeur du rêve américain, j'aime le bruit, l’odeur des jeans frais cousus le soir au fond des monte charges, j'aime dire :
_ Hello amigo , como ca va ?
et entendre :
_  Mucho travaro, pocito dinero ... beaucoup de travail , peu de pognon ...

avec le sourire, y a pas la haine avec les Mexicains, pas comme avec les nôtres en France.


On bosse, tout le monde bosse, des heures sup a tire la rigo, souvent a la pièce... deux, trois quatre fois le salaire minimum pour les cadors, les champions qui cousent boutons ou des fermetures éclairs.

Y a les Mercedes des patrons et les Corvettes des ouvriers spécialises sur le parking, OK.... c'est pas la semaine bobo, c'est 7 sur 7 15 heures par jour, mais a trente ans, illégal Mexican migrant c'est beau une Corvette neuve et la gourmette en or, même en plaquée... ... naaaaan... ?


Y a tellement de business a prendre que on fini par s’associer moi, Gerard, Georges et Jo, sur une idée de gros pressing  finishing en dessous de leur usine de jeans, ça tombe bien y a de la place.

il faut un peu de pognon que j'arrive a débloquer de France, Jo fait une embrouille de montres en utilisant mon nom et Georges et Gerard empochent et font la logistique ...
ils amènent les clients aussi... enfin un, mais un gros, Guess Jeans ...
On loue le local, on met une chaudière, des presses, des racks en alu, des tables et on ouvre avec une petite centaine de mexicains pour commencer.

Je passe de prolo a boss ... je roule toujours en Honda mais ça va pas durer.


Sept du mat...  l'usine, le soleil , downtown... un mec rentre, un mec carré, cou de taureau, tee shirt , short et baskettes Nike .


Tony Trapani ID # product manage... ça je sais


_ Hello Meeen.... 


Moi


_ Hellau

_ What thw ficlk , quantuty . numbea press ..
_ Yes !
_ ya trucka ya fauq tousand tomaurau ..
_ Yes
_ Fauk mauda foka.... deal !
_ Yesssss

Faites pas les surpris, je suis comme vous je n'ai rien compris .. sauf " fauk " et " modafocka " après chaque mot, début et fin de phrase.

Je ne parle que très peu anglais, un peu Californian mais pas du tout Italo New Yorkais, je ne comprends rien a ce que Tony,  Newyark fucking accent me fucking raconte, mother fcker bitch,  mais je fuck sais qui il est et je dis fauck  Yes, Yes... and Yesssss.... mother fucker !

Le lendemain je reçois un container avec 10.000 tee shirts, c'est parti.

Je panique pas, je rassemble les mexicains, dis qu'on va travailler jour et nuit et que je vais avoir besoin de la famille, ça tombe bien, ya plein de famille qui a envie de bosser .... un coup de fil au Mexique et le lendemain y a trois cousin par cholo  !
de cent travailleurs en huit heures shift on se retrouve en vingt quatre heures a trois cent en vingt quatre heures shift... c'est du marketing mathématique de base !
C'est vrai que pour un jeune français habitué aux procédures d'embauche syndicalisées et administralisibulshitees.... ça fait un coup, ça réveille la tète, te fait retomber sur les planches , ça te fait voir le vrai monde, te fait sentir la chauffe du plaisir, du bonheur même..
La vie, la vraie vie, la folie du business, du pognon qui rentre d'un coup, le loto quasi mais gagné a coup d'heures de sueurs, pas volé, le vrai, le cash en fin de semaine !
les billets verts en liasses, en mallettes, l'odeur.... cette putain d'odeur de l'argent quand tu es jeune, ce putain d'argent que tu froisses, que tu jettes dans la boite a gant de la Mercedes, que tu poses sur la table d’hôte chez  Moustache Café  Beverly Hills après avoir jeté les clefs au valet parking, doublé la queue des balourds en lente attente .
Pognon... dieu pognon... on s'assied, les filles et les lignes de coke dansent sur les tables.

Moi j'ai rien, je suis rien encore .... je demarre je conduis une Honda Civic bleue pale.


L'usine a downtown Los Angeles... 12 St and Stanford... C'est comme dans les films mais en pour de vrai, avec une contre allée a sens unique avec des matelas pourris et des grosse poubelles carrées et vertes taguées, des herbes folles entre le pavage détruit, des sans abris qu'il faut essayer de pas écraser parce-que c'est illégal d’écraser un homeless.... et ce soleil magn
ifique rasant a cette heure, ce ciel cristal qui me fera mourir ici.

L'usine est ouverte, une usine c'est une usine mais une usine Mexicaine c'est plus sympa qu'une usine normale quand  la journee s’organise ça sent la musique, la famille, les tacos a la langue en sauce piquante et le café Mc Do...

_ buen dia Mario

_ buen dia Patron ..
_ buen dia Maria
_ buen dia Patron
_ buen dia Jose
_ buen dia Patron....
_ Cafe por favor Maria....
_ Si patron...

C'est marrant, j'ai une Maria Hernandez qui s'occupe du café, du ménage des bureaux mais des coups c'est une petite grosse décolorée joyasse et des coup une grande brunasse qui traîne la misère du monde sous son balais ....

C'est un coup a prendre ... au debut en arrivant de France j'etais surpris que la même identité puisse servir a deux personnes ou plus et puis on s y fait ... .
Y a jamais d’arrêt de maladie ou de congés, quand Maria est pas la, y a Maria quand même...
C'est la jungle.... j'adore...
Je met les bottes en lézard noir Luchesse sur le bureau.







_ Allo mon Phil ... c'est moi ..

_ Kiki .. ?
_ J'arrive dimanche prochain a Los Angeles par Air France vol A 765 a 6 PM heure locale , il dit le ticket .
_ T'es sure .. ?
_ Je crois .
_ Je t'aime ..
_ Redis le moi ..
_ Je t'aime .
_ Redis moi le ticket aussi.





CHAPITRE # 2
Monday March 22 1985 10: 56 AM 1985


Kiki c'est ma femme, l'amour de ma vie, une pute comme on dit ... mais une vraie pute, une pro, une grande pro, une de la race des grandes horizontales, une qui fait ramper et qui méprise les hommes, une qui se fait payer cher très cher.

en 1985 c'etait autour de trois SMIC mensuels, par jour, en cash....

On est tombé amoureux par hasard pour elle, pas pour moi, je l’étais .


kiki ... rappelle toi comment je t'ai séduite ... je le dis ou je le dis pas ... on verra après... on a tout le temps maintenant que tu es morte suicidée.


Tu es a Lyon " la femme a Zampa ", intouchable, protégée, bellissime ... tu es entre Mireille Darc et Marlène Jobert, je suis un rockman de nuit et condamné par erreur depuis deux ans a bijoutier de jour....


On va créer pendant quelques mois le scandale a Lyon, de la rue Merciere au vieux Lyon,  toi en vison violet ou long manteau de loup gris, moi santiags et crane rasé.. a traverser la passerelle sur la Saône en s’embrassant !

On provoque on rit on flambe, la nuit on s'aime en attendant les flics des Mœurs au petit matin, on sait que ça va s'effondrer comme ça un matin petit ou pas ..
c'est excitant aussi ces nuits volées ou on baise interdit.

Comment je sais que tu es belle .. ?

Je te regarde entrer dans un restaurant, derrière toi ou moi devant c'est pareil, le bruit des couverts s’arrête, le vent de l'attention souffle entre les dents des fourchettes levées, tu marches vers une table, tu hésites, souris un peu et demande au garçon avec ta petite voix...:

_ Mon mari a réservé...


En vrai on réservait jamais, juste on se pointait, il y avait toujours une table de libre.


C'est Lyon, ma Lyon des bourgeoises et des bourgeois, ma Lyon que j'aime du fond de mes racines séculaires, ma Lyon massacrée par Fouché et Collos d'herboit , massacrée par les Parisiens Jacobins et jamais vraiment remise, ma Lyon bonne fifille bien de province mais avec des beaux restes gallos romains, ma Lyon ville de province ou il ne se passe jamais rien et ou quand un talent émerge il monte de suite a Paris.

Lyon capitale de la gastronomie et du rock en 1977, je suis née Rue de la Guillotiere, ma Lyon de Paul Bocuse  j'ai grandi a Caluire, montée du Vernay juste au dessus de son auberge mais ma Lyon qui est un peu chiante des fois et serrée du cul...

Kiki et moi on est jeune, on est beau et belle, on sue le scandale, le rock et la mafia on traîne des relents de parfums chers de mystères, de veste en vison violet de Rolex en diamants payees cash, de santiags a bout ferres d'argent, de sièges cassés a l'Olympia, de drogues sud Américaines de punk rock et de fantasmes pornos.....


Quand on entre dans un resto Ça chuchote entre les tables entre les gens qui savent et les ceux et celles qui savent pas mais frémissent de savoir, Kiki et moi on sent le sexe quand on passe, ils et elles transpirent un peu ensembles en couple a petites gouttes tièdes, face a face sur les tables de marbre gris en buvant un verre de Beaujolais nouveau.

Les patrons de resto et boites nous connaissent, nous accueillent  avec respect et amitié, ils savent que ou on va, le peuple ira demain.

il y a des femmes comme ça a la scène qui remplissent l’écran et d'autres comme toi qui emplissent les bars et la nuit.


Je t'aime.




CHAPITRE # 3 
Saturday January 13 9:36 PM 1985 





Gaby c’est la vraie pute, la grande pute, la pute parfaite, Gaby elle aime être pute, c’est rare .

Pute c'est un business que tu fais souvent forcée, souvent par pas d'autre choix dans la vie, souvent par intérêt mais rarement par plaisir, Gaby est dans cette dernière rare catégorie.... en 1986 elle a 20 ans, elle est beauté extrême, grande pas trop, fine très longues jambes, cul cambre, fesses parfaites, petit seins pointes noires énormes, cheveux ébène charnus avec des vagues et naturellement bronzée de la nuque a la plante des pieds, lèvres rouges  … non violettes, petites dents blanches, belle, mais belle a hurler comme le loup de Tex Avery, souriante et un peu bête juste ce qu’il faut…

La salope absolue.


Gaby aime baiser comme les hommes, elle aime juste pour baiser, masculine, étrange, elle prend elle jette, en plus elle gagne beaucoup d’argent et elle aime encore plus .



Gaby est la " nièce "  Marseillaise de Kiki, compliqué pour moi....  bien sur Kiki m’a fait coucher avec elle en sa présence, par principe.


_ Elles vont toutes vouloir coucher avec toi alors autant tout de suite avec moi en control 


On sort souvent le soir au restaurant avec Kiki, Gaby et une ou deux autres amies toutes magnifiques ... c'est discret j'imagine dans le Lyon cossu de mes relations d'avocats, politiques et médecins...


Il y a un moment a Lyon entre 1983 et 86 ou les réseaux mafieux Corses sont en prison ou se sont entre-zigouillés, les arabes sont pas encore installés en pouvoir hors de leurs banlieues et ou les filles sont libres, très libres et très riches et elles s'amusent et par hasard je suis au milieu et j'adore.


Le Mercière c'est un bistrot Lyonnais tout en longueur sur une traboule perpendiculaire a la rue du même nom, sol en pierre Romaines médiévales au minimum, un passage de deux cent mètres en pente douce qui débouche sur les quais de Saône ou il y a le marche chaque matin ou tous les chefs Bocuse inclus se retrouvent et font leurs achats de primeurs.

Le Mercière c'est, a gauche, la cuisine minuscule et ses affoles en toques, a Lyon les cuisiniers sont en toques, avec devant, des tables, un petite huitaine en longueur et a droite, en passant le passage  le bar avec le Viking, Jean Louis Manoa ,  des tables aussi six pareils, un escalier escargot, une soupente, trois tables en haut et les toilettes.

Le Mercière c'est le plus beau Bistrot Lyonnais du monde, c'est cette bonne bouffe Lyonnaise, cochonnaille et abats, tablier de sapeur, tartare de cheval , cardons a la moelle, saucisson chaud pommes vapeur, endives au jambon, gratin d’andouillettes au Saint Marcellin, bugnes Lyonnaises, quenelles de brochet sauce bonhomme ,harengs pomme a l'huile, joues de porcs a la Lyonnaise et le foie gras au Sauternes de Jean Louis....  bouffe de qualité avant qu'on nous prenne pour des cons avec le bio et le vegan obligé...

comme si on mangeait pas bien et naturel avant les bobos et autres conneries halal... !
Les bistrots lyonnais c’est des longues tables sur deux rangées en marbre gris clair zébré de gris fonce, polies, collées a d’autres, banquettes en cuir rouge contre le mur et chaises en bois en face, sombres petites et rondes, de la sciure de bois par terre…
Le bistrot Lyonnais c'est la brasserie Parisienne en moins grand comme toujours en province, même principe, on s’assoie face a face avec une amoureuse et on a des étrangers a droite et a gauche qui entendent tout ce qu'on se dit et nous pareil, ça crée des connivences ou des aversions . 
Du monde , les glaces et les photos retro c’est pour faire années folles et encanaillé.
Il y a toujours du monde chez Jean Louis.

Le Viking , Jean Louis c’est mon ami, je ne sais pas pourquoi, c’est comme ça, on s'est engueule depuis mais je ne crois pas que ça soit grave ...

Viking a cause des cheveux longs blonds, de la moustache et du caractère impossible !
Jean louis c'est la mère lyonnaise en mec, le patron du bouchon de canut, le grincheux qui vous balance un plat génial en vous traitant de Parisien ...
Le Mercière en 1986 c’est bouffe maison, pot de rouge de qualité, Beaujolais ou Cotes du Rhône servi dans des petites amphore en verre blanc pour qu'on voit bien la couleur du vin rouge a midi et dans l'ambiance des après concerts ou loges de cinéma le soir.

Le soir c'est Andouillettes au bar et cocaïne pour les artistes a l’étage, c'est fête au peuple dans l’allée, c'est convivial comme on dit, c'est le bouchon ou on prend son verre et on bouge de table en table, ou on va même d'un restaurant a l'autre verre en main dans la rue ... on est Guignol et Gnafron.

Chez Jean Louis il n’y a pas d’heure de fermeture et pour les amis les belles bouteilles s’ouvrent tard avec l’arrivée des chefs lyonnais qui viennent souffler après le service, la rue Mercière en 82 c'est la rue mal famée, c'est la rue des putes et des rockers.
Il y a aussi Grange music au debut de la rue qui vend a Starshooter, Marie et les Garcons , Electric Callas , Pulsar .... des guitares , des amplis , des micros, il y a " Music Land " en face qui vend des disques impossibles et des places de concert de rock encore plus inimaginables.

Chez Jean Louis c'est Cochonnailles cocaïne et Filles avec Léotard ou Lavilliers.


Musicien pauvre, souvent Jean Louis oubliait mes notes…


Par un jour pluvieux de Novembre, pluvieux Lyonnais c'est a dire sans vraie pluie, plutot brumeux humide lourd... j’entre accompagne de Kiki, Françoise et Gaby .
On habite a coté .

J’ai pris la mauvaise habitude d’aller manger et sortir tous les soirs avec trois ou quatre prostituées amies, c’est discret, provocant, amusant pour moi, totalement inconscient a un moment de ma vie ou je réalise que ma bijouterie est une aberration, amoureux de plus en plus de Kiki je cherche le choc, ma destruction .
Je nargue la police des mœurs pourtant très tolérante avec moi .

Ce soir il y a Fred le dentiste, un conseiller de quelque chose et le cardiologue, seuls a une table au fond a droite contre la vitre qui donne sur la rue .



_ Salut ..... 


L’ambiance est calme, la clientèle est bien coiffée, bien habillée avec des robes chères  pour Lyon de chez " Clémentine " par Max Chaoul, musique cool, un peu hard rock mais en sourdine, lumière pas vraiment tamisée ni trop violente, une odeur de saucisson chaud aux turquoises plane .

C'est pas turquoise le mot que je cherchais c'est pistache , c'est beau pareil avec le rose du saucisson.
J'aime les restaurants ou ça sent le beurre grillé, mes héros littéraires, politiques et culinaires sont mort de crise cardiaque après une poularde aux truffes , moi ça sera, vu l’époque, de stress devant un tofu vapeur sans sel dans un resto vegan !

Fred c'est "  le dentiste ", on l'appelle le dentiste parce qu’il est dentiste et il est aussi sosie de Johnny, très sosie, c'a a été le succès et le problème de sa vie.

Fred est  playboy, le vrai playboy comme dans les films de James bond,  grand blond yeux bleus ou gris, ou va savoir mais séducteur a mourir et il sait chanter aussi comme Johnny, quasi pareil.
Fred c'est une figure de la nuit, une vraie star lyonnaise, royal, vraiment royal, toujours le premier a payer a boire a coup de bouteille de champagne .

Encore un ami qu'est mort comme il a vécu.
Je t'aimais Fred.

Le cardiologue autre pilier est plus discret, débonnaire, grassouillet au le cheveux léger, sympa, un peu pompeux dans le langage, Franc-maçon a ce qu'on dit...

Le conseiller, inconnu au bataillon.

J'entre avec mon armée de " Filles " belles comme vous pouvez même pas imaginer...
Kiki toujours Mireille Darc, cuissardes blanches et veste courte en vison violet sur jupe encore plus courte, Gaby royale, surement quasi nue sous un immense manteau de renard gris et Françoise, les seins de Françoise... rien a dire .

A cette heure il y a peu de place, quatre libres a la table de Fred et ses potes.

Fred

_ C’est ma tournée… garçon , c’est ma tournée, a boire pour mon ami Phil et ses amies ! mesdemoiselles prenez place « !
Moi
_ Champagne ! c’est Fred qui paye !

Gaby minaude en ouvrant son manteau de renard gris sur son corps a mourir de mauvais sens.


_ Phil.... ils sont sympas tes copains… on s’assied... ?


Kiki jette son vison sur les genoux du cardiologue et ....

_ Gaby , fait pas ta bête , Fred , on le connait , les deux monsieurs, non, mais moi je m’assied, j’ai faim, Françoise tu te mets a droite...

Françoise c’est une copine Marseillaise de passage ce soir avec un manteau normal et des seins pas normaux du tout.

Kiki recouvre Fred du paquet de visons et autres peaux d'animaux de luxe mélangés et sourit

_  Fred, tu vas nous présenter tes amis …. nous, tu connais Phil ...  a gauche elle c’est Gaby… tu connais, en face c'est ma copine Françoise elle est de… Marseille, de l'Estaque,  tu connais pas ....


On est assis quatre plus trois, serrés, entre chaises, banquette et les seins de Françoise autour d'une table rectangulaire, trois connétables et quatre putes moi inclus ... la musique c'est rock, rock the casbah, the Clash ... ou Telephone, je me rappelle plus .

Il y a du Champagne, du vin rouge, la table est couverte avec du saucisson en rondelles, des cornichons petits et de l’andouillette froide, c'est apéro Lyonnais.


Verre a la main y a  le conseiller inconnu qui intervient fougueusement:

_ Marseille c’est a cote de St trop j’y vais tous les printemps, pas l’été, tous ces touristes…. Vous devez connaitre Gabrielle, les Caves du Roy, on se tutoie…… , hein Gaby.... Gaby... j'ai bu un apéro un soir avec Bashung, un génie de la chanson Francaise comme on n'en fait plus, les jeunes musiciens sont telement mauvais, aux caves du Roy  c'etait….

Gaby ..

_ Wouiiiiii !
_ La voile rouge et les caves du Roy
_ Wouiiiiiiiii 
_ Les caves avec Johnny , tu te souviens Fred… ?
_ Wouaaaaa  vous connaissez Johnny?….
_ Que je t’aimeeeeeee !!!! que je t’aimmeeeeee !!!!
_ Ta gueule Fred ….
_ Quessss Kelllaaa ma Gueulllllle !
_ Champagne !

Gaby éclate de rire, Gaby regarde autour d'elle et s’esclaffe toute en dents blanches et seins pointus

_ « Mais wouuui, j’aiiiiime , c’est génial, vous êtes trop chéri , la voiiiiiiiile rouge…… et vous êtes conseiller municipal de quel pays  ?

Fred

_ … A boire… Champagne !
Le cardiologue est assis en face des seins de Françoise sur la chaise de gauche de la minijupe de Gabby entre Fred et Kiki, le cardiologue d'un coup jette un cri.... c'est étonnant un cri de cardiologue.
_ Patron ! Veuve Cliquot !
Ça jette un froid, on n'est plus dans Moet & Chandon... va falloir assurer le Fred !

_ Wouiiiii vive le docteur...  Champagne garçon ! Patron !!!!

elle dit Gaby !

Kiki, Gaby, Françoise en Chœurs

_ Wouiiiii , vive le docteur  Champagne garçon, patron, Jean Louis !

Le conseiller inconnu et radin ou pauvre s’échauffe


_ Et toi … Fred et toi le cardiologue c’est quoi votre vie, la politique ... ?

 soigner des dents,  vacances futiles,  nuits d’alcool…..
moi c'est le retour aux valeurs, la vie de nos ancêtres, de vos ancêtres avec les étangs brumeux, la chasse aux canards, ma vie de conseiller m’a appris le futile, la vanité, l’inutilité de vivre….
il est définitivement rond comme un coin .

Kiki, Gaby et Françoise sont enlacées, mortes de rire et si totalement belles, verres ironiques et bouteilles a la main .

_ Wuiiiii vive le docteur ! vive le conseiller ! Champagne garçon, patron.... Jean Louis !
Fred debout s’écrie
_ Les Socialos je les emmerde ! et toi le conseiller t’es pas un copain a Mitterrand ! et a Marchais !

le conseiller rit comme une poule qui a plus de dents ... les tables autour applaudissent comme toujours au spectacle de la fête, de l'argent et du sexe effronté.


_ Parce que moi .... les socialos je les emmerde !  Moi si jetais conseiller je leur montrerai aux copains a Marchais quoi faire .. je les emmerde….. !!  ... Garçon…. Champagne ! Hey Jean Louis … il est ou le patron !

 les socialos je leur pisse au cul…

A part, tranquille et posé comme un cardiologue respectable .

_ Et vous…… mademoiselle Gabby…… vous faites quoi dans la vie ?
_ Moi..... je suis pute.


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C'est quoi le fil du livre me demande mon éditeur ....


C'est simple, c'est une histoire d'amour comme toutes les histoires qui font des livres, c'est une histoire d'amour entre Kiki et moi... une histoire qui dure quinze ans au milieu de sa vie et de la mienne, une histoire qui demarre en rêve, qui déroule en fun et qui finit en mort.

Et puis il y a des hommes, beaucoup d'hommes parce-que le business, l'aventure, le rock c'etait une histoire d'hommes et des femmes aussi.

Il y a de l'avant et de l’après mais tout tourne autour .

Ça part de Lyon et ça fini a Los Angeles, entre temps il y a du Paris et du Marseille, des milliers de kilometres sur les routes de province avec Starshoot et des mélancolies d'enfance quand sortant de prison je dors sur un banc froid

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CHAPITRE # 4
Tuesday July 12 9:34 PM 1979


"Bang .... une balle dans la tète ça fait cet effet ... " ( Starshooter) 

C'est pas une balle, heureux moi c'est une canette pleine, une bouteille ou un cailloux Romain des arènes ...
Théâtre d'Orange Juillet 1979 Rock festival, je viens d’être en plein concert, touché a la tète, derrière le rempart de ma batterie.
Ça fait pas mal, les blessures ne font jamais mal sur le coup, c'est l'angoisse que ça dure qui fait mal, c'est comme une piqûre de rascasse a la pèche en Californie, la première fois tu crois que tu vas mourir c'est terrible et puis ça s’arrête en quarante cinq minutes, la seconde fois la douleur est terrible pareil mais pas insupportable du tout et presque jouissive parce-que tu sais que dans quarante cinq minutes c'est fini.

Je tombe du siège de batteur, ça assomme et ça saigne rouge partout sur les peaux synthétiques, esthétiquement c'est beau avec le transparent du plastique de ma caisse claire Gretsch et le rond noir central et du rouge en gouttes partout.

Je suis enfin blessé sur scène, je suis un héros ... je saigne, je trouble, ma vue trouble... Vertige...  pas de l'amour mais d'une canette pleine dans la tète... sorry Amigo..... je sombre un peu.

Starshoot c'est un groupe fort, macho , Kent n'as pas la séduction lycéenne de Aubert Telephone, Starshoot, il n'y a pas de tendresse, on les aime ou on les tue.

Donc je tombe sur ma batterie, du sang partout.... sans batteur, dans un rock band, la musique s’arrête, c'est la seule fois ou nous les batteurs on se rend compte qu'on sert a quelque chose.
Dans les reportages de la presse spécialisée il y a le Chanteur, le guitariste, le bassiste et a la fin.... le batteur, des coups le batteur passe avant le bassiste mais c'est rare.
Assommé sur la caisse claire je suis, pour le public dans des arènes ça devait être beau a mourir a voir, c'est dans l’après midi je crois, il suffirait de retrouver le programme du rock festival de Orange pour être sur mais ça a pas trop d'importance, il fait plutot chaud, il pleut pas pour sur ou je m'en souviendrais, c'est pas désagréable le KO, c'est un peu comme avoir beaucoup trop bu mais en contrôle.

Ça panique cher autour de moi, manager, roadies, security ... j'entends le public il y a du monde au festival.

C'est la mode dans les concerts Starshooter les lancers de projectiles, les mouvements de foule, en 1979 c'est le debut de la fin du rock 77 ... les gens nous aiment ou nous détestent, les mêmes souvent...

On se calme, je suis pas mort et puis business is business ..

Gilles notre manager paniqué se jette sur ma batterie ..
_ Phil... ça va.. ça va.... ?

Je suis affalé plein de sang partout, j'imagine que si tu es manager ça fait peur.


_ T’inquiètes pas.... je bluff , on va faire un buzz de folie.. une civière, appelle les pompiers... sort moi ..

_ T'es con... tu saignes grave ..
_ Je sais ....
_ Ça va ? t'es sur ?
_ Appelle les pompiers et les photographes et dépose moi a la sortie.
_ T'es con... ! ça va ...
_ Je sais ... ça va .. faut pas prendre les canards du bon dieu pour des enfants sauvages ...
_ Phil ... tu es Ok ... tu délires ?
_ Bien sur ... pourquoi ? je rêve des groupies excitées a la sortie, de oies, de bonnes sœurs ... elles adorent me voir souffrir ces volailles.... !
elles mouillent... mouillent, ça va mon Gilles.. je pars un peu................

Coma, deux minutes.


Même pas hôpital, un peu de claques et d’oxygène dans l'ambulance, je me réveille, je signe des autographes aux ambulanciers et je me casse dans la rue.


Entre temps parce-que il y a eu du temps, les Hells Angels ont fait le ménage, façon Hells, a la cool ... genre a coup de casque dans le hippie pour que Starshoot puisse sortir sans problèmes des arènes.

" sans problèmes des arènes " ça rime et fait poète.
Va savoir pourquoi en 1979 les Hells et Starshoot on était copains, enfin moi surtout, a cause de deal de coke et gros bras tatoos, on est con les mecs ... mais on s'aime.
Donc ils étaient pour notre bonheur a Orange pour arrondir les angles d'un théâtre ovale,
ils faisaient notre service d'ordre gratis.

Comment je me retrouve deux heures après ou plus dans un club avec mon ami le boss des Hells Parisiens, assis sur un pouf bas, des bougies a la con sur des tables basses en formica noir a paillettes encore plus a la con..... je sais pas.
Quelqu'un a du me récupérer et m'amener.

Musique disco, Bee Gees ou Hernandez, Hernandez c'est lui qui depuis 40 ans gagne une tonne a chanter la même chanson, même a Dubaï pour $ 5000 par jour en 2016, un top la vielle ...

Je ne sais pas comment et pourquoi je suis la mais j'y suis....


_ Tu vas être mon frère...


Moi

_ Bien sur... je t'aime mon frère.

Je suis bien, je viens d’échapper a la mort certaine, H ... le chef des Hells me fait une ligne de coke TGV... je suis frère et surtout sœur avec la gamine punk, sûrement pas age légal, petits seins ados dans un tee shirt en maille avec une grande bouche violette et cheveux punk classique fluo sale, jambes longues coupées d'une jupe qui devrait être interdite, rangers noires vernies lacées comme un corset, des yeux de carpe a tout subir si tu l'aimes et la dérouille un peu...

assise en face de la table et des bougies...

Ça va .... OK, c'est pas ma faute si toutes les plus belles filles du monde sont avec les voyous ou les punks...


H... c'est un mec de taille moyenne, costaud mais pas impressionnant, cheveux longs un peu gris quand c'est plus la mode du tout, tatoué quand personne ne l’était, habillé en Hells évidement et calme, extrêmement calme, poli et cultivé genre Sorbonne ou Sciences Po, normal qu'il dit vu que c'est la que ses clients sont. 

Je suis un jour allé a Paris banlieue chez lui .
Je m'attendais a mes rêves " Easy Rider ", je gare mon taxi deux blocs away.... je marche le long de murs gris imaginaires, je relève mon col et regarde derrière moi.

L'adresse c'est un petit pavillon de banlieue sympa, fleuri aux géraniums, sa femme gentille ouvre en pantoufles, deux gamins cools , bien élevés et polis, une cuisine, un salon meublé beauf chic, télé avec des tableaux encadrés d'indiens en pastel et un drapeau confédéré bien repassé au mur , ZZtop en musique feutrée.


H.... a l’époque contrôlait tout le marche de la cocaine sur Paris.


Je sortis avec quelques grammes d'une substance qui m'eut valu le même temps en années de prison mais surpris de ne pas m’être vu servir du thé et des petits fours.   


_ On va échanger le sang


Silence ....

Échanger le sang avec un Hells, chef en plus c'est etre Hells
La ... je ne rigole plus, c'est serieux, c'est respect, je redescend, je dessaoule  c'est un des trucs le plus serieux de ma vie, je suis en train d’écrire , " j'ai encore la cicatrice " et du coup je regarde .... je ne l'ai plus , ça fait con  mais je l'ai eue pendant des années en travers de mon poignet, j'imagine que elle se mélange aujourd'hui avec les rides .
A Vingt ans je suis un bourgeois émotionnel, la barbarie m’émoustille, les symboles me fascinent et je vais croiser mon sang.
La vie ne m'a barbarisé un peu que plus tard....


H .... ouvre son poignard, un qui est sûrement illégal vu sa taille, le même qui a servi a couper la coke sur la table, blanchi encore sur la pointe, il entaille lentement son poignet sur la face intérieure, le sang perle, c'est le cas de le dire, le sang ne gicle pas mais perle a petites gouttes c'est une question de pression, on est pas la pour mourir mais pour sacrifier.

Je tends le mien, il coupe pareil et je perle pareil.

Sang contre sang, nos deux poignets et le bandana noir autour, coudes sur la table, œil dans œil, la petite punk qui décroise ses jambes et met son doigt dans sa bouche, cinq ou six Hells autour, silencieux, une minute attachés...


Je suis Hells....





CHAPITRE # 5
January 01 2018 10:30 AM

J'ai pleuré trois fois dans ma vie, trois femmes... Ma grand mère, ou Kiki offusquée de me voir faible m'a crié.... " Arrête " ! 
_ Donne moi trois minutes... je lui dis 
_ Arrête... 

Je pleure et elle ne comprend pas, elle ne m'a évidement jamais vu pleurer.

C'est ma grand mère, je suis a Los Angeles, il n'y a pas internet, je parle a ma sœur au téléphone, ça coûte un dollar par minute et je ne suis pas riche, ma sœur qui me raconte la mort annoncée paisible de ma grand mère, je lui dicte, elle écrit un texte ou je lui dis que je l'aime, que je l'ai aimée, c'est ma grand mère que j'aime plus que tout, ma vielle grand mère aimée, c'est le temps ou la mort ne rode pas encore ou je suis jeune et ou il n'y a que les vieux qui meurent. 

J'ai pleuré trois fois dans ma vie, trois femmes, en ordre chronologique, ma grand mère, Kiki et ma mère. 

Je suis un homme fort, je ne suis pas la pour raconter des mélancolies, j'ai souvent sourit a l’exécution ou au suicide d'un vieux pote qui l'avait bien mérite ou choisi mais la mort de mes femmes me terrorise. 

Long Beach Marina Hollyday Harbor 1998... 


Je suis assis avec quelques américains et américaines au patio d'une marina, la marina ou je vis, ruiné, dans un bateau sans ailes ni fenêtres, j'ai quitté Kiki un mois auparavant. C'est un endroit qu'on appelle sympa et c'est vrai, il y a des tables normales, des chaises en plastique, un micro ondes, un frigo blanc,un barbecue noir, le décors c'est Tahitien tendance marine de recuperation, avec des filets au mur, des coquilles d'oursins , des carcasses de crabes, des trucs en bronze, des ancres et un ou deux baromètre en cuivre avec des aiguilles rouillées... et des photos jaunes de pécheurs de requins de quand j'etais pas né. 

Il est tard dans la soirée.
Je me rappelle qu'il faisait chaud. 
Je bois trop comme souvent, du vin de pauvre en ce moment en cubitainer de un gallon. 
Le téléphone sonne, la manager se lève 
la manager revient vers moi assis a la table et elle me dit.. 

_ Philippe, it is a phone call for you ... it is Sley your friend. 

_ Thanks 
Je me lève, je marche jusque dans le bureau, le téléphone est posé sur des notes de frais 
_ Hello Sley..... ça va ? quoi de neuf amigo... 
_ Kiki est morte elle s'est suicidée cette nuit. 

Je raccroche ou il raccroche je ne sais plus, je demande l’autorisation d'appeler la France a la Manager, j'appelle ma mère au milieu de la nuit, elle crie " je vais prier pour elle "... 

je raccroche, retourne sur la table, arrache un paquet de cigarettes a un ami, je fumais a l’époque, le cubi de vin et je m’effondre en pleurs pendant deux heures, deux jours, deux semaines. 
Vraiment, je ne le croyais pas, moi, un putain de macho, il m'arrive encore de pleurer Kiki des coups, en écrivant ces lignes par exemple. 

Et puis la mort de ma mère.  

Pareil, je ne m'y attendais pas, je me dis, " commm... on " Philippe tu es fort ... j'arrive de Los Angeles, mon frère me reçois a la gare de la Part Dieu, je souris, j'assume le rôle chef de famille genre.

Devant le cercueil de ma mère a l’église de notre paroisse avec ma famille autour je tremble, je plus que tremble, je panique, ma sœur Dominique assure le discours avec un talent, une compassion et un sang froid fantastique. 

Je réalise que je ne pourrais pas, je suis effondré, je pleure, je sanglote, j'essaie de cacher sous mes snob Persol noires .  
Pareil au cimetière a Chatenay ou sont mes ancêtres, pleins de famille sur le monument de la guerre de quatorze devant l’église, ces monument qu'on aime avec quatre obus gris en coin , grosse chaîne autour et toute la famille gravée dans un marbre rose 1914, 15, 16, 17, 18 .... 
Je reste derrière après le cercueil dans la terre, je ne veux pas en faire trop non plus, je ne me suis pas couché sur sa tombe, un cousin qui me connait m'a arraché... 

Kiki ma femme est suicidée depuis quatre jours.

Je suis seul sur mon épave qui me sert de bateau, depuis un mois , depuis ce qui nous a séparé mon amour, j'ai jeté mes business, ma Porsche, mes cartes de credit sont mortes aussi.
Ma femme est morte, froide et je suis a la rue ou presque.
Moi, le macho, je pleure, dix fois par jour.

Je suis seul a Long Beach dans un bateau avec une bâche en plastique bleu dessus.

Ma femme est morte, elle s'est morte, elle a décidée que on s'aimait trop, elle plus que moi puisque j'ai décidé de vivre et elle de mourir.
Si je n’étais pas parti tu m'aurais tué pour partir avec toi Babeee et j'ai pas voulu, alors je suis parti .
Alors tu t'es suicidée...toute seule....
De toute façon, il y avait trop d'amour, trop de passion, trop de sexe, trop d’extrême, comment on aurait pu vieillir... ?
Tu es un délire ma chérie, moi je suis un bourgeois, j'ai eu peur de ta passion.
Stoïcien quand même , je me suis fait de la prison a cause de toi sans jamais t'en vouloir, normal je t'aime...
Mais face a la mort, notre mort, je suis lâche, je suis parti en sachant que seule tu te suiciderai.
Ça a pas raté, tu t'es pas loupée pour une fois et comme je n'avais plus un centime, je t'ai récupérée......
enfin.... tes cendres, au crématorium des pauvres, dans un sac en papier glacé imprimé avec des fausses fleurs dessinées dessus, seul , et on rentré pour la première fois....
en métro.






CHAPITRE # 6 
June 13 10:54 1988




Jo Rivituso ......  mon pote d'aventure, omniprésent dans ce bouquin, Jo c'est l'escroc le plus beau du monde, même Rocancourt c'est un Mickey a cote, Jo c'est le top du top des escrocs que j'ai croisé et j'en ai croisé des wagons, pas des wagons, des trains d'escrocs mais Jo c'est le plus fort .
La tour Eiffel de l'escroquerie .

Il est mort maintenant, il s'est fait descendre avec classe dans son resto au Canet par des pros qui ont laissé aucune trace et a lui aucune chance. 

Ou tu es Jo.. même dieu le père tu dois l'embrouiller !


Jo, il est plus petit de trois centimètres que moi, imagine, Sicilien de souche, pied noir, jeté tout petit a la rue par le FNL en 1962 mais toutes les plus belles filles du monde meurent a ses pieds, son père se suicide de pas pouvoir nourrir sa famille, il m'a dit un jour, alors JO il prend la haine, il ne va pas trop a l’école mais il est brillant, d'une intelligence que si il avait été a l’école il aurait pu etre ministre de l’intérieur. 


Jo il est charmeur, charmeur que en deux minutes il charme la meuf cador sexy comme une couverture de playboy des sixties, la concierge en cheveux, le CRS , le vendeur de voiture d'occasion, j'ai jamais vu ça de ma vie.... 

A l’époque ou il braquait a la cool des banques, il entrait dans les établissements de la cote bronzé en tenue de tennis, raquette a la main et tout sourire en faisant rougir et roucouler de plaisir les caissières, il se faisait remettre en échange de chèques en caoutchouc des sommes rondelettes et liquides...... 

_ Tu sais Phil... on sortait de la banque et on bourrait la boite a gant de billets, y a des après midi ou quand ça rentrait plus, il fallait en mettre sous les sièges. Il racontait bien en plus le Jo.

_ Jo... mais c'etait quoi le truc.. ?
_ Je t'expliquerai mais c'est plus bon anyway, y a des cameras dans les banques 
_ Meme sans cameras t'as pris trois ans a Fleury... 
_ Pas cher, j'ai appris le poker et suis sorti après un an pour bonne conduite et puis la psy est tombée folle de moi.
_ Tu m’apprends le poker... ? 
_ T'es nul, t'es un cave, on voit tes cartes sur ta gueule.
_ Ok.... mais toi tu es un voyou et ça se sent sous ton eau de toilette Hermes... 
_ Fait pas chier Phil.... 
_ Et ton fils sans des mecs comme moi avec toi, il sera voyou comme son père... mon pote.
La je touche la corde sensible, l'angoisse existentialiste du maquereau, du voyou, la fierté intime des grands maestros du brigandage ... 
Tu leurs donne le doigt ils te mangent la main, tu leurs donne la main ils te mangent le bras... etc.... jusqu’à la tète . 
Y a pas de deal gagnant avec la mafia ou la racaille.
Sauf un ! .... 
ils rêvent tous que leurs fils, les filles comptent peu, soient avocats, médecins ou politiciens.

Ils rêvent tous de respectabilité, ils sont pas con, ils savent que pour eux c'est carottes, mais pour leur fils.... ils sont prêt a tout et il suffit d'expliquer avec emphase que manip de cartes et cassage de doigts c'est pas bon pour le futur du gamin, ils comprennent de suite.

Jo c'est mon ami, il m'a volé, il m'a appris a voler, du coup je l'ai volé un peu en retour et je parle pas de kakahouetas...  il a utilisé mon nom pour embrouiller les montres Suisses Corum de $ 100.000 en 1986, quand il a investi dans mon business ce pognon, je l'ai mis dedans, dehors en vrai après deux ans et il a " récupéré " son investissement un week end , deux mille Guess Jeans " déménagés " dans mon usine qu'il a revendu au Mexique ... on s'aime quand même et en pognon, a la fin on doit etre kif kif. 

Sans JO je ne serais pas aux USA, c'est lui qui m'a fait venir. 


Jo .... il a monté Guess Jeans avec mon assos George Atlan et Georges Marciano et après comme dab il a foiré, Georges Marciano a repris le business avec ses frères et engrangé quelques petits milliards. 


Le signe Guess Jeans c'est le point d’interrogation sur un mur, que on voyait tous, fin seventy's, sur l’autoroute en descendant dans le midi...  


Après....  Jo, il était retourné en France, avec moi on a fait dans le business de la pute de luxe, lui surtout et la bijouterie fantaisie, moi surtout, on a essayé la production de cuivre au Maroc et puis on s'est cassé très vite avec toutes les polices de France et de Navarre plus Interpol au cul... 

aux USA on a ouvert en moins de six mois la plus grosse usine de finishing de vêtements de Los Angeles .
On était fort Jo et moi. 

Jo avait a un moment une fille qui travaillait a Paris, ca lui laissait autour de vingt mille Euros d'aujourd'hui par mois mais il angoissait a mourir de devoir lui faire le cinéma et coucher avec elle et elle était belle pourtant ... 

C'est la terreur du mac, devoir faire semblant d'aimer sa pute, peu d'hommes sont assez forts pour faire semblant. 
C'est dur de bander dans un beau cul qui vous aime mais vous ennuie. 

_ Phil.... je peux pas, il faut que j'y aille mais je peux pas, je peux pas la toucher, je peux pas... je peux pas. 

_ Arrête Jo, calme toi, tu montes a Paris en TGV, c'etait trois heures a l'epoqie, tu passes une soirée avec elle et tu rentres avec trois briques en cash. 
_ Je peux pas, tu comprends pas, elle va me demander de l'aimer, il va falloir que je la baise ... je peux pas, Phil.... tu comprends pas... 
_ Si je comprends que il y a trois briques a prendre et que ça vaut un effort ... 
_ J'en peux plus... 

Et c'est vrai, mac c'est un métier difficile , faut pas etre sentimental, j'aurai pu, j'aurais aimé mais il m'a manqué l’éducation de la rue, Jo l'avait l’éducation de la rue mais il était comme moi, trop sentimental, enfin tant qu'il avait pas vraiment besoin de fric... 

En final on n'a jamais été lui ou moi des bons proxénètes, on a joué dans la cour des amateurs. 

A Los Angeles en 1990 il a foiré again ... il est retourné en Europe, on s'est un peu perdu de vue pendant dix ans et un soir sur un parking de restaurant a Beverly Hills, je retrouve mon JO dans une Ferrari rouge toute neuve... 


Dans certains restaurants a Beverly Hills si tu as pas minimum une Ferrari, tu es comme un mec du FN a France Inter... 


_ What the fuck tu fais la .... amigo ... 

_ Ohhhh putain... Phil.. c'est bon de te voir... 

Et on s'embrasse et on se tape la main et on se percute le poing .. oublié que on s’est volé quelques centaine de milliers de dollars y a pas si longtemps... 

c'est trop bon de revoir ses potes de la vie du debut ! 

_ Je te croyais a Annecy a vendre de la friture du lac aux touriste chinois ou teutons . 

_ Arrrete, le restaurant il a brûlé... 
_ Il a brûlé le restaurant ? pourtant c'est humide Annecy... 
_ Oui mais avec le réchauffement climatique... va savoir, il parait qu'on va faire pousser des dattes a Genève alors... tout arrive, c'est le passé, j'ai touché l'assurance, je suis a Los Angeles et assos avec Johnny et Christian Audigier et j'ai la license " Smet "... 

C'est vrai en plus. 


Mon ami Jo il a embrouillé le monde entier et il est mort comme il a vécu, classe, deux balles professionnelles dans la nuque a minuit dans son restaurant au Cannet. 



Donc .... innocent comme l’eau claire, a peine au courant comme d’habitude Jo survole, connecte et encaisse d’avance en douce.



Apres il y a " Monsieur " le seul grand voyou de la bande, petit mais solide, sombre, grand sympathique, dangereux, dur, gentil, susceptible, très famille, je le rencontre a Lyon chez Jean Louis au Mercière restaurant a Lyon, jetais au bar, fasciné 


_ " Les grands voyous " sont dehors me dit Jean Louis...


Monsieur était avec son frère assis au fond contre la vitre qui donne sur la rue . 

je m'approche, je m'assied, je suis Starshoot ça aide, on parle…
je sortais avec ma première " fille "...
il y a de la méfiance bien sur mais aussi une amitié, je crois, surtout après trente ans ... 
Je ne peux pas dire son nom, il est encore bien vivant et moi je veux le rester.

Apres il y a Momeo le voleur.

Momeo c'est un voleur cambrioleur, un vrai qui cambriole seulemen , le pote a Gerard  mon associé qui est mort au Vietnam, jeté avec classe dans une poubelle de bordel.
Momeo parle peu, très peu avec une voix comme posée sur une table basse, tète de fouine, regard supérieur, plutot long que grand, maigre, souple, énigmatique et d'un calme déroutant avec des longues mains polies par l'usage immodéré des gants....
Momeo c'est le vrai voleur, trente ans de carrière, déjà tout petit il cambriolait et jamais pris, jamais armé, un raseur de mur, le Momeo il glisse il ne casse pas, il crochète la serrure mais ne l’abîme point, il choisit, furtive et saisit, c'est un escaladeur de moquettes…

Apres il y a Balou le pro, le Fichet spécialiste

Balou il est père de famille, bon gros avec un pavillon de banlieue a Villeurbanne 
dans le département soixante neuf, toujours sympa, toujours content, chaque année Balou vas en vacances a Palavas les flots avec gamins et barbecue, sa femme le rejoint en train dix jours après parce-que elle a un poste dans l'administration.
Mais Balou est Spécialiste impitoyable des serrures Fichet......
" Balou " achète et démonte toutes les serrures Fichets et alarmes systemes sur le marche et la nuit après son travail de magasinier chez Mamouth, Balou ouvre les coffres forts, les portes blindées et les entrepôts sécurisés mais jamais a son compte. 
Balou est un employé consciencieux, employé a l’heure par le Milieu a prix fixe que ça soit la banque de France ou le pavillon a mémère, il est cher mais le meilleur.
Il a une 4L fourgonnette grise brouillard, il doit investir son pognon en nains de jardins.
 

J'ai rencontré Balou chez lui avec sa bobonne et ses deux mômes, sympas les mômes et un fois dans ma bijouterie, ça lui a pris douze minutes pour ouvrir mon coffre juste pour rire qu'il m'a dit :
_ Ca fait peur..... Balou... 
_ Bof c'est un vieux coffre c'est fastoche avec l’habitude c'est comme les huîtres, des coups y a des perles dedans mais le plus souvent des vieux papiers et des cassettes pornos, l’épargnant français n'est plus ce qu'il était, de nos jours il investit dans les paradis fiscaux ou les banques Suisses, très dures les banques Suisses pour le petit artisan.
 

_ T'as raison Balou , les traditions se perdent.
_ Rigole pas Phil.... a mes débuts ..... etc...etc ...
On a trente ans a peine.

Comme quand Jo m'a montré comment on joue au poker .... enfin comment on distribue les cartes pour jouer au poker quand on a passé un an en prison a faire que ça ...


Apres il y a David le receleur Californien.

Juif méditerranéen grand, maigre, brun, volubile, sympathique avec l'accent, les mains, les mon frère, les sur ma mère, les sur ma tète, les je meurs..... 
toujours sur un coup, riche hier et pauvre aujourd’hui ou l'inverse, comme nous tous d'ailleurs mais lui c'est caricature ! 
Il est avec Juliana, une Italienne tellement belle, folle et équipée devant derrière, que même Lolo Bridgida elle ressemble a Jeanne Birkin a coté.
Je la lui ai tapé un soir mais il devait etre mort déjà donc y a pas péché, c'est dans la suite du bouquin, je vous raconterai les détails de la meuf.

Et George, Gerard et Moi nous sommes les amis Lyonnais de l’équipe, on a des usines de vêtements a Downtown, on est Témoins de l’ épopée mais hors de leur business, on va pas se mêler... 

comme dans toute minorité émigrée, on sait pas, on connait pas et on a rien vu !
Et puis on ne va pas s’engueuler avec des potes de notre adolescence pour des strings en dentelles volés a douze mille kilometres ! 


Apres il y a aussi un peu des Coréens, des Israéliens, des Iraniens, des Pakistanais, etc.........

Voila pour les personnages...

Le lieu c'est Le Dowtown Los Angeles des années 90, bouillon du vêtement business mondial, du tissus, de la fringue, de sweatshop, de Mexicains, d’immigration folle et d’action deliree.

Le temps.... c'est environ 2 semaines en France et un mois a Los Angeles.
L'action.... il va y en avoir des tonnes.
Unité de lieu de temps et d’action comme on dit dans les bouquins serieux.


L’histoire commence par un cambriolage nocturne en banlieue Parisienne j'imagine, je ne sais pas, je n'y étais pas .

Bien organise, dans un entrepôt de lingerie fine de luxe, l’équipe déboule l’équivalent d’un container de taille moyenne pour une valeur au détail d’approximativement deux millions de $.
Apres c'est l'Autoroute du midi.....
Lyon ,  Marseille..  après c'est Container et bateau pour Los Angeles, la capitale des anges et des rêves de fortune en 1990 !
On décharge a New York  j'imagine, je n'y suis toujours pas, j’affabule ..  train ou camion jusqu'à LA, containers  déchargés et dans un Storage a downtown dans la zone Garment vêtement….

Les petites culottes sont enfin au chaud.


Jusque a maintenant rien de bien amusant, c'est un casse, un business normal comme d'habitude chez des gens que je fréquente des fois, j'ai un talent fou pour fréquenter des gens pas normaux, je sais pas d'ou ça vient mais depuis tout petit j'attire ou suis attiré par les cas d’exception mais j’élimine aussi instinctivement les vrais méchants et les losers
ce qui se corse c'est la suite, la suite a venir.


Los Angeles Downtown Garment district.


Comment on peut perdre deux millions de $ a cause des culs et des nibards de grosses américaines ? 


C'est pas difficile.
 

C'est le matin autour de dix heure dix huit dans un " storage , un storage a Los Angeles c'est un local loué au mois ou on entrepose des choses, c'est populaire vu que le Californien moyen déménage ou est expulsé souvent et ça sert aussi beaucoup a temporairement mettre dedans des trucs volés, des cadavres etc ...
David m'a contacté hier vu mon business et m'a dit qu'il avait un container de culottes françaises a mettre en taille USA. 

J’ouvre le container de lingerie française, m'extase devant les marques Chanel, Dior et autres friponneries, j'ouvre les boites, prends un string, une culotte, un soutien gorge au hasard, je touche, palpe, je sensualise, c'est beau et sexy a crier au loup de Tex Avery encore..... 

et je compare mentalement avec le catalogue Wal Mart. 

Si vous connaissiez le catalogue de La Redoute c'est une partouze a coté du catalogue Wal Mart. 
Chez Wal Mart  les sous tifs sont bandants comme des culs de rhinocéros ... 
et surtout... la taille XL française a deux centimètres de moins que la xtra small Américaine, c'est strings Depardieu. 

Par curiosité regardez sur Fox News, si vous n'avez pas en France allez sur Youtube, les speakerines ou les journalistes, c'est pareil la bas, c’est pas des soutiens gorges qu’elles portent, c’est des body Armor de la guerre irakienne, il n'y a pas la moindre forme souple un peu suggestive même pas une petite pointe qui pointe, c'est gonflé au silicone mais asexué au max.


C'est marrant le cul a Hollywood, ils et elles, actrices, acteurs, présentatrices et présentateurs c'est toutes des dents fausses, toutes les mêmes a pleurer de blancheitude brillantes pareil, de vingt a quatre vingt ans.
Maquillage au plâtre carotte, brushing pour les meufs genre seventies, robe courte rouge même bleue des fois et jambes croisées avec des Louboutins a semelles grises insipides, pareil cravates d’époque a gros nœuds sur chemise violette pale ou a petites rayures bleues sur rose pour les mecs.
Heureusement qu'il reste la télé et la politique pour savoir que la cravate et le costume a plis repassé existent encore.

et en plus les marques qui habillent les Bill O Ralley et autres croûtons elles mettent leur nom en bas a la fin du générique juste en cas que on aurait envie de ressembler pareil et d'acheter. 

Revenons a nos Loups.


D'entrée la moitié de la cargaison est a jeter au vu des tailles inexistantes et des moeurs des gamines de notre pays puritain.


Et l’autre moitié doit être illégalement remesurée.


David

_ Phil rend moua un service mon frère, j'ai besoin sur ma mère, il faut changer les étiquettes sur un lot, j'ai reçu de mon cousin, tu le connais c'est Rafi ... 
_ Non ... 
_ Mais si tu le connais, lui, y sait pas mon cousin, il est Tunisien au sentier, tu sais la, la boutique entre Sébastopol et Poissonnière, y me dit, je lui dit, y sait pas Raphy , les américains pour lui c'est ... l’Amérique alors y m’envoie des culottes, sur ma mère, du top du top mais les tailles elles sont en Français .... y sait pas Raphi que en Amérique c'est pas des centimètres mais des inches .. je te jure ... mon frère. 
_ Je vois que c'est illégal de couper des étiquettes et je peux pas dans mon usine.
_ Arreeeete Phil, tu veux ma mort, sur ma mère je meurs, la devant toi mon fils ! 
_ Je connais un Coréen il parle ni français ni anglais.... 
_ Le poignard dans le coeur tu me mets...  mais va pour le Coréen . 

En langage normal les étiquettes en centimètres doivent etre illégalement coupées et remplacées par d'autres en inches.

Les centimètres c'est le système de mesure que les pays civilises utilisent et les inches , c'est un truc d'anglais totalement absurde comme le comptage des sets au tennis ou de points au rugby !  
Étiquettes coupées et remplacées par des contractors, sous traitants Coréens qui ne doivent en aucun cas être au courant de ce qu’ils ont a faire et ils s’avéreront effectivement ne pas savoir du tout ce qu’ils font !

Le fabricant Pakistanais d’étiquettes va faire du zèle aussi.
La taille des sus dites étiquettes dépasse de moitie l’arrière du string, le tissus utilisé est en nylon pour uniforme chinois, les mesures sont changes de inches en centimètres mais sans conversions et cousues sur les anciennes  étiquettes  coupées approximativement…. 

Et évidement a la fin, le tout, un peu sali est délivré mélangé dans des boites avec des signes a la main en Coréen.
Ce qui arrange peu les magasiniers Mexicains.

C'est le problème classique quand on veut faire de l'import export mais qu'on n'y connait rien.

Toujours je vois des Français qui arrivent surs d'eux comme d'Artagnan en disant que leur produit est le meilleur, le plus beau, le plus ingénieux....
c'est souvent vrai mais c'est juste con que les américains et le reste du monde, premièrement ne le sais pas et secondement n'en a rien a foutre.

Les Français sont bien coiffes, mal rasés mais chic en petites guibolles affublées de jeans serrés, chaussures a bout carrés ou a pompons selon la mode, cravates petit nœud  sombre et discrète sur chemise subtile et veste cintrée ou pas ... face aux bœufs redneck en costume nylon bleu carotte, boots en croco brodées et cravate " America great again " a gros nœud....


Jusque a  maintenant c’est drôle, simple, mais ça va le devenir vraiment avec l’apparition de la Rolls jaune et de l’équipe des bras casses Lyonnais a la recherche de leur argent.


David le receleur israélien qui commence a être dans la merde se cache de plus en plus au fur et a mesure que le stock descend et se promène de camion en usines unpeu sales…

Honnêtement il n’y est pour rien le pauvre, il a reçu deux millions de dollars de  petites culottes Dior , Channel prêtes a la revente et il doit se farcir le panier de crabe des swapmeets et les mafias de LA downtown, qu’il connait d’ailleurs assez bien parce qu’il a vendu  et touché une avance sur la cargaison a des gens qui sont pas trop regardant sur l'origine mais qui ne rigolent pas du tout avec leurs cash investissements......  

Je laisse l'israélien a ses problèmes et on retourne aux Lyonnais qui viennent de débarquer en groupe, Monsieur, Momeo  et Balou, pour être sur que l’un ne volera pas l’autre, pas un ne parle anglais évidement.

Tout le monde couche chez Georges et Gerard sur Laurel Canyon a Beverly Hills, il y a quelques dizaines de pièceset une piscine.  
Un jour je demandais a Paul Guez, Sasoon Jeans a quoi lui servait une maison de trente deux chambres et pareil en salles de bain ...
_ C'est une question d'ego.

Les Lyonnais ... Aucun n’a jamais dépassé Marseille au sud et Paris au nord mais pour être sur d’être respectés a Los Angeles il faut avoir une voiture, c'est un truc a LA, sans voiture t'es un cave, moins qu'un cave même... on va y venir. 


Dans le film "Crash " ya un noir qui dit a un autre noir... je traduis:

_ Tu sais pourquoi les bus a LA ils ont des grandes fenêtres... ?
_ No yo ?
_ Because c'est pour pour humilier les noirs....
et c'est total vrai, ya que les noirs, les SDF , les white trash et les mexicaines enceintes qui prennent le bus a LA, faut s'y faire .. j'ai jamais pris même a la rue  je préférais marcher. 

Los Angeles 1990 / Laurel Canyon Way / Beverly Hills 


Immense villa, dans le salon a manger a vivre et a coucher de Georges et Gerard fin d’après midi... 

j'ai remarqué que quand on gagne plein de pognon vite, que quand on a moins de trente ans, célibataires comme Gerard et Georges qui pointaient au chômage a Villeurbanne il y a cinq ans, on oublie de se meubler bourgeoisement.

Dans le salon il y a un très grand canapé marron noir neuf et en cuir très cher avec deux coussins oubliés avec encore les housses d’emballage en plastique transparent, une table en cristal cher pareil mais des chaises deparaillees et des lampes a chier Ikea avec leurs quatre étiquettes blanches avec des menaces de mort écrites dessus en chinois, tout le long du fil électrique, il y a aussi sur le cristal six boites de pizzas empilées, des Bordeaux d'age et des Coca Cola dans des emballages en semi carton plastifié et imprimé en clown rouge et jaune avec un couvercle en plastique et des pailles courbées en accordéons au deux tiers, bleues.


Il n'y a pas de filles, c'est business entre mecs, le cul c'est pour après dans la soirée...


Monsieur :


_ C'est quoi cette ville de tarlouzes.. il est ou cet enculé de David ?


Balou
_ Ça a l'air grand Los Angeles... 


Momeo
_ Ça a l'air... 


Monsieur 

_ Je vais le trouver ce fils de pute 
_ Pas evident 
_ T'as raison... pas evident.

Jo coupe une pizza, Gerard de-bouchonne une bouteille.


_ C'est un enculé de première ce David 

_ Anchois ou chorizo ? 
_ Il doit y en avoir une avec de l'extra cheese, regarde Jo, la boite dessous, ils ont chargé deux dollars extra pour... 
_ Le mec il promet cinq cent mile minimum en Euros et il disparaît et on a deux palettes de culottes sales.
_ Il faut le trouver cet enculé.
_ C'est demain que elle passe la femme de ménage ... y a pas un verre propre 
_ Ça va, fait pas chier prend les verres en plastique ils doivent etre dans le placard en bas 
_ C'est un Morgon 1971 ... 
_ Et alors .... 
_ Je le trouve cet enculé de feuj je le bute, Jo ..... passe moi les anchois de dessus..
_ Y a pas les verres en plastique en bas 
_ Cherche en haut ou lave les verres ! 
_ Calmos je suis pas ta gonzesse... 
_ il faut le trouver ce cafard de David 
_ Oui, il faut.. 

On mange les pizzas en laissant la croûte, on boit le Morgon 1971 et le coca, on pianote sur des téléphones épais et sans écrans, je sors avec Monsieur . 


_ C’est quoi ce truc ?

_ C’est une voiture de location….
_ C'est quoi la voiture de on avait dit qu on allait etre discret ... ?
_ C’est une Rolls, une petite et de location
_ Et c’est quoi la couleur de la Rolls dé-ca-po-ta- ble … de location de qu'on avait dit que on allait etre discret.....  ?
_ Jaune citron !
_ Ah bon, c’est mieux que rose..... t'as raison !

Allez l’équipe !  fête chez Maurice Café, Rosé de Provence a la terrasse du Beverly hôtel, toujours de belles filles, seuls les voyous, punks, rockers et rappeurs ont les belles filles , pauvres politiciens et milliardaires qui se font taper par nos putes !…. Business as usual !


De Storage en contractor, de contractor en storage, les petites culottes blanches, roses et noires, enlevées, reenlevées et remise sous cellophanes se sont salies, perdues, mélangées et dévaluées jusqu'à servir de chiffons a sécher les Cadillacs dans les cars wash.

L’équipe est repartie deux semaines plus tard sans un dollar !

L’aventure c’est l’Aventure, David jamais revu, il doit nager avec des palmes en béton dans la baie de Malibu. 




" Hopital ! hopital ! 

Le décor des carreaux blancs pour soigner 
Un dur dur coup au cœur 
Quand tout tombe on ne vous tend pas la main 
Quand tout tombe chacun à son assassin 
Et ding ! dong ! 
Les heures passent et partent 
Tout comme l'argent et les femmes 
La vie n'est qu'un psychodrame, drame  " 

Starshooter " Mefies toi des avions " 






CHAPITRE # 7
Saturday June 29 1:54 AM 1996 


Je me fâche avec kiki pour je ne sais pas quoi je prends ma Mercedes 560 SEC, oui, la très chère, je gagne plein de pognon en ce moment et je suis stone total... jamais je dois conduire.. en plus je suis énervé, très énervé de coke et d'amour, je descend Hollywood boulevard c'est cinq minutes de chez moi, j'habite au coin du Chinese theater jusqu'au " Cat & Fidel ", un pub anglais que je fréquente depuis toujours, 6530 West Sunset Blvd, je jette la voiture au valet parking .

je suis complètement out ça doit se voir..  je marche étrange les yeux injecté sous mes lunettes Persol 649 5A, le security mammouth me refuse l'entrée.

_ What .... ? je dis 

_ Sir ... you can not go in .. 
_ Fuck you .. you knooooow who i aaaam .. 
_ Yes sir je sais qui vous êtes and you can not go in . 
_ Appelle le boss connard ... fuck you ... ! 
_ Please sir ....  you can not go in ....
Je fais un mètre soixante dix il fait deux mètres facile... 
Il me connait,  il sait que faut faire gaffe, qu'il ne peut pas me mettre un coup de boule comme a une vulgaire racaille mais il est pro et dans mon état j'ai rien a faire dans un lieu civilisé. 

Que faire dans de pareil cas... ?

Ca ne m’est depuis mes vingt ans arrivé que rarement qu’on me refuse une entrée dans un endroit a la mode, je suis vexé..
il y a une barrière a droite hors de la vue du mammouth, le Cat & Fiddle c'est un restaurant avec un jardin exterieur avec une barrière, passons la barrière... une bonne vieille barrière en fer forgée avec des piques pas très pointues, rouillées, mal peintes...

Je passe la barrière...  je glisse évidement vu que je suis totalement out et m’empale sur une pique ! 
vous savez les piques que tous les châteaux trop forts, les grosses maisons bourgeoises  ont autour... les vicieuses, les belles, les en fer artistiquement forgées.
Je n'y croyais pas mais je m’empale vraiment de l’intérieur de l’aine à l'extérieur de l’épaule.
Comme au moyen age avec leurs épées... glauque, je tombe de tout mon poids sur une hala-barde, ça glisse entre les nerfs, les os, les articulations, les muscles et ça ressort tranquille  juste un peu de l'autre côté, c'est à dire en haut de mon épaule. 

Je m'arrache très vite d'un coup, ça déchire un peu sous le bras 
il y a beaucoup de sang mais aucune douleur, coke ou adrénaline.... va savoir.
J’ai toujours beaucoup eu peur de la douleur dans ma vie.
Je suis très  peureux par éducation mais en final les coups ça fait très peu mal....
si j’avais su ça a 12 ans ma vie aurait été changée, j'eus été un aventurier.


Je rampe, pas vraiment mais ça fait film noir jusqu’à ma Mercedes 560 SEC, le valet parking me donne les clefs effaré, je demarre une droite, deux gauches, Santa Monica boulevard, droite ou gauche... deux heures du matin a peu près, pas de GPS en 90, je m'arrête devant une voiture de flics, noir et blancs, black & white... les flics et la voiture de flic, a Los Angeles les voitures des flics sont noires et blanches et les flics aussi comme dans les films . 


J'ouvre d'un click avec deux doigts les deux fenêtres avant et arrière coté chauffeur, pour ceux d'entre vous qu'y n'ont jamais eu une 560 SEC Mercedes, ça arrive même a des gens très bien, il n'y a pas de séparation entre la vitre avant et la vitre arrière quand elles sont baissées, c'est une des raisons pourquoi c'est une voiture très chère... 


_ Hello Officer...  Where is le " Sinai Hospital "  ? 


Je conduis ma susdite Mercedes complètement rempli de cocaïne, moi .. pas la voiture et chemise blanche GAP remplie de sang.... et je demande a ces Cops... la direction du Sinai Hospital vu que je suis blessé, ça se voit et que j'ai besoin d'aide. 


En 2017 c’est prison direct mais en 90 c'est pas encore dénonce ton porc et autre saloperies pétainistes, on peut boire un peu et conduire.  

Ils sont vraiment effarés c’est ma chance ce soir... 
La cocaïne donne de l’aplomb, la Mercedes du respect et le sang un effet de surprise.
_ Second Street  ... on your left ..... Sir ...
_ Thanks Officers
ils disent toujours Sir  , les flics a LA même quand ils te tirent dessus . 

 Vroum............. je m'arrache, lucky le Phil ..


le Sinaï c'est le meilleur hôpital a Beverly Hills, il suffit de montrer patte blanche c'est à dire grosse assurance et le service est Carlton style...
infirmières blondasses pulpeuses, gros noirs pour pousser les chariots et doctoresses asiatiques sérieuses...

J'ai toujours rêvé de me faire une cardiologue asiat ... blouse relevée, par derrière, on se calme je pisse le sang.
En plus, pas de questions, ils sont habitués depuis cent ans a soigner toutes les stars, sous stars, baisées par les stars, encules par les autres... etc ... de Hollywood.
Et un mec sous coke, la chemise en sang, le bras transpercé, seul en Mercedes 560 SEC a deux du matin , ça leur fait ni chaud ni froid ni tiède...
Ils me recousent  “ sans anesthésie “  il me dit en anglais impeccable  l’hindou de service.... 

_ Je ne peux pas , vous " anai-stai-zier " vous êtes trop in-toxi-qué ,  it is a question de tension cardiaque....
_ T'as raison l’enturbanné.......  je lui répond a l'indien. 


J'aime bien les Indiens, je comprend leur anglais. 

Il a raison, de toute façon je m'en fou, je suis tellement stone que je sens rien ..
merci  je lui dit en indien, il apprécie ... il faut toujours savoir parler un peu le langage des migrants que tu côtoies dans la vie, en France avant c'etait " Ach Paris lai paitites filles ", maintenant c'est " Allah Habkar "... faut s'y faire. 


Et puis les points de suture.... sous l’épaule c'est rigolade comparé a un tatoo sur l’intérieur du bras ou sous les seins comme j'ai ! 

la..... ça fait vraiment mal très allô maman bobo. 

Thank you et basta....
ils me gardent une heure pour etre sur que je ne vais pas mourir d'overdose et leur coûter une law suit de million de dollars et ils me relâchent dans la la nuit et la nature urbaine.

Un infirmier me ramène la voiture devant la porte des urgences et les clefs sur un plateaux inox... y a pas a dire, ils sont classe ces hôpitaux de riches ! 

C'est Comme la vieille Chivouavoua de Kiki qu'une nuit j'ai du, pour pas qu'elle crève cette chienne et Kiki ne depressionasse, faire opérer et recoudre pour deux mille dollars....
en 96 ... c'est quatre mille euros en 2017, chez un veterinaire de riche, pareil en urgence a Beverly Hills, le prix de vingt chivouavouas neufs.
J'ai failli mourir d'avarice.

Je haï cette chienne et elle me hait pareil depuis le jour il y a trente ans ou je l'ai jetée du lit de sa mère pour prendre sa place !
Je hais les chivouavouas.... 


C'est pas grave c'est la vie, ma vie de tous les jours, notre vie avec Kiki ...
pas un jour sans une aventure, de l'amour, du sexe, beaucoup de sexe et de la coke aussi

_ Tu m'aimes.. ?
_ Oui je t'aime
_ On baise ?
_ Oui de suite
_ On décapote la Porsche et on va a Palm Spring ... ?
_ Mais on a pas baisé encore ...
_ Dans le desert entre les cactus c'est plus poétique que sous un abris bus
_ Ok .... si tu veux, aller ... viens
Vroum que elle fait la Porsche Carrera noire décapotable.





CHAPITRE # 8
May 23 04:35 PM 1986 


Mes copines Lyonnaises ... J’étale leur cul mais pas leur nom .


Lyon hiver 1986 .. deux mois avant mon départ pour les US  dans ma bijouterie rue Emile Zola .

la fin du debut ..

_ Chef ... Chef .... j'ai trouvé !


Après l’épopée Starshooter je me dit j'ai 27 ans, je suis vieux, il faut que je me range .... je m'associe avec une femme riche et belle, j’emprunte a une banque avec la caution de mes parents, achète un local dans la plus belle rue de Lyon, embauche le décorateur de province le plus cher, j’achète du stock sans rien connaitre et je m'enterre dix heures par jour dans une boutique blindée de vingt mètres carrés quasi une cellule a Fleury.

C'est la seule erreur de ma vie avec la couverture du second Starshooter.

Apres ça, vous vous demandez pourquoi je suis parti en cakaouetas !

dix heures par jour, en costume cravate a attendre la bourgeoise de province pas pour la tirer mais pour lui vendre des boucles d'oreilles et lui dire...
_ Bonjour madame Duchemin, wouiii , ma famille et moi nous connaissons votre cousin 
_ Vous devez donc connaitre ma tante ?
_ Certainement 
_ C'est elle qui m'a recommandée votre boutique 
_ Ma boutique, ha oui évidement et que puis-je faire pour vous madame Duchemin ?
_ Je voudrais faire une soudure sur une chaîne en argent de famille 
_ Bien sur madame Duchemin 
_ Mais monsieur d'Aniere vous faites des prix quand on vient de la famille ?
_ Evidemment madame Duchemin.

La bourgeoisie Lyonnaise est pingre.


Des fois j'avais un pantalon avec une poche trouée et je ne porte jamais de slip rapport a ma première vraie maitresse un peu plus âgée que moi qui trouvait cela plus pratique. 

A travers la poche trouée je me touchais les couilles et je leur serrais la main avec une concupiscence charmante a chaque bonjour et au revoir entrée sortie de ma boutique.
On se fait plaisir comme on peu dans le désespoir d'une boutique de luxe Lyonnaise.

J'en baisais quelque unes debout, par derrière vite fait, des fois, robe Chanel relevée, culotte en dentelles baissées a mi cuisse, appuyées au comptoir face a la vitrine avec leurs copines a un mètre qui minaudent sur une bague en saphir et diamant, face aux vitres opaques c'etait pas mal.

Des coup la nuit a plat ventre, mais c'etait avec mes amies de coeur, elles s'en souviennent, je peux même dire les noms mais j’ai pas envie.

Le charme bourgeois des portes blindées électriques, ce qui se fait Rue Emile Zola reste rue Emile Zola !

La meilleure place pour baiser des femmes mariées c'est une bijouterie, bon c'est vrai faut en avoir une mais quand tu en as une c'est top, c'est total sécurise, total insonorisé et un cocu peu pas enfoncer la porte ni amener un huissier et puis dans l'ultime il reste toujours la chambre forte !


Mon ami Jo, on va le retrouver souvent baisait la vendeuse de la boutique de Clergerie a gauche et moi un peu la vendeuse de " L’artisan parfumeur " en face, y a une nuit même un peu bizarre a St Tropez ou on a failli échanger mais je ne suis pas sur, je ne me rappelle pas et puis comme de toute façon Jo s'est fait descendre de deux balles alors il peut plus confirmer. 

Et puis tout le monde s'en fout, a Lyon en fin de eighties tous on baisait avec tout le monde, le sida c'est encore un vague truc de pédés.

Rue Mercière.... souvent des soirs nous dînions tous, la maitresse du mari de ma maitresse, sa femme donc, lui et moi dans une civilité parfaite.


Champagne...


Bien sur que il y a des clash, un jour je tombe amoureux par hasard de la plus belle des belles des top models, on couche ensemble, une fois je crois c'est tout dire, moi je t'aime encore, toi tu veux plus me parler ou si peu, noire, longue, immense, tes seins, ton corps, ton cul et tes cheveux très courts. 

Guerre avec ma maitresse, je les laissent se taper froid ....
que nous les hommes sommes lâches.

Et puis ma bourge totale adorée, belle avec des seins que je ne sais plus quoi dire surtout après quarante ans, des seins gros mais pas énormes, fermes, drus avec des larges aureoles sombres et petites pointes, des seins qui transpirent en baisant, mon amie de toujours, celle que je suis allé a son mariage en France, elle je donne son nom....
Catherine parce-que elle n'a pas peur de dire qu'on s'est aimé de cul.

Catherine elle est comme moi de la catégorie des amoureux qui s'aiment et qui se sucent sans limite, qui s'aiment après quarante ans et on se dit :
_ Tu sais, tu étais bonne ma salope 
_ Et toi mon chéri tu étais dur dans moi, tu me faisais jouir 
_ On a plus l'age 
_ Je sais mais on peut encore se souvenir.

On s’était enchaîné un soir avec des menottes dans une soirée snob et on avait perdu les clefs et que on a fini dans ma bijouterie a couper les menottes au chalumeaux et que on a fini a faire l'amour sur la carpette grise et rude pour ton dos pauvre Catherine mais tu aimes ça, belle chienne.

Je t'aime ma Catherine.

Je donne les noms de mes amis et amies morts parce que ils s'en foutent et encore si ils ont des enfants, je me tais .
Les vivants, si c'est privé, je garde pour moi, je raconte l'histoire parce que un livre c'est fait pour ça, je pose des indices mais je n'aime pas faire du mal, je n'aime pas étaler la vie des femmes que j'ai aimé même si elles étaient des salopes adorables, cochonnes lubriques devant l’éternel c'est comme ça qu'on dit ?


J’étale leur cul mais pas leur nom.


Je ne me vante pas, je suis pas Casanova mais des femmes j'en ai connu, pas des wagons a fantasmes mais un peu, un peu plus que si j'avais été sous préfet et quand je connais une femme, je ne peux pas m empercher d'essayer de coucher avec, c'est mon cote primate macho.

Ça vous étonne ?
je suis le seul homme sur la planète a avoir ce vice ?


Je vois déjà toute la volaille bobovegan quitter ce paragraphe basse-cour en caquetant le puritain.


Je ne suis pas méchant, je fuis la méchanceté, je les sens les méchants et les méchantes et a y bien réfléchir en final j'en ai côtoyé très peu dans ma vie.

On dit, les " requins du show Business ", moi , j'ai rencontré que des mecs et des femmes super :
Philippe Constantin, Levy, Barclay, Maneval, Mimi, Francois Diwo et Marc Barriere, etc.

Un méchant sent a trois kilometres, il sent le malheur, il suinte la poisse et même si il est riche c'est un avare et l'avare pue !
Je peux etre dur parce que gamin j'etais trop gentil, ma sœur allait récupérer mon seau que je pleurais qu'on m'avait volé sur la plage d’Arcachon mais je hais la haine pas par amour de l’humanité mais parce-que ça sert a rien, comme la torture.....

Un général disait a Trump que mieux vaut un pac de bière et une cigarette qu'un petit water boarding pour faire craquer les racailles...

Je peux tuer mais pas haïr, baiser mais pas totalement aimer aussi , c'est mon mauvais cote.
Pourquoi je connais assez peu la haine ? c'est a cause que je fréquente des gens que j'aime et pas la fange, les petites gens ou on se dispute la mousse du succès, le rêve tabloïd de la princesse d'Angleterre , la bitte a Bratt Pit et l'anorexie de Angela.
J'aime pas le bas peuple.


Chef .... Chef .... J'ai trouvé !

Un commissaire de police descend de l’étage de ma boutique avec un lingot d'or a la main...
La....ça sent pas bon... pas le lingot d'or qui est un presse papier mais l'anti gang est chez moi...
J'ai été prévenu y a vingt minutes.


Driiiiiing faisait le téléphone en 85, je décroche 

_ Phil... gaffe ils viennent de serrer JO,Kiki, Gaby et Françoise ..
_ Ok

Je raccroche le téléphone et décroche mon chalumeau, je suis bijoutier, je sais souder et fondre, j'ai des trucs en or un peu louches qui traînent dans la boutique sur l’établi et dans le coffre fort, je ne suis pas brigand mais j'ai des potes qui le sont alors dans le doute, je brûle tout leurs trucs et je sais qu'ils m'en seront malgré la perte financière, reconnaissants. 

A peine fini le petit lingot dans l'eau pour le refroidir qui fume encore que Ils sont la.
Ils c'est la brigade anti gang et son chef, je ne rappelle pas le nom mais ça sera facile a retrouver... Lyon 1985.

Je me lave les mains, souffle la fumée pour faire moins louche, je marche jusqu’à la porte, quatre mecs en blouson et jeans badges tricolores et flingues a la ceinture, c'est pas ma clientèle habituelle mais j'ouvre.  


_ Bonjour Monsieur Daniere....

_ Bonjour Monsieur le commissaire...

Les points de suspensions c'est pour le suspense parce-que il y a sueur dans ma boutique de la rue Emile Zola, c'est pas tous les jours que le batteur de Starshooter, petit fils de cador du barreau, d' internes et chefs de service d'hôpitaux se retrouve impliqué dans des histoires compliquées de cul et de came.
Lyon c'est pas Paris ou Marseille ou c'est tous les jours que même les ministres ou le maire sont corrompus.

A Lyon on se corrompt entre nous, pas en public.  

Chef .... Chef .... J'ai trouvé !

Un inspecteur de police descend de l’étage de l’arrière de la boutique dans le petit escalier en colimaçon avec un lingot d'or a la main. 
Un tout petit inspecteur tout maigre et fébrile avec des cheveux de punk et un gros lingot brillant a la main.
Le con inspecteur, il descend l'escalier de la soupente, la soupente en Lyonnais c'est une mezzanine basse de plafond au dessus des boutiques Lyonnaises, ça doit remonter aux canuts , et il se pointe fier comme d'Artagnan, je sais c'est Artaban mais qui sait la différence, avec son lingot d'or devant son chef.

_ Monsieur D'aniere vous êtes marron. 

_ Monsieur le commissaire je suis blanc comme neige ..... et vous, ça vous fait comment de travailler avec des cons ? 
_ C'est dur mais c'est l'administration, c'est quoi ce lingot d'or dissimulé dans la mezzanine ?  
_ On dit " soupente " a Lyon , monsieur le commissaire 
_ C'est quoi ce lingot d'or dissimulé dans la soupente ?  
_ Faites voir, je suis surpris 
_ Inspecteur Julien fait voir a monsieur d'Aniere le lingot 
_ Wouiii chef 
_ C'est vrai que ça ressemble a un lingot que ça sent comme un lingot que ça brille comme un lingot .... mais c'est pas un lingot, c'est un presse papier déguisé en lingot pour attraper les mouches et les poulets. 
_ Ce n'est pas drôle monsieur d'Aniere 
_ Je sais mais c'est un presse papier quand même. 

Suspense, il y a des moments dans la vie comme ça  ou tu sais plus si c'est tragique ou c'est drôle. 


Si on était au poulailler, les trois inspecteurs présents , pondraient.
On est pas. 


_ Monsieur D'aniere, je n'ai rien pour une garde a vue contre vous mais j'ai besoin de vous mettre au silence pour vingt quatre heures, c'est quoi ce revolver derrière votre comptoir  ?

_ Un revolver.... ou ? 
_ La, a votre gauche, Julien amène le revolver de monsieur D'aniere 
_ C'est pas un revolver c'est l'arme d’officier de mon grand père, résistant, avocat et chancelier du barreau de Lyon décédé en 1972 
_ Je sais... mais c'est une arme de guerre et c'est pas du tout légal
_ Je sais aussi que c'etait pas légal aussi quand il a refusé de le rendre aux allemands en 1940 et planque a risque et périls graves jusqu’à la libération et puis ça peut servir contre la racaille parce que en cas de problème, le temps que vous et vos potes arriviez. 
_ C'est illégal de tirer sur les gens monsieur D'aniere 
_ En plus ... 
_ Monsieur D'aniere j'ai besoin de vous mettre en garde a vue et j'ai rien d'autre que possession d'arme de guerre, ce qui est pas mal.
_ Je t’emmerde, tu touches pas le calibre de mon grand père...... ! 
_ Si mon pote j'ai le droit et tu as pas le choix.... 

On est passe en deux minutes du vouvoiement au tutoiement, deux minutes seulement le temps que la tension s’apaise, après on est redevenus civilisés lui et moi. 

Nous nous revouvoyames jusqu’à la fin.

_ Ok ....... mais pas de menottes pour sortir de ma bijouterie ..

_ C'est d'accord. 

Je l'aime le mec, très classe, on dirait Belmondo .
Tous les voyous Lyonnais l'adorent, faut reconnaître que il sait faire on est allé en voiture banalisée chez mon père a Caluire pour perquisitionner ma chambre, il a été parfait a mentir a mon père en lui disant que c'etait de la routine et bla bla bla alors que j'etais dans une histoire de proxénétisme aggrave, trafic de cocaïne etc etc, grande rigolade quoi, pour un bourgeois Lyonnais !

Et puis il sait que je ne suis rien dans l'histoire mais étonnant quand même qu'il est pas compris que je savais tout, enfin assez pour lui permettre de remonter toute la filière et qu'avec un peu de pression je me serais mis a table, ça m'a surpris mais c'est son problème, pas le mien. 

Pourquoi je n'aime pas trop la France des fois c'est que c'est les douanes qui a la fin ont confisquées le pistolet, un juif le fonctionnaire ... vu son nom, je me rappelle comme hier le mec qui m'explique que, vu que l'arme est espagnole, qu’elle a été importée par va savoir quels trafics entre le front populaire, l’armée française... la déroute...  que elle est pas légale sur le territoire de la république.


_ Hey connard , t'es en train de me dire quoi la... ?

_ Maussier D'aniere l'arme de votre grand père est conformément au code des douanes Françaises entrée illégalement sur le territoire et doit etre saisie .
_ Plus con tu meurs, collabo, elle a peut etre servi a sauver des potes a toi, connard ! 
_ Maussier D'aniere, je note... insulte a agent de l’administration . 
_ Tu sais ou je me la met ton administration...
_ Je note.

En plus cette raclure de bidet m'a volé un rubis et un saphir que mes parents avaient ramenés du Viet nam..


Les douanes et le fisc en France c'est des pauvres types, des sous fonctionnaires, aigris , des ronds de cuir qui puent la transpiration, la malice, la bave et le grattage de croûtes.

Des chauves a moitie en général avec des costumes et des chemises 50% Nylon.
Ils sont payés pour étrangler le succès, pour assassiner le petit peuple, les artisans, les pauvres jamais les riches, trop dangereux !
payés pour sucer le chef de bureau, pour détruire le travail des honnêtes gens, pour  ramper dans les sous préfectures, pour brosser l'administration dans le sens du poil.
C'est des rats et pas des champs mais d’égouts !

Incapables en plus de m'attraper maintenant que je gagne du pognon offshore mais capable de me détruire quand j'etais un petit artisan qui volait rien et essayait de survivre.
Je te méprise petit fonctionnaire des douanes et je te vole dix mille fois ce que tu m'a volé quand j'etais pauvre a travers des sociétés offshore que même pas mon nom est dedans !
Connard taupe cafard.


Lyon , prison St Paul... c'est moche dehors et dedans.


Ça sent le truc construit sous Vauban ou un copain a lui avec des tours d'angle, des créneaux, des meurtrières, des murs rébarbatifs en pierres de taille qui suintent la misère du peuple...


Suinter la " misère du peuple " ça fait Zola ou Balzac, ça me pose en écrivain serieux.


La prison St Paul je suis ne a cote pas loin, rue de La Guillotiere, j'y suis passé comme une anecdote quarante huit heures a peine mais des belles heures ..


Bon... c'est pourri mais pourri comme vous pouvez pas imaginer, ça sent les cachots du dix huitième siècle ou avant, avec des serrures rouillées, des portes en bois ferraillees, des sols en quasi terre battue, des murs sales mais tellement sales que avec les tags pornos et les jours bagnards gravés en battons croisés, quatre font cinq et  fait street art...


Après plus tard dans la vie et dans le bouquin j'ai fait des prisons modernes a Los Angeles et sur la frontière Texane si tristes, et bien, je dois dire que je suis nostalgique de ma bonne petite prison lyonnaise St Paul....


Juste le nom, je sanglote.


_ Tu sais quoi .... connard de poulet ! regarde bien mes boots, c'est des Luchese , la crème de la crème, un mois de boulot de ton travail de merde il te faut pour te les payer... !


Wouaaaaa ... Ca commence très mal, je suis dans un fourgon dit pénitencier avec mon ami JO Rivituso qui est en train de parler comme je viens de le décrire a un agent de police.


Un fourgon c'est un " panier a salade ", c'est un tube Citroën bleu je crois me rappeler mais pas sur, avec une cage derrière la cabine avec une lumière clignotante sur le toit et une petite sirène qui fait tu tu...


A l’intérieur c'est une prison comme une autre.


Je suis effaré, terrorisé...... dans ma famille nous respectons la police et je ne peux imaginer que on puisse parler pareil a un policier.

_ Tu sais quoi pauv nul , ma montre c'est un an de ta vie de travail de pédé , regarde ! regarde connard ! tu veux la lécher... vas y lèche.... lèche..
t'as pas de couilles, vas y connard, casse moi la gueule, t'as pas les couilles,
hein !..... tu chies dans ton froc...


_ Arrête Jo tu vas nous faire massacrer, t'es con ou quoi, t'es en plein délire..


_ Mais c'est une merde, un suceur de bite... tu crois qu'il va bouger une oreille ... ?


Je ne sais plus ou me mettre mais ça a l'air de marcher, le flic, pauvre gamin planton recule dans l’arrière du fourgon et Jo peux me parler.


_ Phil... tu ne dis rien, tu ne connais personne, ils ont rien.....


JO est très calme, il connait, il me parle sans se gêner devant la poulaille, il m'explique un par un ce qui va arriver, ce que je dois faire et ne pas faire, dix minutes de leçon de vie vitale a 28 ans dans un fourgon cellulaire.


On va recroiser JO souvent dans ce livre, on s'aime bien. 


JO m'a aussi un jour expliqué le poker auquel je me croyais destiné genre nerfs d'acier et Talleyrand je me croyais...

_ Regarde... mélange le jeu.... donne le moi...

Je mélange, je brasse, je balance le jeu a JO, je surveille le JO tranquille qui me balance trois cartes, deux a lui, deux a moi et trois a lui.


Cinq en tout a chacun.


Silence......................
|

_ Combien tu changes ?
_ Deux cartes....
normal j'ai trois Rois
_ Ok ...Phil .... moi , quatre cartes ...
quatre cartes .. Il a rien le JO...
Silence ........................
JO me donne deux cartes, il se donne deux cartes aussi, il me donne une carte et se donne deux cartes, full aux Rois pour moi, imbattable contre un tirage a quatre carte.
JO
_ $ 300 .....
Moi
_ $ 500... je relance
_ Je t'aime j’arrête..... il dit le JO
Et il pose un carré d'as
_ T'as compris mon pote ....  il me dit le JO .

Je n'ai plus jamais joué au poker de ma vie.


C'est vrai que les flics ont été un peu con sur ce coup, j'etais le maillon faible et par deux fois, une sur cette occasion de Jo de me parler et deuzio après la garde a vue parce-qu’ils voulaient la pause syndicale, je suis sorti, parlé a mon avocat et évidement plus rien déblatérer après.


Meme la juge au milieu de la nuit a la fin de l'aventure en comparution immédiate pour détention d'arme de guerre dans ma bijouterie, ils avaient trouvé que le flingue de résistant de mon grand père sous mon comptoir, me voyant esclaffé et menotté entre deux malfrats un peu clochard elle me dit :


_ La justice vous fait rire monsieur D'Aniere  ?


_ Pas du tout madame la juge je contrits au contraire, c'est juste le contexte, je ne suis pas habitué. 


Clac ..... !


les argousins m'emmenottent et Vlan.... ! dans une cellule noire a souhait.


Pas totalement noire d'ailleurs il y a une lucarne rectangulaire qui donne une lumière évidement glauque vue la situation et grillagée, la lucarne pas la situation, avec une grille en fer.

Dans le glauque, dans la lumière blafarde entre les quatre murs autour et le trou des chiottes turc, en littérature on oublie souvent que l'homme chie au moins une fois par jour et que dans tout confinement humain la merde mal évacuee est une angoisse majeure.
Entre ces odeurs et cette grisaille il y a deux mecs jeunes, mines pas vraiment patibulaires mais un peu twisted quand même, habillés en style banlieue de l’époque, c'est a dire sans style parce-que en 86 il y avait pas encore de style banlieue, casquette Christian Audigier avec des faux diamants et pantalon au milieu des cuisses.
Long story short, des sales gueules de petits cons, en 2018 on dit des racailles, en 86  dans le milieu on disait des tètes a claques. 

La..... je vais vous raconter un truc que je ne dis a personne parce que si je le dis ça marchera plus mais vu mon age  c'est plus très grave.


J'ai une chance énorme dans ma vie c'est ma gueule, j'ai une gueule et des yeux de truand quand je veux, c'est pas bon du tout quand je passe une frontière, je suis systématiquement mis de coté pour double contrôle mais dans toutes les prisons, bar a putes ou embrouilles du monde elle, ma gueule, m'a sauvé la vie plein de fois...

C'est comme ça.... on vient pas m’emmerder !
Il y a des gens que je connais comme mon ami Kent, c'est tout le contraire, la police lui donne le bon dieu sans confession mais il pouvait pas faire un pas dans le métro sans se faire brancher.

C'est vrai aussi que Kent en 73 avait les cheveux verts fluo et des platform boot jaunes, ça aide pas mais n’empêche que il y a des caractères a se faire emmerder et des caractères a pas.

Donc ...je suis dans la geôle glauque, pas rassuré un peu, c'est mon premier séjour au bagne, je fais mon cinéma Lino Ventura bras croisés, tronche blasée, œil noir sous paupière lourdeuse.
Je suis si je me rappelle bien encore habillé en bijoutier, pantalon gris, boots lézard noires j'ai jamais changé, chemise blanche et petite cravate sombre, j'ai le cheveux très court quasi para.
La racaille s'agite... s'agiter a trois dans 10 mètres carrés , ça veut dire , allumer une cigarette ou émettre un mot.

_ Monsieur ... on peut vous parler ... ?


_ Mummm ......... je fais


_ S'il vous plait Monsieur ...


_ Grrrrr ....... je refais


Ça fait la deuxième racaille, tète a claques , qui m'appelle " Monsieur " et qui dit silvouplai, ça respire l’étrange.


_ Monsieur... on ose pas mais si vous voulez bien ( en 86 la racaille parlait encore français .. ) on aimerait si voulez bien, on voudrai pouvoir travailler avec vous, on est banlieue on asait pas trop, mais on peut aider.. on aimerait en sortir... on parle pas Monsieur, on s'est pas couché devant le inspecteur, on sait se tenir.....


_ S'il vous plait Monsieur.


Quasi je leur tire l’oreille et leur tend ma main a baiser...


Je réalise que le " tom tom " prison a marché avant que j'arrive, je fais parti d'un gros coup de filet de douze personnes Paris Lyon Marseille ... cocaïne, prostitution et autres bla bla bla. 


Meme si je n'y suis pas pour grand chose je suis marié avec la suspecte numéro un et assos avec le suspect numéro deux, c'est pas très bon devant un juge.

Mais pour les kids , gamins en cellule je suis un parrain du milieu, eux ils cassent des mobylettes, sub deal trois grammes de shit ou se font des frissons avec dix grammes de farine coupée de un pour cent de coke mais ils ont envie, ils apprennent, preuve est que aujourd’hui ils contrôlent leurs quartiers et le business.

Je sors dans la nuit, jamais revu les gamins.


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J’ai une grande chance dans ma vie.... je dors parfaitement..

En toutes circonstances... 
chaque fois en prison .
Dans les situations les plus tendues... a la fin des interrogatoires

je dors.... parfaitement...
Sur une planche a St Paul en France, sur les lits de fer de L’Hôpital militaire psychiatrique Dejenettes a Lyon.
Au milieu des tunnels a LA county Jail .. dans les bus grillagés de l’immigration fédérale  au Texas .
Dans une suite de luxe a Vegas, dans un RV au milieu de le neige ..... 

dans mon bateau le soir  de la mort de Kiki......
Je dors.
Ce doit être la force de ma mémoire courte, je suis capable de tout oublier pour la nuit.
Le matin je vois clair et je dors le soir de nouveau.
Je me réveille souvent la nuit..... juste pour apprécier comme je dors bien.
Parce que dormir bien sans apprécier le fait de dormir bien, ça ne vaut rien et se réveiller en sachant que je vais me rendormir,  profiter de ce moment et se dire ”la vie est belle “.....
Et se rendormir. 

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CHAPITRE # 9 
May 23 1985 12:53 PM



Je touche a une violence que je n’ai-jamais voulu toucher
Ca va etre tres confus car ma mémoire est confuse sur cette histoire .

Je suis depuis quelques temps a Lyon parce-que Kiki est ma femme, que je suis sorti de garde a vue sans parler, je suis accepté du coup dans le milieu marseillais, corse, sicilien, accepté ne veux pas dire adopté mais je suis toléré avec un peu de crédibilité.
C'est sur que si j'avais parle et j'ai perdu ma bijouterie, ma vie bourgeoise, mon pognon  ma respectabilité a cause de mon silence sur ce coup mais si je parlais je perdais Kiki et mes amis siciliens. 

J'ai pas parlé. 

J'aurais pu, si ces cons de flics avaient été un peu plus dur, j'aurais parlé et je savais assez pour faire chuter plein de gens. 
Mais c'est des fonctionnaires, quand j'etais prêt a craquer ils se sont cassés pour le déjeuner. 
A un jambon beurre prêt ils faisaient tomber toute la filière. 

Mais mon monde s'effondre, ma bijouterie sous garde a vue va disparaître, je couche chaque soir avec une prostituée celebre que j'aime, je suis légalement un proxenete grand banditisme vu les antécédents " French connection " de Kiki ... 

Kiki .... elle passait le pognon de la French connection en faisant semblant d’être enceinte, un jour de passage de panique, elle a a fait un faux malaise devant les fédéraux américains, elle était tellement belle que ils l'ont amené a l’hôpital d'ou elle s'est cassée vite fait avec le pognon de son faux ventre. 
Elle a pris plein d’années de prison après et surtout la responsabilité partagée avec des mecs tous morts de la dette de la " French Connection ". 

Zampa ... 

" En détention, à la Prison des Baumettes Il sombre lentement dans la folie, il se plaint de violents maux de tête, prétend entendre des voix, accuse les tuyauteries de lui transmettre des messages de mort et hurle que l'on vent l'assassiner. Il écrit au directeur de la prison pour qu'on le change de cellules, sous prétexte que la sienne, qui donne sur la rue va être la cible d'une attaque à la roquette depuis l'immeuble d'en face. Ses avocats demandent une expertises psychiatrique : les médecins ne décèlent qu'une simple altération névrotique due à une fixation. Dans Marseille, il se dit « Tany est tombé fada » pour d'autres, « Il simule »5. Il est surnommé « parrain à l'italienne », la « marraine » ou encore la « balance ». Les 20 et 22 juin 1984, il manque deux tentatives de suicide."

Son procès se tient devant la 6e chambre correctionnelle de Marseille, préside par le président Albertini. Dés Le premier jour, le 19 juillet 1984, il se jette tête la première contre un pilier du palais de justice. Il s'en sort avec une grosse bosse et le gendarme auquel il est menotté, a une épaule luxée et quinze jours d'arrêt de travail. Zampa affirme s'être livré, après une longue cavale, contre la promesse que sa femme, Christiane, ne serait pas inquiété. Elle est à ses côtés, tout comme son avocat et d'autres complices dans une affaire financière où la découverte de comptes truqués, de bilans maquillés et de reconnaissance de dettes mette à jour l'empire clandestin de Zampa. Le soir de son premier jour de procès, il tente une nouvelle tentative de suicide en se taillant les veines avec un petit canif émoussé5. L'administration pénitentiaire décide de le faire surveiller en permanence. Pour cela, elle place un autre détenu, Marc-Robert Schandeler dit « Bob », un ancien videur du Krypton, fleuron de l'empire Zampa. Sa mission est d'empêcher son patron de se suicider. Au soir de son cinquième jour de procès, le 23 juillet 1984, une demi-heure après son retour en cellule, Schandeler frappe à la porte de la cellule en hurlant « Au secours, venez vite, Tany vient de se pendre ! » Les gardiens trouvent Zampa pendu à une corde à sauter fixée à un tuyau de chauffage, les pieds coincés dans le radiateur. Zampa est inanimé, son visage est bleui et son larynx est enfoncé. Un interne accourt en urgence et tente une trachéotomie. Zampa n'est pas mort mais ses cellules nerveuses sont détruites. C'est un légume.

Il décède le 16 août 1984 à 51 ans, après plusieurs jours de coma, à l'hôpital Salvator de Marseille où il avait été transféré16.

Le mystère plane sur la mort de Zampa, que s'est-il passé durant la demi-heure entre sa réintégration de sa cellule et l'alerte de Schandeler ayant entendu les râles de son codétenu. Schandeler prétend n'avoir rien entendu pendant qu'il lisait un livre. On peut se demander que faisiez une corde à sauter dans la cellule d'un détenu suicidaire. Est-ce-que Schandeler l'a laisser se suicider? Nul ne le saura jamais. L'ancien videur sera abattu, peu de temps après sa remise en liberté, le 21 décembre 1989, à Montpellier. Le seul témoin des derniers moments lucides de Zampa disparaît." 

Son demi-frère Jean Toci, sera assassiné en mai 1997 à Istres.

Kiki n'a jamais cru a son suicide. 

Marié avec elle nous devion aux douanes et fisc en 1985,l’intégralité de la dette de la french connection avant qu'on s’échappe aux US, autour d'un milliard d'Euros sans les intérêts et pénalités .....

Pour ceux que ça fait rire, j'ai le document officiel.  

Normal aussi, si je suis flic, je me dis mais que ce mec il fait quoi avec cette femme et tous ces voyous autour et ces politiciens et ces stars musiciens ... 
Je fréquente Noir député du Rhône et futur maire de Lyon, je couche des fois avec la maitresse de son bras droit Pierre Botton, j'ai organisé la campagne présidentielle de Emile Veron patron de Majorette et je fais la fête avec toutes les stars du show bizz de passage. 
Ils font gaffe, ils osent pas trop a cause de ça, mais faut pas rêver quand ils auront compris que je suis rien ils vont me massacrer et me faire payer l'attente.



je sais que les polices des moeurs sont la, ils ont été très patient avec moi, je l'admet, mais, ça va mal finir, je fréquente trop de gens, j'entend trop de choses, et puis ... ça m'amuse .

Un soir, je croise Farouk , Farouk est en fauteuil roulant, une balle dans la colonne je crois, Farouk est le boss des Mingettes, excusez ma mémoire mais si c'est pas les Mingettes c'est pareil, Farouk après la mort de son frère est le big boss de la banlieue lyonnaise.
On se croise, c'est rue Merciere, tard dans un bar, on se connait de nom ...
Je sais que c'est un tueur, un vrai, Jo Rivituso m'a dit.

_ Touche pas ces mecs, je t'interdis, c'est des fous ..

J'ai 28 ans, il a pareil j'imagine on est beaux pareils, on a des filles autour, on est rue Merciers, tard dans la nuit, on se renifle.
Je me rappelle, il est assis autour d'une petite table avec son gorille chauffeur et une fille très belle évidement, seul, je suis au bar seul avec une fille pareil, on se regarde ...
Je croise ses yeux, il croise les miens
Et puis on retourne a notre verre et aux seins des filles.
Il n'y a pas de violence ni animosité, ni de problème .

Farouk c'est un islamiste en 1985 ou ca n'existait pas, c'est un Che Guevara, c'est un tueur intello, il a envie de me parler parce que il n'y a pas beaucoup dans sa zone a qui parler.
Il connait Starshooter, il connait mes contacts avec Liberation, Actuel, le Monde, il rêve de se vanter de parler a la presse, il se voit Mesrine et moi, je suis un bourgeois, il m'excite, je sens l'animal.

Il y a des moments comme ça dans la vie, rares, très rares ou les antipodes arrêtent de s'antipoder.

Le bar est très Rue Mercière années 1980, les ceux de après minuit, très sombres, lumières et cuirs rouges, avec des huissiers et des avocats alcoolises au Cognac, des représentants de commerce au mousseux, des Lavilliers et moi des coups aussi et des putes en chasse de fête ou d’avinés dispencieux. 
Bernard un soir je lui est fait un cadeau de putes, deux ou trois je sais plus, des copines, gratis, avant on avait fait un beuf dans un bar a travelos place de la République ou des Jacobins, je sais plus ..
Moi tam tam et lui guitare salsa... 
Rêvons pas, le directeur commercial de Castorama et ses trois représentants régionaux, c'est pas vraiment leur truc a deux du mat dans un bar a pute quand ils ont acheté du Champagne plein but, de voir le batteur de Starshoot avec Lavilliers en place d'une fausse Marylin a moitie a poil en playback... 
On a eu un succès mitigé. 


les cuirs rouges c'est les sièges confortables, les avocats et les huissiers c'est les mêmes depuis Balzac et les putes c'est Nana. 
A Lyon coté cul on est très dix neuvième, notre Évêque, celui qui m'a fait ma confirmation, que j'ai embrassé émerveillé son améthyste sur son doigt potelé et devenu cardinalesque, il est mort raide, sa queue épiscopale dans la bouche d'une copine, Mimi.

Version privée, l'officielle celle soutenue par la " compagnie de Jésus, les Jésuites, c'est qu'il amenait de l'argent en liquide, l’équivalent d'une passe, a cette pauvre fille dans son studio Parisien pour l'aider a payer l'avocat pour faire sortir son mari Charles Santoni.

Genre une pute celebre, elle a besoin du secours pognon en liquide de l’Église Catholique pour faire sortir son encore plus celebre gangster de mari, mais bon c'est Lyon et les Jésuites. 
J'adore. 

A Lyon, la Lyon bourgeoise, tout le monde baise avec tout le monde mais ça se dit pas. 
Il m'est arrivé souvent de dîner a quatre en bonne harmonie avec la maîtresse du mari de ma maitresse, ma maitresse et son mari.
Au vu et sus de toute la rie Mercière. 

Je crois que c'est moi qui me suis levé, je suis allé a sa table, ça doit etre vrai parce-que après, je me rappelle d'une conversation sur une table basse.
Ça pouvait donc pas etre au bar ... la fille me suit, elle est dressée pour. 

J'aime l'ambiance, la nuit a sombree depuis longtemps, on prend le temps, regard pesants dans regards noirs, gestes immobiles, pas un souffle, pas un ventilateur, manque que l'harmonica dans la bouche ....   

_ Salut Farouk
_ Salut Phil .....
_ On se connait pas mais j'ai entendu parler de toi ...
_ Moi aussi

Silence ... les filles bougent un peu d'une fesse a l'autre, tirent sur une Dunhill Menthol longue, sucent un glaçon a whisky et clignent leurs yeux bovins.

Farouk ressemble a un arabe des film Laurence d'Arabie, très beau, très calme, lent même dans ses gestes, les yeux, je me rappelle plus et je veux pas rentrer dans le " regard sombre et brillant comme un diamant noir du desert" mais c'est un peu ça.
Survet Adidas, basket pareil et pas d'accent banlieue.

Sur un claquement sec de doigt de Farouk le barman amène obséquieux trois whiskys et deux Perrier, le gorille chauffeur boit gazeux en petite bouteille verte comme son maître.
  


_ Phil, je veux un interview dans Libe ou Actuel sur ma banlieue.

Direct il est Farouk, genre pas habitué a ce qu'on lui résiste. il parle un français très correct sans accent banlieue poissard looser que tous ses successeurs auront.



_ Tu veux ... tu veux ... c'est pas evident, je dis, tu es quoi Farouk ? tu n'es pas Mesrine ... 

je reste très poli, pas de familiarité avec lui, il y a des gens comme ça, tu sais pas pourquoi, mais ils savent créer et garder la distance, c'est très rare et puis ce magnétisme, ce respect fascinant qu'il impose nonchalamment a son gorille et a sa meuf, ses silences et claquements de doigt pour tout obtenir, totale soumission. 

Farouk s'est approché de moi, presque a mon oreille et de sa voix basse et calme m'a expliqué quelques théories un peu foireuses révolutionnaires que je connais un peu trop. il m'a aussi parle de frères, de religion, chosetruc total bizarre en 1985 .... 
Et puis ... encore plus près dans mon oreille  


_ Phil, j'ai tué des gens, on est serieux, on est islam ... Allahu Akbar ! 





CHAPITRE # March 10 1992 2:52 AM



_ Sir ... put your hand on your back ...


Ce qui est bien avec les flics Californiens c'est que quand ils te menottent ils t'appellent " Sir " .. sauf si tu es noir il parait, je saurais jamais je suis blanc.

Sont gentils en plus, te mettent la main sur la tète pour pas que tu te la tapes en entrant dans la " black & white ", les black & white c'est les voitures de flics a LA.
Te lisent tes droits en plus en anglais sur Sunset et après ce que j'ai bu ... gyrophares et sirènes dans la gueule... je m'en fous total mais je dis Yes.
Ce qui est bien aussi c'est que assis menotte sur la banquette arrière un peu pisseuse  avec une grille devant, la radio qui grésille par shot entrecoupée, la lumière bleue blanc rouge de la sirène qui arrache la nuit, les colts des sheriffs qui rasent la vitre contre mon visage, je suis dans un film a Hollywood, j'adore !
C'est vrai en plus ...  je viens de me faire arrêter pour speeding, excès de vitesse en sortant du Whisky a Gogo sur 8901 Sunset Blvd, West Hollywood.
A cause de deux gonzesses de rêve PamelaAndersonnees que je devais suivre.
C'est le problème avec les Porsches, en seconde tu es déjà bien au dessus du retrait de permis.  
Oublie Phil, la partie selfie cul avec les gonzesses, c'est photo profil et face noir et blanc  flash dans la gueule, empreintes digitales, alcool test et je t’enlève la montre Bretling chronographe, les lacets des bottes et clac clac dans une cellule de vingt mètres carrés avec vingt mecs.
Je passe d'un coup de Miami vice a Midnight Express, vrai vivrensemble.

Dans un coin  y a un chiotte en métal inoxydable et un gros noir assis dessus, jean sur les Nike sans lacets, couilles dehors vu qu'elles ont pas la place dans la cuvette et qui chie et pète ses deux cent kilos.

C'est d'un gout.... ça irait encore si il y avait pas l'odeur.
Pas de siège, une couchette en béton pleine de vomi, néons blanc merde, buzz des serrures électriques, pleurs des fiottes, j'en mène pas large mais j'ai quand même ma gueule qui m'a toujours et me sauvera toujours, je suis pas assis avec les caves a cote du chiotte.
Mais c'est l’Amérique il y a un téléphone. 
Je telephone 
Avocat, libre sous caution au petit matin retour a l'usine.
Los Angeles routine.


Dix ans plus tard .

Au Los Angeles County Jail il y a plusieurs étages.... comment je le sais, je le sais parce que j'y suis depuis une douzaine d'heures et que je passe devant en voiture depuis plusieures années.
Rigolez pas ... ca arrive , pas dans la votre de vie mais dans la mienne des fois .
Le LA conty jail a downtown c'est le plus grand centre de triage d'une des plus grande ville du monde avec plein de gangs et de criminels , vingt quatre sur vingt quatre, sept sur sept, c'est le rendez vous de la misère, de l’absurdité, du malheur gras et de la violence du monde .
Comment et pourquoi je suis la ?
c'est une histoire que je raconterai ailleurs, les douze premières heures aussi c'est un roman a elles toutes seules.

Je suis dans un genre de pyjama trop large mais trop court avec des grandes poches carrées bleu ciel, a bien y réfléchir pas vraiment.... plutot bleu gris tendance prison et dépareillés, surtout les poches, chaussures sans lacet et bracelet en plastique avec un code bar comme les bébés dans les maternités pour pas qu'on les perde.
On est tous pareils a l’entrée enfin après avoir navigue douze heures dans l'urine, les couloirs sordides et les examens médicaux, on vous enlève vos fringues, a poil en troupeaux, douche et on vous rhabille avec des fringues que j'ai jamais vu quelque chose d'aussi grotesque hors les défilés de haute couture a Paris. 

Le talent des gangs a LA et New York c'est d'avoir su convertir en mode fashion leur sortie de prison c'est a dire que qu'ils soient dedans ou temporairement dehors, les fringues restent les mêmes .. le short qui descend mi cuisse sur le caleçon c'est le pantalon sans ceinture a la mauvaise taille que la taule te jette en echange de ton costume Armani, les couleurs grisailles, la basket ouverte c'est evident pour pas qu'on se suicide en se pendant dans la douche, la tong plastique réglementaire sur chaussette c'est pour pas avoir froid aux pieds, le filet dans les cheveux longs est obligatoire et les signes de mains qui servent a communiquer dans les rangs et derrière les vitrages blindées se transforment en gang signes quand t'es dehors.


Pour l'ambiance et l'odeur...
une prison de triage surpeuplée a Los Angeles sent le vomi, la marijuana, la javel, la sueur des gras mâles tatoues et la tension nerveuse, sent la peur et le parfum discount Elizabeth Taylor des sherrifs débutantes, traitées de suceuses quatorze fois par minute, que le gouvernement colle ici en apprentissage de la vraie vie.

Pour l'ambiance y a aussi la lumière, ici c'est le jour toute la nuit et le lendemain pareil, sans montres ni horloge c'est inquiétude au debut de ne plus savoir ou et quand on est et puis on s'habitue, on se sent cosmonaute et puis il y a l heure des repas, ça recadre...
L'ordinaire du County Jail c'est pas pire ni mieux qu'un déjeuner chez MC Donald, les saucisses sont carrées, les œufs menottés, le bacon torturé et le pan cake au faux beurre en éponge nage dans du faux sirop d’érable couleur caca. 
Sauf qu'il faut attraper, s'asseoir, manger, se lever, jeter la vaisselle et quitter le réfectoire en quatre minutes et demi.
Vu que je veux pas trop réessayer le county jail quand je suis mélancolique , je me fais un Mc Do en quatre minutes et demi sur Sunset blvd.... en plus du dégueulasse Il y a des toboggans oranges et des baignoires a baloons avec des gamins qui s’entraînent. 

Apres pour le confort il y a les lits, ils seraient plutot confortables si il y en avait assez mais c'est pas le cas, enfin, ce n'est pas le cas, par catégories......


Si vous ne savez pas c'est parce-que vous lisez la presse bobo ou que on dit que tout le monde on est frères, qu'on vivrensemble, que c'est le progrès, que l'homme doit etre gentil avec son frère etc...
mais en prison des la première minute, la nature humaine reprend le dessus, les noirs vont avec les noirs, les latinos avec les latinos, les asiats avec les asiats et les blancs très minoritaires se serrent les coudes avec les Hells Angels, les white suprematist et autres sympas ...

C'est comme les téléphones, en général il y a trois téléphones c'est un droit constitutionnel, au mur, dans ces larges dortoirs il y a un téléphone noir, un téléphone latino et un téléphone blanc qu'on partage avec les asiats ...
il peut y avoir et il y a vingt blacks en attente et le téléphone blanc est vide a coté mais faudrait etre fou pour franchir la frontière invisible.

La couleur des téléphones est grise c'est nous qui faisons le racisme .
Donc c'est bien d’être blanc parce que on est une minorité mieux organisée et avec plus de pognon que les noirs.
Et pour les lits pareil.... les noirs en surpopulation couchent par terre mais les blancs, a cause de quotas établis on s'en sort mieux.

J'erre, honnêtement je ne fais pas le beau, je connais personne, en France j'avais des noms a donner, des protections..
Ici rien et je parle encore peu anglais et espagnol, les ordres sont glapis, difficiles a comprendre et l'ambiance n'est pas vraiment a l'entraide, c'est vraiment la jungle, la vraie et je n’exagère pas sauf que dans la jungle, j'imagine, j'y ai jamais mis les pieds, on peut monter sur une branche la nuit et s'isoler, ici y a pas, y a pas de nuit d'abord et y a pas d'isolement, pas une seconde.

L’existentialisme réside a se procurer deux feuilles de papier cul, le dentifrice n'existe pas, ce n'est pas que l'administration n'en distribue pas mais il est racketté stocké, coté et revendu comme du Bitcoin.



Sur une autre histoire, une autre prison, je m'en sort bien grâce a  un Cajun assassin de deux mètres, chef du bloc qui m'aborde.

_ Tou parlai li Francais kaumeu moi ? 
_ Oui .... ca fait plaisir de trouver un Pays ! 
_ Houlla la quai cai bon, ma soeur a la moi aille étai Cajun , tou ai mon ami
_ Evidemment que je suis ton ami, j'adore les cajuns, j'avais un cousin cajun même 
Personne va contrôler
  n
ous sommes venus , mon cousin et moi , en Louisiane en 1498 !

_ Wouaaaa, tu ai mon ami, ma famille, Ma soeur un jour elle soussait un negro , j'ai pas pu, tou sai launeur, j'ai mi une balle a elle ai au negro aussi et jeai lui ai couper lai couilles aussi. 
_ C'est bien l'honneur, il en faut... 
_ Si ji vai en la Tennesse cai la peineu dai maur, alors jy ai tuer un cop en California pour raister ila . 
_ A ta place j'aurais fait pareil, on est ami Amigo ! 

Le rêve, le mec c'est pas Einstein mais il fait tellement le beau devant ses potes a montrer que il sait parler Français, en plus je lui dessine son portrait en noir et blanc, que j'ai un lit en haut des couchettes, une couverture propre, une brosse a dent, du dentifrice, un savon, une fin de rouleau de PQ et dix minutes de douche privée ce qui permet de se branler tranquille.  

Quasi quinze jours de vacances. 

Retour a l’étage de la prison de Downtown 

Pendant un transfert je me retrouve dans une cellule plus petite mais surtout plus... comment dirais je... tendue.
J'ai comme une impression d'erreur pénitentiaire.
Un mec au téléphone...
je traduis pour vous parce-que c'est un mélange un peu cholo, americano whatever.


_ Ma chérie , ce mothe fuck de procu , yo me life in prison o dead penal 

_ ..........
_ yo je la'i un peu torturée avant de la couper a vif ..
_ ....................
_ yo t'aime ma chérie .

Promis juré vraie conversation......

La je me rend compte que vraiment y a problème.

Et puis les sirènes avec tout le monde dehors, tout le monde a poil accroupi les deux mains autour et le cul ouvert en toussant , tous les matelas fouillés , les réserves de smoke jetées , toute privates property détruites, l'ambiance cool quoi genre.
C'est vrai que au debut ça surprend mais comme avec tout dans la vie on s'y fait, des qu'il y a un problème en prison il faut se mettre a poil, s’accroupir, ouvrir ses fesses avec les deux mains et tousser.
C'est efficace parce-que les autorités pénitentiaires récupèrent plus de cocaïne que dans des raids Colombien mais croyez moi ça pète et ça pue.
Et puis moi au milieu.
Qu il me semble qu'il s'est trompe d’étage, il en manquait UN a l’étage des normaux et il y en avait UN de plus a l’étage des psychopathes.

et le UN c'est moi.

_ Modafanculo ! 

_ Tu culo de ta mera on va tili cassader 
_ Motherfucker hassholl , je te decoupe mec si je te croise 
_ A la torche on va te la mettre ta bite de pédé.... 

Etc...  etc.... je résume et traduit les mots et l’ambiance quand les Sheriffs m’arrachent et me descendent d'un étage salvateur.

J’apprécie la gentillesse des sheriffs.

j'imagine ma nuit a l’étage supérieur, seul, enfermé quatorze heures au milieu d'une soixantaine de gang members, pervers, psychopathes, les cerises sur le ghetto des fous furieux de toute la Californie et un peu énervés par les événements, les heures a poil dans le froid et la perte de leurs propriétés et sachant que c'etait a cause de moi.

Downtown LA county jail Juin 1998 7:46 AM je suis en combinaison orange, entre mon vieil ami et avocat juif. 

_ Philippe ... il faut que tu plaides guilty, tu n'as pas l'argent et tu ne trouvera pas un avocat pour prendre ton cas... 

_ Arrêtes tes conneries, tu sais bien que je suis innocent ! 
_ Je sais mais tu n'as pas le choix 
_ Mais il n'y a pas de justice 
_ Philippe.... s'il te plait, ne me dis pas que a ton age, tu crois encore a la justice... 

Signe ici 


_ Ok.





Un jour , un jour seul , je connais la vraie misère enfin quasi , parce que la vraie misère c'est en plus de la déchéance matérielle, le manque absolu d’espoir et ça , je n'ai jamais connu .   

La misère normale c’est un jour sans manger et sans toit  j’ai connu ce jour, un jour seulement mais c'est assez pour s'en rappeler toujours.


Juin 1998 mardi 1AM Los Angeles dehors County Jail Down Town. 


je suis relâché du County jail a une heure ou deux du matin


sans téléphone la pile de mon portable est morte, sans argent, sans voiture, sans voiture a LA tu es mort deux fois, sans appartement.
A Paris c’est plus facile... Il y a toujours quelqun proche pas a LA.      


Je passe la nuit sur un banc dehors la prison, ça va il fait pas froid c'est l’été, le froid ça tue le moral plus que la faim . 

Je n’ai pas mange depuis 36 heures même si je me suis rattrape depuis et puis doucement a quatre du matin même a LA Il commence a faire un genre de froid, pas vraiment froid, mais un tremblement humide qui gèle tout le corps dans des fringues pas a moi et trop longues ou trop courtes.
Dans la misère dans la rue le pire c'est le froid et le pire du pire c'est le froid humide et je connais que le froid de Los Angeles, j'ose pas imaginer a Lille ou a Tourcoing, le froid humide et glacé.

Je m’ébroue, dans deux heures le soleil qui se pointe sous l'autoroute va me réchauffer, a défaut de chaleur y a la couleur, c'est beau les lever de soleil a Los Angeles.  

_ Quesque je vais faire ? 

Je me parle a moi même tout haut, assis sur mon banc en gesticulant.  

_ Quesque je vais faire ! 


Avant, avant les smartphones, se parler seul quand il fallait encore parler avec son téléphone a la main collé a l'oreille, c'etait une attitude étrange. 


Je dois etre très drôle avec mes fringues deparaillees, le county jail ne rend jamais 

tes propres vêtements mais personne n’a envie de discuter a la sortie de l’enfer 
pas rase, pas lave,je divague. 
Le vrai sans abris je suis, il me manque que les ponts de la Seine et une rencontre surréaliste 
Je délire solo, je me rappelle d'une rencontre fortuite avec Robert Clergerie, les chaussures Clergerie, nous avions une boutique cote a cote a rue Emile Zola a Lyon.

Je me gare, je fais un créneau sur Melrose blvd  avec ma Porsche noire j'ouvre la porte, je sors et referme la même porte et je tombe sur lui qui marchait sur le trottoir. 


Comme le monde est petit, c’est bateau, c’est petit bateau même.

Robert, l'air ahuri moi pareil j'imagine. 

_ Phil ... !

_ Robert ... !
_ Ca va toi ?
_ Moi ca va et toi ca va .. ?
_ C'est étonnant de te voir la
_ Oui c'est étonnant .
_ tu fais quoi ici 
_ je me promène sur Melrose , et toi 
_ Moi , je me garais
_ c'est bien 
_ oui 
_ ca a l'air d'aller pour toi 
_ tu dis ca pour la Porsche ?
_ non pas vraiment mais .. 
_ tu as toujours ta petite vendeuse , elle était mignonne 
_ oui , oui elle est très sérieuse 
_ a bon ... 
_ on s'appelle 
_ bien sur 

Je n’ai plus rien... rien mais j'ai moi encore et je me parle.  


Je suis assis sur ce banc en métal et béton ou l'inverse dans le matin qui se lève, petit comme tous les matins de roman. 

Vous en avez déjà lu des livres avec des gros matins qui se couchent ? 
les petits matins se lèvent. 

J'ai un sac en plastique quand même, un sac offert par le département du county jail dedans je palpe des cartes de crédits mortes de leur belle mort, mon alliance, deux paires de chaussette tout profit, je suis entre avec une paire et ressorti avec deux, un billet de cinq dollars, un quarter, six cents en cuivre, trois cigarettes humides sans le paquet c'est bizarre et sans le briquet aussi. 

Je tâte je touche du crocodile, de l'or, comment je sais que c'est de l'or, je suis bijoutier, l'or est lourd, très lourd, un litre c'est dix neuf kilos trois cent grammes et des poussières, mat au bruit et jamais froid au toucher, mes yeux s'allument dans l'aurore naissante, ma main tremble, mon coeur bat la chamade.
 

Ma montre Corum en or est la dans ma main sale, au fond du sac en plastique, j'avais totalement oublié que je la portais le soir du désastre.
Une montre a $ 4000 minimum lueur de vie, un phare dans la nuit de mon abjection, y a pas a dire quand tu es dans la merde le pognon ça aide. 

Je la touche, je la caresse, je l'embrasse et je me livre a l'adoration du veau d'or même si c'est que juste une montre. 


Trois heures d'attente humide, libéré de mes soucis d'argent et du futur immédiat je dilapide mon billet de cinq dollars chez un Coréen en un large café et deux donuts a la crème gluante au citron fluo transparent , mes préférés et comme ça fait que quatre dollars et soixante trois cents je laisse même un pourboire dans le verre en plastique marque " tips " sur le comptoir en formica écaillé au bords, marbré crème. 


Trois heures devant la porte du Pawn shop celui sur Hollywood blvd et La Brea  la version usurier made in USA ... il fait très chaud très vite a Los Angeles, je transpire dans mon maillot Lakers en polyester jaune a manches longues , neuf du matin, le pawn shop ouvre sa grille, j'entre, je dois faire louche, enfin pas le look a posséder légalement une Corum en or.
Je donne ma montre. 


_ Is it gold ?

_ yes it is vrai gold a 18 carats, pas comme tes merdes américaines a 12 ou moins ... 
_ Do you have an ID ?
_ Yes j'ai une carte d’identité, une driving license Californienne 
_ Give it to me 

Je ne me rappelle plus du tout le physique ni la tète du patron du shop, c'etait juste pas sordide du tout, plutot ensoleillé et décontracté.  

Il prend ma licence et ma montre, me regarde, il a très vite compris, c'est son business d'acheter la peu , l'angoisse et le besoin absolu mais il sait faire avec le sourire.
_ $ 360.00 
_ Sir , it is a Corum a minimum $ 4000.00 je dis..... 
_ $ 360.00 
_ Ok 

Il compte les billets verts sur le comptoir transparent avec des bijoux dessous, je demande cent dollars en petites coupures, il fait pas d'histoires mais me donne trois cent cinquante neuf parce-que il lui manque du change qu'il me dit. 

Pawnshop c'est un business de rat. 

La vie est belle ... je peux  manger, prendre le bus to Long Beach, la première fois que je prends le bus ou j’ai un vieux bateau sans vitres 

j’ai un toit ... $ 300.00 devant moi 
la vie peut  reprendre la vie est so belle.

_ Babee , tu sais que ça va mal finir, tu sais un matin ils vont venir .. il faut que je me casse aux US, très loin, très vite.... 
_ Je t'aime mais je crois pas les hommes .. marie moi et je te rejoindrai. 
_ Ok.

C'est comme ça que je me suis marié a Marseille a l'Estaque avec Jo et les renseignements généraux comme témoins. 



Dix ans de profondeur, je cherche les mots mais le mieux c'est  profondeur, dix ans de profondeur en sexe, en amour parfait c'est a dire terrible parfois, dix ans de caresses lentes, de cocaïne week end éternels, de dîners simples dans une pizzeria sur Hollywood blvd ou fous chez Maurice Café sur la Cienega blvd, dix ans de t’attendre a l'aéroport.
L'angoisse que tu passes pas l’émigration et puis te voir avec ta petite valise et ton chihuahua de merde monter la rampe du LA air-port et puis s’asseoir, souffler, boire un verre au bar en face que tous les angoissés de l’immigration connaissent a Los Angeles airport, souffler encore, caresser tes cheveux, t'embrasser, rire et te dire je aime. 



CHAPITRE # 11
 May 28 1991 9:34 PM 



C’est une belle nuit d’été 

Je suis jeune, riche et beau.

_ ils sont la ... dehors !

 Moi nu dans l’appartement 
 _ Qui ?

 Juliana 

_ Eux ! 

Je regarde a travers la fenêtre et effectivement les « Eux « sont la ! 

Ils nous attendent dehors avec tout l’armement possible.

Cocaïne, cocaïne, cocaïne.…

Cocaïne, la seule drogue que j’ai jamais utilisée, drogue d’imagination, de pouvoir, de business de créativité, de sexe absolu, extension du temps et du plaisir, flash de crayonnés sur feuille blanche, mémoire et écriture, rituel païen, Miroir, credit cards, billets roulés et lignes blanches.
Respirerez très fort, le conscient qui s’éclaire, le corps se regroupe, repose et s’éloigne juste ce qu’il faut.
Les idées jaillissent, les gestes fluident. 
La vision du train et de la chute de Cocteau dans « Opium « en moins dramatique. 
J’ai joué de la batterie sans cocaïne et plus tard avec cocaïne.
Je ne jouerai plus jamais de batterie.

Kiki   

_ Plus de Eux , On baise !   

les « Eux « c’est le cote inquiétant de la cocaïne, la paranoïa, les espions en bas de l’immeuble qui disparaissent les rideaux tirés.

Kiki a un très beau petit cul.
Ce soir c’est sex & drug & rock roll, le romantisme c'est plus tard, Kiki est belle petite fine et sexy .
Juliana a des hanches plus larges, très italienne, gros seins, saveur de coquinerie étrangère, salope avec le mystère de son existence passée, peut être la moitie dans une maison de correction.
Elle a des yeux superbes, une grâce qui grise, une séduction qui pousse aux folies, un charme malsain et irrésistible. 

J’ai rencontré Juliana sur un parking, j'avais ma Porsche Carrera ça aide pour séduire les chiennes.
 

Le soleil était de Californie  
Le film , la musique...........
Juliana qui marche au ralenti vers moi sur le parking brûlant, moi assis dans la voiture, musique Ennio Morricone le son de l’harmonica on connait... 
Les yeux, l'harmonica, les yeux encore, le vent, le soleil, le parking.

J’aime les Porsche's plus que toutes autres voitures parce-que c'est les seules voitures qui ont une odeur, une odeur de mec,  elles ont une odeur d'huile au démarrage, sexy vrai pas comme une Ferrari de fiotte.

Julian.....  tes seins !
Une Porsche c'est bas sur roue sur le parking et Juliana s'agenouille a la vitre que je baisse lentement dans un suintement électrique silencieux. 
Il faut avoir eu une grande Mercedes ou une Bentley pour savoir le suave du baissage de vitre, c'est comme de-graffer lentement, très lentement une jarretelle ou un corset de dentelle, c'est comme embrasser tendrement un cul de jouvencelle.  
Un truc que ces grosses vaches de féministes balourdes ne peuvent même pas imaginer. 
On se calme. 

_ Como se va Filipe.......... 

elle me dit cette belle a moi que je n'en peux plus de ses seins échancrés dans le tee shirt en V et le cadre de la fenêtre, je transpire de sueur lubrique même si j'ai la climatisation a fond dans la voiture.

C'est comme ça que nous nous sommes rencontrés sur un parking, Juliana , mais elle était aussi copine en business avec Kiki aussi avant et je ne le savais pas . 

Toute les mêmes.  

Je ferme les rideaux de l'appartement sur Hollywood Hill, je grappille quelques grammes au fond d’un paquet en plastique de pure coca, le mari de Juliana importe par centaines de kilos et lui laisse les emballages en plastique avec des noms étranges dessus et beaucoup de grammes purs dedans dans les coins.

Juliana est en culotte et a la fenêtre chuchote.

L'appartement est un loft un peu luxe classique a LA, deux étages en un, carpette grasse grise, large baies vitrées sur rue et miroirs pour se voir en longueur des portes coulissantes des cabinets closets immenses. 

Cuisine ouverte avec double four qui sert jamais et frigo double porte et ice maker, toujours rempli de junk food, deux salles de bain avec deux chiottes deux douches et une baignoire, murs blancs en stuco, meubles contemporains sympas et des tableaux abstraits moches et cons comme tous les tableaux abstraits.  

_ Ils sont la.


Kiki 


_ Qui … ils ? 

_ Viens voir , ils … tu sais bien qui , ils sont en bas du building 
_ Les mêmes encore et toujours dans tes rêves de camée  
_ Et après 
_ Quoi après, ils sont la ! 
_ Tu pars en sucette ma fille .... 
_ Je te dis qu’ils sont la, en bas, tu les vois pas avec leurs gueules de flics avec des chapeaux et des mitraillettes.

Je m’approche de la fenêtre et ... Ils sont la, je les vois.

Il y a des « ils « et des « eux « partout dans les coins du parking avec des flingues brillants et des jumelles braquées sur nous, je flippe grave c'est comme ça on dit dans les nineties, je transpire et je bande aussi dans ma tête surtout vu que la coke pour un mec  pour etre dur c'est pas le mieux.
Je ferme le store vertical , ça va mieux d'un coup. 

La bonne coke c'est aussi la paranoïa, a un certain niveau on voit des flics qui n'existent pas vraiment. 


_ On se calme les filles, ils sont dehors, nous on est dedans, ils nous attendent a la sortie, on ne sort pas on attend on est bien.


Kiki & Juliana 


_ T’es sur…. ?

_ Wouiii

Juliana 


_ Et mon mari ?

_ De quoi tu parles ?
_ Elle parle de son mari 
_ Tu parles de ton mari ?
_ Oui 
_ Tu es folle ma fille, il en a pour vingt ans en prison fédérale et puis c’est un faux mari de toute façon, tu l'aimes pas vraiment tu sais bien. 

Juliana pleure son mari et va encore faire la gueule pendant cinq minutes.


_ Ok les filles, je répète 


Quand on est coke stone on se répète souvent ... 


_ Ils sont dehors nous sommes dedans, ils vont se fatiguer et partir et nous , nous, on va se remplir de coke, on a plein de stock et on va baiser toute la nuit et le jour qui suit et la nuit après aussi en attendant que le parking soit clean, ils vont se fatiguer a la fin et après on rentre a la maison.....
c'est une bonne idée....non ?  


_ Yesssss , Bonne idée 


Une nuit, un jour et une nuit de délire, de peurs , de rire, de frisson, d’amour, de sexe et surtout d’histoires racontées , de voyages dans les fantasmes, de repos exténués, de situations infâmes, ambiguë, crées, imaginées, vécues, subites. 


Deux culs parfaits.
Je les ai regardés, touchés, embrassés , baisés....
aujourd’hui je m’en rappelle parfaitement, la coke quand tu es artiste ça permet de baiser sans vraiment bander pendant..... vas savoir, deux jours et une nuit quasi non stop et de faire rêver soi même et exciter deux femmes belles radicales et difficiles. 


j’ai baise un moment Juliana très fort

Le lendemain Kiki m’a dit :
_ j’ai vu tes yeux, tu l’a baisée comme tu me baises, tu ne m'aimes pas suffisamment.

Le surlendemain Kiki était a l’hôpital après une sérieuse tentative de suicide.


Allez pas croire que c'etait un suicide tragique, Kiki se suicidait régulièrement, bien avant même qu'on soit ensemble a coup de rasoirs, de médicaments, de baignoires.

Mon amour, tu étais coupée, cicatrisée de partout et même traversée par un connard un client qui un jour t'a poignardé dans le dos.
Tu as, couverte de sang jeté ses fringues dans la rue, il a paniqué et est parti en te laissant son couteau dans ton petit corps.

_ Tu sais Phil les coups, le sang , ça fait pas mal c'est de t'aimer qui fait mal. 


Le suicide c'est un peu ta vie, j'ai toujours été avec toi sauf jusqu'au dernier ou j'etais plus la.

Je suis parti parce-que tu allais me tuer, je le sais et toi après en même temps mais ça m'allait pas comme scénario.  


..................................................................................................................

j'ai bu une demie bien tassée d'une bouteille de Bordeaux, alors je me demande quoi faire, entre etre et boire ou ne pas etre, je choisi d’être.

Mais comme pour éviter un alcoolisme trop omniprésent, je n'ai pas de cave a la maison , je suis a sec
Je ne peux boire et conduire , pas par responsabilité mais par peur de la prison , je n'ai plus l'age. 
Alors je fais une chose étrange a Los Angeles , je décide de marcher a pied jusqu’à un magasin qui vend du vin. 
Je met des chaussures de marche et je décide même, l'aventure c'est l'aventure .... de ne pas prendre avec moi mon Samsung Note 8.
J'ouvre la porte de mon appartement , je tâte du pied le sol du parking et m'alance dans les chaleurs de l'hiver Californien.
Je marche, je marche encore sur un trottoir gris avec des herbes folles entre les plaques du béton tattooe de tags moches, je croise un piéton rare et égaré comme moi. 
Je marche sans Waze , je tourne a gauche sans que sa voix suave me susurre ... " relocating ".
C'est si bon de se diriger comme nos ancêtres a l'instinct !
Je suis sur qu'il y a un 7 Eleven au coin de la rue, je me souviens. Je suis sur ....
Dans cette folie qui m'a saisie ce soir , je suis allé jusqu’à sortir sans mes credit cards, hagard je choisis une bouteille rouge et propose de payer en cash vert .
La Coréenne du 7 Eleven en a rien a foutre de mon existentialisme et encaisse et me rend de la monnaie.... 
je lui demande gentiment un sac plastique vu que je ne veux pas naviguer au retour une bouteille a la main, elle me dit
_ C'est dix centimes le sac, c'est la California tax pour sauver les phoques 
_ Pas de problème j'aime les phoques , c'est pas vrai, je hais les phoques , ils puent mais ce n'est pas le sujet de ce soir . 
Je paye royal en cash les dix centimes et entame mon épopée de retour.

Le retour fut beaucoup plus banal, comme quoi l'aventure c'est un truc plutot fugace.


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CHAPITRE # 12
August 03 1989 8:39 AM 


Los Angeles downtown 12 St & San Pedro avenue 1989 8:39 AM .

Driiiiiing.... 
A Los Angeles le téléphone sonne positif, pas comme en France ou il pue l’huissier, 
et a LA, même quand il sonne mauvais, c'est que temporaire .

_ Allo Phil , il me faut pour Walmart 400.000 Tee shirts en Ty dye pour dans trente jours 
_ Dans tes rêves !
_ Y a une tonne a prendre...
_ Arrête tes conneries, 400.000 tee shirts Ty Dye c'est .... donne moi deux minutes, je calcule, trois millions deux cent mille élastiques.
_ Ça se trouve...
_ Je sais que ca se trouve mais il faut aussi les mecs pour les enrouler les élastiques .
_ C'est ton problème mon frère, y a une tonne a prendre je t'ai dis.
_ C'est combien " une tonne "  ?
_ $ 50.000 en cash pour toi sur ma mere .
_ Wouaaa Ben... Ok.. a bien y réfléchir ça parait enfantin, comment je n'y ai pas pense avant, ça va etre de la rigolade et puis les élastiques, trois palettes, c'est bricole. 

Ben raccroche, je raccroche, il fait chaud dans l'usine , sur la 12 ST, le ventilo au plafond fait  flop flop .. flop .. comme toujours dans le bouquin, j'aime les ventilateurs ca met de l'ambiance quand il n'y en a pas, comme maintenant en attendant un coup de telephone .  
Dix minutes d'attente, j'ai déjà décris le bureau, alors je ne vais pas recommencer mais comme j'ai dix minutes comme je viens de vous le dire, je peux vous expliquer le tye dy . 
En plus ça sert a comprendre l'histoire. 

Le tye dy c'est une mode hippie qui revient régulièrement tous les cinq ans, c'est moche mais ça plait aux cons, aux connes surtout, ça fait coooool, c'est multi color, on peut aussi mettre des signes de la paix, ça mange pas de pain .
C'est sur des Tee shirts blancs surtout et c'est comme imprimé devant, on dirait un soleil qui a fumé de l'acide .
Pour le réaliser, il faut enrouler entre six et huit élastiques espacés de deux a trois centimètres autour d'un tee shirt et le teindre en différentes couleurs une après l'autre ca fait comme des fleurs ou comme je le disais précédemment, des soleils sous acide.
Vous connaissez tous, vous avez tous vu, des chances que vous en ayez un dans le placard se votre ex. 
Le problème c'est que c'est un truc de Baba, un truc artisanal a faire a la ferme bio en fumant des petards et pas facile a produire en mass market .
il faut des tee-shirts blanc 100% coton, c'est important que les coutures soient pas en nylon, je vous dirai plus tard pourquoi, dans une autre embrouille, après la teinture il faut les laver, rincer,les sécher et enlever les élastiques ... un truc de fumeur de haschisch, bien quand t'en roule trois mais un truc de dingue quand il en faut quatre cent mille. 

Le téléphone resonne...... Driiiiiiing ! 

_ Allo Phil ... je dois signer avec Wal Mart dans deux heures, on est OK ?
_ Oui, on est OK, amène le cash, $ 10.000 pour commencer....
_ Je peux pas, ce soir, sur ma mère...
_ Si tu peux pas ce soir sur ta mere, viens que on fuck le deal Wal Mart ?
_ Dis pas ca c'est pêché, on va pas perdre le deal, je te donne ma parole mon frère, t'es fou ou quoi, tu vas me faire mourir ! je te jure sur ma mère, je peux pas $ 10.000 ce soir !
_ Hello Ben, on est pote, amène $ 8000.00 et on est bien toi et moi
_ Sur ma mère et sur mon frère et sur mon cousin et même sur ma belle sœur, je peux pas. 
 je peux $ 5000.00 au max et tu me suces le sang sur ma mère, je te jure ..
_ Ok, ramènes toi avec cinq mille mais en petites coupures.

Y a jamais de contrat a Down Town Los Angeles, c'est tout tapage de main a coup de centaines de milliers de $, la tradition du sentier, ça évite les impôts aussi un peu et puis c'est convivial, " je te dois un million de $ , tu m'en dois deux ou trois ", c'est du virtuel avant l'heure, tu dois toujours plus que ce que on te doit, ou l'inverse mais au passage , il y a beaucoup de cash qui circule et quand on est pas très comptable comme moi, on se sert dans la caisse, rien de mal c'est ma caisse, ça permet de vivre plutot bien , très bien même.

Je sors de France ou il y a l'URSSAF et plein de trucs drôles, utiles et inutiles mais qui te détruisent et te pourrissent la vie, avec des fonctionnaires gris et poudreux avec un petit tatoo sans couleurs, gris noir baveux, pas cher, pour faire punk, caché sous la manche pour pas que le chef le voit trop, sales dans leur tète, ringards dans leurs inspections, rateux ( rats ) dans leurs redressements et minables dans leur vie de cul de salopiots, j'image .
J'image , comment ces mecs doivent baiser leur Fatoumata ou la Germaine .....
le soir en rentrant dans le mignon minable pavillon peint a neuf en beige clair et a credit, en ban-lieu, après avoir métroné deux heures et vingt quatre minutes aller et kif kif retour.
Vous avez compris que je peux pas les saquer.


Trois palettes d’élastiques, trois fuckin palettes d’élastique que je commande a une usine d' élastiques au Kansas, le Kansas c'est un état Américain pas très connu, un peu country musique et très loin, et que je reçois trois jours après.

Vous savez ce que ca fait trois palettes d’élastiques ?
les mêmes élastiques que ceux que vous mettez pour attacher les bouquets de fleurs, les petits marrons tout cons, les moins chers . 
Ça fait trois millions et des poussières de petits élastiques marrons comme décrits au dessus. 
Ça fait deux mètres de long par deux mètres de large par deux mètres de haut d’élastiques multipliés par trois palettes.
Ca c'est rien, c'est le cote technique et financier de l'histoire, mais il va falloir les enrouler les huit élastiques par tee shirt ...
Faut pas sortir de Polytechnique pour enrouler huit élastiques autour d'un tee shirt mais faut un paquet de mains, et de l'organisation.
Je panique pas, je rassemble mes Mexicains, je dis qu'on va travailler jour et nuit et que je vais avoir besoin de la famille, ça tombe bien ya plein de famille qui a envie de bosser.... 
un coup de fil au Mexique et le lendemain y trois cousins par cholo !( terme mexicain pour homme ) 
De cent travailleurs en huit heures shift, on se retrouve en vingt quatre heures a deux cent par vingt quatre heures shift... c'est du marketing mathématique de base !
C’était le temps ou on immigrait et émigrait sans problème via la frontière Mexicaine .

Mais il en manque quand même....

Dans mon usine j'ai des grandes tables, de l'espace et trois camions... ne reste que les mains a trouver tout de suite , a l'estimation de quatre cent par jour, divisé par deux mains par mexicain ça fait deux cent cholos ( mot espagnol qui veut dire homme un peu gang mais pas trop, très Los Angeles  ) a trouver, divisé par deux shifts de nuit, vu que je peux pas tuer ma production du jour.. ça fait..... au pif, plusieurs camions .
Alors c'est Camions direction Downtown, homeless et journaliers on charge dans la rue on décharge a l'usine, non stop.

Le job est facile, c'est direct devant une table, une fiche avec un nom, un sac d’élastique, trois minutes d'apprentissage, un carton de tee shirt et basta.
Plus facile tu meurs et surtout c'est paye a la pièce en cash a la fin du jour ou de la nuit.
L'usine pue la sueur, la rue, le claquement des élastiques et les chiottes qui débordent.
Ya pas de pointeuse, de délégués syndicaux et autre merdes mais y a musique a fond avec les basses a pas cher qui vibrent tous les quatre temps, " Los Tigres del Norte " du punk traditionnel Mexicain, j'adore, la musique et le look c'est sombreros trompettes mais les paroles c'est entre Renaud et NKM.
C'est vrai que pour un jeune français habitué aux procédures d'embauche syndicalisées et administralisibulshitees .... ça fait un coup, réveille la tète, ça te fait retomber sur les planches, te fait voir le vrai monde, te fait sentir la chauffe du plaisir, de la vraie vie, du bonheur... même.

Et il faut payer tout le monde, le meme jour en liquide.

La vie, la vraie vie, la folie du business, du pognon qui rentre d'un coup, le loto quasi , mais gagné a coup d'heures de sueurs, de risque, d'aventure, le vrai grisbi, le green collant aux mains, le cash en fin de semaine !

Je met les bottes en lézard noir sur le bureau, j'ai vu ca dans les films quand j'etais petit.
Fin eighties ... Dowmntown LA c'est la jungle, un peu la Chine aujourd'hui, les pandas et les communistes en moins, c'est a dire le bordel et la joie en plus !
Ça arrête pas.

_ Nombre ? ( ton nom en espagnol ) 
_ Ramon

Ramon me donne son papier signé a la main par un contremaître ...
_ 243 tee shirt par $ 0.20 esta .. $ 48.60 ... esta bien ?
_ si patron

_ Nombre... ?
_ Ramon
_ Si patron .
_ 216 tee shits by $ 0.20 ... it is $ 43.20 , it is Ok .. you speak English ?
_ No boss...

Ramon sort du bureau avec ses $ 43.20 

_ Next 
_ Nombre 
_ Ramon

Je dors pas, je coke , on livre les vingt mille tee shirts par jour et on ramasse les ouvriers dans les mêmes camions que nous livrons les Tee shirts non stop, je paie en liquide a la pièce, au milieu de la nuit, du midi, du matin, trois fois par jour, dans un petit bureau vitré, avec une mallette ouverte pleine de petites coupures qui sentent le vert, et une boite en métal pleine de pièces, avec Jose Luis Barraras toujours derrière moi de mon appartement a la banque et a l'usine, fusil a pompe sur la poitrine et ses frères dehors enfourailles pareils derrière, la routine . 
Je suis le seul pas armé, je ne veux pas faire de provoc, je suis un patron social .

Dans mes usines j'ai toujours joué famille contre familles, c'est pas neuf c'est une stratégie connue de Machiavel et de Talleyrand, mais ça marche super quand tu as quatre cent mecs et gonzesses a gérer.

Je laisse le total pouvoir a trois chefs de famille, en concurrence dans l'usine, ils s'espionnent et se dénoncent, ont le pouvoir d’embaucher, de sanctionner et de licencier a leur bon vouloir, d'abuser les jeunes migrantes j'imagine comme dans toute situation de pouvoir de Hollywood a Downtown mais ce n'est pas mon problème.
Un Boss par famille, ça veut dire des fois plus de soixante dix personnes de sa famille qui dépendent de lui, un pouvoir énorme que je donne mais peux révoquer quand je veux. 
En echange je leur demande le travail jour et nuit, l’honnêteté absolue vis a vis de moi, si un Tee Shirt disparaît, la famille est responsable... et évidement la paix sociale.

Ce qui veut dire en clair que si un employé veut un jour se plaindre contre moi aux " prud hommes " ou quelque chose de similaire, toute la famille en payera le prix et l'autre famille le bénéfice. 
C'est évidement socialement impossible pour le pauvre employé mais parfait pour la bonne marche du business.

_ Nombre ... ?
_ Ramon
_ What de fuck ! ils s'appellent tous Ramon !
_ If you want boss, said.. Jose... c'est mon cousin.

Je m'en fous total, je récupère le chèque chaque  matin de Wal Mart, je cash, c'est a dire je transforme en liquide le chèque chez un casher qui me tape 2 % , ce qui veut dire que  a neuf heures du matin, chaque matin, José avec son fusil a pompe et moi une mallette, on fait la navette entre Broadway et l'usine, cinq blocs d'angoisse un peu quand même.  


Une routine de trois semaines mais on les a fait les quatre cent mille et j'ai acheté ma Porsche.


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Chacun ses rêves, les miens sont depuis tout petit... Américains 
J'ai quitté la France il y a trente deux ans a vingt neuf ans par manque de rêves, ce fut la plus judicieuse décision de ma vie même si je reviendrais surement comme mon pote Johnny " au pays " pour y mourir.

Hier, Musk a lancé , tout seul comme un grand une fusée magnifique, la plus grosse du monde pour qu'elle aille, un jour sur Mars, quasi vouée a l’échec vu qu'elle était la première, il avait mis dedans sa belle voiture rouge décapotable avec un cosmonaute encore plus beau que les cosmonautes de " 2001 L'odyssée de l'espace " de Kubrick....

Le rêve , c'est que non seulement la fusée a émotionnellement décollée, supportée par l'optimisme exubérant des ingénieurs de Space X mais les deux lanceurs sont revenus après huit minutes sur terre, parfaitement synchronisés comme un ballet de chez Star Wars... ca m'a fait pleurer d’émotion.

Je sais pas vous mais c'est plus bandant que voir Hidalgo inaugurer des velolib et la conquête de Mars en 2024 m’excite plus que ses jeux Olympiques hasbeen....

En France le rêve s'est arrêté en 1973 avec " la crise " et la fin du tunnel de Giscard que vous attendez toujours. 
Le socialisme a pris le pouvoir de vos dreams, rêver est impossible. 
les impôts démentiels, l'administration, les interdits, la paperasse, les points de permis, les gilets fluo pour motards, vous ont petit a petit étouffés, uniformisés, déresponsabilisés et appauvris, jusqu'au point ou même vos cauchemars sont devenus impossibles.

Musk a mis en boucle une chanson de David Bowie, programmée pour chanter en orbite autour du soleil pendant deux milliard d’années.

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CHAPITRE # 13
August 17 1989 5:46AM 



Stanford & 12 St Downtown Los Angeles.



Matin clair, entrent sur le floor de mon usine au milieu des neons trop blancs et de la vapeur des presses... deux mecs, une montagne chauve et un court trapu poilu jusque dans les oreilles.



Quand je dis montagne c'est une montagne, je suis pas sentimental ou trop émotionnel mais , la, c'est du costaud, genre deux mètres dans la hauteur, un dans la largeur épaules et cinquante centimètres a la ceinture... du costaud je vous dis .

Tee shirt noir avec les manches coupées pour que les biceps et les triceps et les autres ceps puissent bouger, un tatoo " a ma maman " écrit en israélien, un jean moulant et des bottes en lézard noires comme les miennes mais la classe en dessous , ça devait etre des vulgaires GoWest et une Rolex en or massif fausse. 



Comment je sais que la Rolex est fausse ? je suis bijoutier, juste au bruit, je sais qu'un Rolex est fausse ou pas, l'or ne fait pas de bruit.



_ Et comment tu sais que elle fait pas de bruit vu que tu es a l'autre bout de l'usine 

_ Je le sais après mais j'en parle maintenant pour ne pas a avoir y revenir plus tard et couper l'action.  



et une gourmette de un kilo en argent autour du coup ... 

Comment je sais qu'elle fait un kilo, je vais pas vous refaire l’histoire du bijoutier mais c'est a l’œil, et puis l'argent ça vaut pas trop, alors, y a pas besoin de faire du faux .

les yeux injectés,cocaïne, ça je connais sans etre allé a l’école.



Le court trapu, c'est le tueur des series B tipicos ( typique en Mexicain ), pantalon de survêt violet retroussé en bas sur des pantoufles de sport en fourrure du Zarkanistan avec un signe prétentieux brodé dessus en doré, en haut, enfin dans la partie superieure du trapu court, un sweet vert fluo délavé avec des fausses bandes Adidas, quand y a que deux bandes Adidas sur un vêtement, tu sais que c'est un faux made in China, une Rolex avec des diamants qui sent la vraie, volée sur un cadavre, des poils depuis les oreilles jusque sur les ongles, Rayban miroir, cheveux noirs courts frisés et des paluches a jouer au tennis sans raquettes ! 

les yeux injectés, cocaïne,ça je connais, on vient d'en parler ya une minute.









Ils disent rien, me calculent pas, ils passent dans les lignes de production ou on entasse les vêtements finis avant livraison, entre les longues tables, sous les racks coulissants de cinquante portemanteaux groupés et charges de chemises fripees, entre les lignes de fer a repasser et les Mexicains en transpiration, ramassent deux, trois jeans et chemises Guess , nonchalamment .

le bruit dans la vapeur c'est une centaine de paires de petits ciseaux des Mexicaines qui coupent les fils de couture des vêtements et les coups sourds de vingt presses qui s’abattent sur les jeans, y a la mitraille des machines a rivet et de celle a bouton aussi.



Le grand devant, le courtaud derrière, ils déambulent et font leur shopping dans mon usine comme des gonzesses a Beverly Hills . 

Je suis nouveau a Los Angeles, bien sur je connais le racket, ma femme est de Marseille, mes amis sont Corses ou Siciliens, je sais que c'est serieux, très serieux, surtout quand tu connais pas, quand tu ne sais pas qui est qui et que tu ne connais pas trop encore les moeurs et les gangs du coin .

Donc d’entrée j'aime pas trop l'ambiance, ça sent, ça suinte la violence, la vraie, le coup des jeans et des chemises, ça respire l'appâtage, la provoc a deux balles mais en vrai.

Et puis je suis un bourgeois, je peux faire semblant face a des caves ou des petites frappes mais face a des vrais, des vrais mafieux, je fais pas le poids .



Le géant chauve contourne une table, ouvre la porte de la cage vitrée qui me sert de bureau, prend gentiment la secrétaire chinoise par le bras jusqu’à la sortie, referme très doucement et click le lock, il jette les jeans au trapu derrière lui et se plante devant mon mètre soixante dix, je reste assis, c'est mieux.

_ Moi cai Israel ..... mon paute , tu lapaile " Godzilla " c'est son paitit nom , lai jeans ssai cado , chez toa ssai chai nous .... comprendo ?

il parle Français la brute cocainee, ça aide a fraterniser et puis ça fait ambiance tonton flingueur.
Moi je lui dis...

_  C'est pas vraiment moi le patron, les chemises et les jeans, c'est cadeau de la maison, charmé de vous avoir rencontré, laissez votre carte de visite au cas ou on voudrait vous joindre.
Et après Je ferme ma gueule, j'ai peur, et alors.... ça va, rigolez pas ,j'ai pas honte , j'ai en face de moi des vrais tueurs, enfin, ils ont l'air, ils ont vraiment l'air.
Les cimetieres sont pleins de courageux inutiles.

Ils se cassent en disant en Israélien ou en arabe, va savoir ça sonne pareil, qu'ils reviendront.

Dix heures du mat, du même jour, au deuxième étage du building de la 12 ST et Standford, meeting avec mes partners Georges Atlan, Gerard Medina, Jo Rivituso et moi.
On est quatre , on a tous moins de trente ans, migrants arrivés pauvres de France, des banlieues Lyonnaises pour Gerard et Georges, de Fleury pour Jo et de Caluire pour moi.

Donc business meeting comme on dit, on a quand meme entre nous tous, autour de quatre cent employés, ça n’empêche pas que le bureau est minuscule et pourri, les tables deparaillees, la carpette inexistante mais par endroits seulement, vous connaissez j'ai décris avant, je vais pas recommencer.
Ça doit enfume vu qu'on fume tous.

Flop flop fait le ventilo comme toujours dans ce livre. 

_ Putain ... les Israéliens... on est pas dans la merde, c'est les plus dangereux, ils ont faim, c'est des fous
_ Shiiiit, c'est coke business en plus...
_ Fuck... on négocie ? mais on donne le doigt, on se fait bouffer le bras et la tete a la fin avec ces frappadingues. 
_ Shiiiiit
_ Fuck
_ Putain... de fuck
_ Cabrones !

C'est bien, mon anglais et mon espagnol s’améliorent, je comprends tout  .

C'est ça que j'aime a LA , en 1989, on est tous incultes, on produit 10.000 jeans et tee shirts par jour, on parle un mélange de mexicain, anglais, français, tunisien, on bosse le jour, on fait la fête la nuit et les Mercedes, Porsche's et Corvettes sont alignées en bas, sous les docks mais on est pas des genies de dialectique pour nous Proust et Balzac c'est au mieux une place ou un boulevard .

_ Fuck
_ Shiiiiiit....
_ Putain, c'est des enculés ces Israéliens...  

On avance .

Malgré le ventilo qui fait flop flop et le cubicube de l'air conditionne qui ronronne encastré dans la fenêtre, il fait chaud, très chaud meme , en Août,dans le bureau vitre du sol au plafond sur la rue et meme si on a les pieds sur les tables , les cigarettes au bec, les " cigarettes au bec et l'air décontracte " on en mene pas large et si on pleure pas c'est juste pour pas avoir l'air tapette.
le racket c'est pas drôle du tout surtout quand tu sais pas vraiment qui est en face et a Los Angeles c'est facile de se prendre une balle par hasard et de finir en contre allée dans une poubelle verte rectangulaire avec des roulettes. 

On a un ami proche, André, patron d'un restaurant chic a Beverly Hills, sur Rodeo Drive qui vient de se faire descendre pour sa Rolex President en or . 

10 PM septembre 24 1989 au croisement de Roberson boulevard et third street, palmiers très longs, ciel violet, soleil encore rouge derrière la colline d'Hollywood, resto " Michel Richard " plein, terrasse pareil, ambiance mamies dorées, fiottes a petit cul et pétasses blanches a chiwouawoua en colliers de diamants, qui dégustent des éclairs au chocolat français avec des minis pizzas, du Bordeaux avec des glaçons ou du diet Coke . 
le genre d'endroit ou il n'y a pas de ventilateurs au plafond mais une super clim sous le faux plafond et de la musique des Gipsy king .

_ Yo moda fucka gimi money, Rolex  yo ! 

Le mec, il vient du trottoir, il tourne a gauche brusque, passe la porte, prend la clim glacée dans la gueule il sort un flingue gros méchant et brillant et braque en tremblant les mamies et les pétasses a chiwouawoua, ca crie, ca panique, ca s'effondre sous les tables, Andre est calme assis sur une banquette dos au mur .

_ Yo gimi your Rolex !
_ Fuck you connard 

BAMMM.... 


Georges 
_ Il faut demander a Rafi , il doit savoir qui c'est 
_ Quel Rafi ? dit Gerard 
_ Tu sais bien, Rafi l’israélien de Tunis, le petit laaaa, tu sais, le mari de Rachel 
_ Rachel, l'ancienne meuf a Cohen ?, arrrrete tu sais bien que je veux rien a voir avec cette folle 
_ Je parle de Rafi, pas de Rachel, je dis son nom a Rachel parce que des Rafi y en des paquets dans la fripe a Los Angeles et puis on parle business, pas cul.

On est quatre associes mais c'est quand meme Georges Atlan le plus patron, il est le premier a etre venu a Los Angeles, il a monté Guess Jeans avec Jo et Georges Marciano, avant de se faire virer par les frères Marciano a cause d'une connerie de JO, il devrait etre milliardaire aujourd'hui. 
Georges est grand et mince, toujours calme meme dans les catastrophes, intelligent, entrepreneur ambitieux et kamikaze raisonnable, Mercedes et Audemars Piguet, son seul défaut est d’être depuis toujours quasi chauve . 
Le seul d'entre nous a avoir un peu de moralité et de probité . 

_ Je suis pas venu a LA pour me faire racketter par des tapettes d’israéliens ! 

Jo Rivituso se lève, Jo on le croise souvent dans ce bouquin, il a plein de défauts surtout quand il a besoin de pognon, mais aussi plein de talents, il est charmeur, voleur, embrouilleur de classe mondiale et il a des couilles.
Donc  Jo se lève parce que il était assis comme nous, les pompes en lézard Luchese pareil sur le bureau.
la botte en lézard , dans mon bouquin c'est comme le ventilo, c'est a tous les paragraphes, en 1989 on avait aussi des bracelets en os et turquoises perces par des lanières de cuir et des Rolex, Breitling sauf Georges un peu snob avec son une Audemars Piguet.

Jo ramasse un des fusils a pompe qui traînent, de sous un bureau, un Beretta 9mm aussi dans un tiroir
_ Ou t'as mis les chargeurs Gerad ? 
_ Dans le frigo sous le sac de glaçons pour pas faire peur a la secrétaire 
et il quitte la pièce en claquant la porte.

VLAN .... ! ça fait dans la porte, un trou, si je me rappelle, faudrait des rustines a ma mémoire.
C'est pas vrai, c'est une image pour créer l'ambiance parce que en fait, il y a longtemps que la porte un peu dégondée ne claque plus et puis comme on est un peu au Mexique on aime pas le bruit pendant la sieste alors personne ne l'a réparée. 

Je ne connais pas les détails, mais j'ai souvent revu après et travaillé avec le grand chauve dans le tissus business, sans jamais un problème .
Le petit trapu, jamais revu, peu etre qu'il nage, avec des palmes en béton, dans l'éternité bleuasse de la baie de Malibu....

Mon ami Jo a été exécuté le 27 Août 2013 dans son restaurant a Cannes .
Respect et Paix a ton âme, Amigo.




CHAPITRE # 14 
August 24 12:42PM 1989

Gerard Guez a toujours prétendu que j’étais drunk quand j’ai signe le deal, possible mais pas sur du tout.
En attendant , je suis dans son bureau, cet après midi de ce jour de may 24, les bureaux de Gerard ancien patron de Sassoon Jeans avec ses trois frères sont aujourd'hui No Jeans, Calvin Klein etc... 
Ses bureaux sont a l’arrière d’une warehouse ( entrepôt) remplie de cartons made in Mexico et made in Chinois pareille que tous les entrepôts de downtown, dans une contre allée cabossée avec des grosses poubelles métalliques rectangulaires vertes taguées comme je le dit souvent parce-que c'est comme ça partout a Los Angeles.
Le bureau de Gerard est plutôt classe pour downtown, Gerard est toujours classe, grand mince élégant, cultivé, il ne met pas des " fuck " a la fin et au debut de toutes ses phrases, il sent le nouveau riche un peu moins que les autres et il est presque aristocrate ce qui est rare entre la 12 street et San Pedro Blvd. 

Normalement je travaille tous les jours avec Claude Abzimil qui dirige la production de Gerard a coup de container et de centaines de millions de dollars, ping pong on l’appelait Claude parce que un an il était avec Gerard, un an avec Hubert le frère de Gerard et un an après de retour avec Gerard.
Claude était très fort, capable de produire en trois mois un million trois cent mile tees shirt pour Wal Mart, je l'ai vu, j'etais impliqué je lavais pour lui le million de tee shirts a des prix que même le Pakistan il serait en faillite.

Cela dit quand tu t'assois face a un vendeur de fermeture éclair dans une arrière boutique sur la 14 St et Broadway, que tu lui dis que tu en veux une de douze centimètres et demi en bronze pour que ça tache pas au lavage et que il te dit :
_ Bien sur , nous avons le produit que vous cherchez et a la grosse, douze douzaines, nous offrons une réduction de 7 %
Et que on répond Claude et moi, on jouait souvent le bon et le méchant :
_ Il nous en faut un million deux cent mille dans six semaines... 

Ça pose. 

Avec Claude on avait inventé un peu Uber en 199, on utilisait des voyageurs normaux sur les lignes régulières Los Angeles New York pour transporter nos échantillons de production, plus rapide et quasi cher pareil que Fedex. 
j'amenais, ou Claude ou une secrétaire amenaient au départ de l'avion a LAX un paquet en plastique transparent pour etre sur que y ai pas de la came dedans avec les vêtements, a un mec ou une femme qui devenaient souvent des habitués d'ailleurs, on payait trente trois pour cent du billet d'avion, le taxi de New York airport a l'adresse indiquée et un lunch a quinze dollars et pareil au retour si on avait un colis.

La compétition a jamais pigée comment on pouvait intervenir si vite dans les changements sur les models, on gagnait les trois, quatre heures vitales sur un jour aller retour, en fin de collection face a Fedex quand il n'y avait pas internet.  

Toutes company's confondues, a ce moment je produis en lavage, teinture, stone wash , repassage et finishing, boutons, étiquetages, emballage , entre 10.000 et 15.000 vêtements par jour, je gagne du pognon, plein même, les Guez et les Guess Jeans me tiennent par les couilles mais ils ont besoin un peu de moi aussi.
Sur ce coup je suis associé avec le " chasseur de Guépard , un mafieux américain sympa qui roule en Mercedes 600 douze cylindres et qui chasse le guépard ou autres animaux exotiques pendant ses vacances, comment je le sais, parce que il y a des photos d’éléphants, de crocodiles, de girafes morts partout dans son bureau et surtout une grande avec un guépard bien zigouille sur ses épaules juste derrière son fauteuil.
Un fauteuil en cuir rouge sang, en acajou a bascule avec des clous en cuivre chaque moitie de centimètre tout autour du cuir. 
Un mec plutot bon vivant sauf le jour ou je lui est dit que je me cassais et partais chez son concurrent, il a saisi mon téléphone portable, un des premiers très fin a $ 2000 a l’époque et il l'a jeté et piétiné sur le sol en jurant de me tuer, ce qu'il ne fit pas, j'ai pas aimé quand même. 

Au XXI ieme siècle le success d'un designer n'est plus dans son design mais dans la capacité des gens derrière lui a financer sur un an le tissus, gérer la production, la qualité et les dates de livraisons .  
Un jean c'est un jean, je produisais du " je peux pas dire le nom " a $ 80.00 a la vente public et du WalMart a $ 26 la paire pareil, ca arrivait pareil par container du Mexique et on mettait des étiquettes " je peux pas dire le nom " ou du Walmart selon les commandes. 
Un jean ou un tee shirt c'est un jean et un tee shirt, ca coûte entre un et six dollars a produire, travail et matériel, il n'y a aucune différence entre un jean La Redoute et un Diesel, c'est le même design, la même coupe, c'est le même tissus, le même fabricant chinois, le même lavage en Europe ou aux US, y a que le prix et la marque qui est diffèrent et les cons et surtout les connes qui achètent.
Christian Audigier, il m'a expliqué un soir ou on travaillait sur un truc, il vendait ses Tee shirts Ed Hardy qui lui coûtaient six dollars avec les paillettes et impressions, soixante dollars et revendus au public cent vingt dollars.
C'etait pas ce soir et je n’étais pas la, mais Jo, Gerard Medina et Claude Abzimil y étaient ou Christian il a battu le records des bouteille de champagne aux Caves du Roy a St Tropez, quasi un million d' Euros de Roederer dans la soirée . 
Meme si j'aime pas le Champagne j'adore ce genre de folie, Viva Christian, encore un qui est mort vite fait l’année dernière.

Claude et moi on était forts, très forts, on était souvent remplis de coke des soirs aussi, on gagnait de l'argent et on prenait trop de coke aussi, des soirs et des jours et des matins aussi, surtout Claude, moi le matin j'ai jamais pu.  
On bossait c'est l'excuse et on était diablement efficace. 

Claude et moi on est amis, il s'est suicidé pendu dans son garage je ne sais pas encore pourquoi, trois jours on a essayé de le sauver, on aurait pu mais il aurait fini légume alors sa famille a décidé que non.  
Un génie comme Claude en courgette, non. 
Claude il m'a sorti une nuit de prison que j'avais acheté une grosse Mercedes volée que je savais pas, il a paye la caution et il m'a aussi dit un soir au billard ou je le battais:
_ Phil, tu n'es pas juif, on te laissera jamais réussir totalement.

Ça m'a fait mal, très mal venant de mon meilleur ami de ce temps et dieu sait si mon orgueil est inoxydable surtout face a une insulte venant du fils d'un pied noir tunisien, mais pendant deux minutes j'ai ressenti ce que les arabes et les noirs peuvent ressentir durant leur vie. 

On bossait des fois seize heures ensembles devant des machines industrielles, dans des bureaux néons pleins de vapeur a teindre et reteindre et sécher au sèche cheveux des morceaux de tissus, a se battre avec les chimistes Mexicains pour avoir ce que nous voulions, se battre pour égaler ou dépasser les Espagnols, les Italiens les Français, sauf que pour nous il fallait trouver des techniques pour produire des millions de pièces pas des milliers comme eux et a des prix impossibles. 
Après la nuit, on allait chez Maurice Café sur la Cienega boulevard, on récupère Kiki ma femme a Hollywood, Claude la sienne a trois blocs, on jette les voitures de luxe au valet parking, on passe la queue devant l’entrée, on pousse dans la foule, on s'accroche au bar devant Maurice qui debout derrière passe des disques "Rock in the casbah" du Clash et la danse des canards.

_ Ca va Maurice ?
_ Amis, on boit, on mange c'est les iraniens qui payent !
_ C'est bien, c'est les quels ce coup ?
_ l’équipe de douze au fond a droite avec les Rolex en or avec des diamants et les meufs avec des voiles en satin rose .
_ Diner de con... ? 
_ Non... ils sont gentils et trop contents qu'ils aient pu rentrer chez Maurice, je leur file du mousseux au prix du Roederer et le Roederer on le boit entre nous, c'est des gentils iraniens, de toute façon leurs parents ont tellement de pognon qu'ils s'en foutent, du moment que leurs potes et copines savent qu'on les voit ici . 
_ Comment on dit " sante " en Iranien ? 
_ Va savoir, de toute façon leur religion c'est de pas boire d'alcool 
_ Ouvre la bouteille Maurice. 



Maurice il sait, il sait tout, c'est un fou comme nous, un juif errant amoureux de la vie , il est ma taille c'est a dire pas très grand , un mètre soixante dix je dirais au pif, mince et nerveux, très violent il parait, un bagarreur de rue, personne fait chier Maurice, il est style a prendre en dansant le calibre sous le comptoir et te mettre une balle dans la tète qui que tu sois et regretter après, mais bon, même les mafias préfèrent le laisser tranquille.
Maurice il est adorable, généreux, fan de musique, il connait tout le monde même Starshooter, des qu'il a su que j'etais le batteur j'ai plus eu le droit de payer chez lui, il connait Mark Zermati aussi.
Maurice il a brûlé des millions au jeu, et un bateau Cigarette de mille chevaux et de va savoir combien de centaines de milliers d'Euros échoue dans le port de Cannes, le jeu c'est son truc, le samedi soir il prend la caisse liquide du resto et un resto a la mode avec vingt mètres de queue toute la nuit devant la porte a Beverly Hills c'est un paquet de pognon en liquide le Samedi soir...  une limo, il a même monté une company de limousine juste pour et il part a Las Vegas avec des putes et des potes pour occuper les putes et les potes et vice versa. 
Maurice c'est comme Jean Louis du Mercière a Lyon, ces hommes de quand j'etais dans la merde, je m'asseyais, je buvais, je mangeais, j'avais toujours bien sur dans ma poche l'argent tout juste pour payer mais je serais rentré a pied, ces hommes qui quand je demandais la note disaient...
_ C'est pour la maison, tu rebois un coup.. ?
et sortaient la bouteille de prune,poire, cognac de derrière les fagots.


Si Gérard me demande de venir personnellement c’est gros deal pour sur, si Gerard double Claude c'est serieux, malin le Gérard, il m'ouvre la porte, me fait asseoir, me propose un verre, j'aurais du me méfier mais on est tous pareils, le flatteur vit au dépend de celui qui l’écoute et j’écoute .   

Gerard

_ Philippe, J’ai besoin de toi pour un deal de Garment dye, ( teinture de vêtement ) un truc important pour le futur , nouveau développement de ligne pour JC Penney  , il va y avoir du gros volume mais il me faut un test de 120.0000 pièces, rapide et parfait,  y a que toi qui peux, tu as la teinture et le finishing et je te connais, tu es le meilleur sur la place....

Gerard il est trop fort, même un poisson il le noie !

_ Oui, oui, dis moi tout ?

_ C’est facile pour toi, 120.000 shorts, 5 light color, couleurs claires  ( facile en teinture ) que tu recevra du Mexique par container par couleur a teindre et après tu presse, étiquette et emballe, tout profit pour toi.  

Pour moi un container par couleur c'est le rêve en production, une semaine d'usine sans rincer les machines, sans test, sans changer les formules, déjà je bande.
La dessus il se lève, fait semblant de chercher dans un paquet d’ échantillons au milieu d'une table encombrée et sort un petit short, pour femme, brut, dans les tissus habituels mexicains, et le jette nonchalamment sur le bureau.

Maintenant un petit intermède technique, dans la teinture, pour des raisons évidentes, pas pour vous je m’en doute, les prix se calculent au poids. 
Les machines a laver industrielles ont une capacité au poids, les colorants et produits chimiques se calculent de même, mais dans le mass market, nous sommes obliges de faire des moyennes basées sur le poids moyen d’un jean homme ou d’assortiment de tee shirt, afin d’obtenir un prix par pièce, les couleurs foncées restant beaucoup plus chères et il y a une moyenne statistique que nous connaissons tous entre les petites tailles et les grandes. 
Voila j’ai finis l’intermède technique mais il fallait pour comprendre la fin de l'histoire !

_ J’ai besoin d’un prix moyen, tu comprends.....  Les différences de couleurs.... le client ne comprends pas toujours, et entre toi et moi, je voudrais prendre tout le marche , et te donner le business et je te donne une avance si tu as besoin.... 

Genre, il sait très bien que nous les contractors, on a toujours besoin d'une avance. 

les points de suspensions c'est pour marquer le suspense.
Et je te caresse dans le sens du poil, dans le contre sens et je te brosse les boots en lézard et moi je me laisse caresser c'est si bon .
je regarde bien le petit short.

_ $ 1.20 par pièce…
Gerard
_ Je ne peux pas plus que $ 1.10 
_ $ 1.15
_ $ 1.10 .... S’il te plait , encore du suspense et des points de suspensions 
Flop flop flop..... flop flop.. fait le ventilateur... toujours le même ventilateur dans ce bouquin, la sueur coule, la musique suinte, toujours Enrio Moricone... silence... regards.
_ OK ! je dis.

Il sort un contrat en blanc ou il marque le prix, étrange, entre nous, même pour des millions de $, c'est toujours handsake, serrage de mains, je m'abasourde légèrement, il me dit que c'est pour JC Peney et pour les avocats ...  tu connais Phil... etc... etc...
encore le suspense et les points de suspensions 
j'aurais du me méfier.

J'aurais du me méfier deux fois.
Les test couleurs commencent avec la cote East, c'est la ou est JC Peney et ou la pouffiasse en contrôle de la qualité est basée, c'est un  folle, une vache de 100 kilos, tellement mal baisée que elle va nous ruiner notre vie pendant un mois, a Moi et Claude.

C'est vrai que on était pas trop dans un mode respect quand elle se pointait avec ses échantillons, qu'on lui expliquait un peu goguenard que la couleur, le toucher et le fini du tissus ça nous connait, on est français et qu'on se foutait ouvertement sa gueule, en français. 
C'est le problème avec les imbaisables qui ont un peu de pouvoir, elles voudraient que des playboys machos comme on est Claude et moi, lui lèchent, comme des amerlos, son gros cul.
Pas trop le style jeunes Bourgeois Lyonnais et Juif Tunisien assos qu'on était !
Elle nous fait telement chier a refaire les tests couleurs que on coince Gerard un soir chez Maurice Cafe et qu'on lui dit :

_ C'est une folle... 42 test de couleur pour des shorts de merde pour grosses pauvres du Mid West, on fait quoi Gerard ?
_ Calmez vous les mecs, c'est une meuf on a pas le choix, elle est " acheteuse " chez JC Peney, je depend d'elle .
_ On a bousillé, a tes frais, huit cent pièces ...
_ Huit cent, t'es gentil Claude, moi je dis, c'est plutot, avec celles de ce soir, neuf cent ou mille facile 
_ Tu crois ? 
_ Va savoir, mille deux cent peu etre....... and keep moving moving moving moving ..
_ Putain vous êtes con les mecs !  ok, j'appelle le boss de JC Peny demain matin !

Chaque test color demande un minimum de 60 tee shirts ou 30 shorts ou 10 jeans par test pour la précision des volumes de colorants et il faut refaire souvent deux, trois, quatre fois, dépend comment ton chimiste est bon ou comment tu le menaces de le virer et comment la pouffiasse de contrôle de qualité comme celle de JC Penney a ses ragna gna ou pas.  

Je me retrouve des  jours avec 200 tee-shirts neufs, très beaux mais inutilisables, pendant des années je ne lave pas mes tee-shirts, je les jette a la fin de la journée.
Je vous donne, au passage, en écrivant ce livre serieux, Un truc très classe et quasi impossible même pour les riches... parce-qu’ils ne savent pas .
En vêtement comme dans la vie, toutes les couleurs sont différentes, je parle des mêmes couleurs, un noir spécifiquement ne ressemble jamais a un autre noir, regardez, allez dans votre garde robe, essayez de mettre un pantalon, un tee shirt et une écharpe noire.... ya du noir vert, du noir rouge, du gris sombre et ensemble c'est affreux !
Un jour je me suis dit... tiens, je vais mettre  dans la même machine a teindre avec un chemical noir intense tous mes vêtements en coton et tous sont ressortis sous un noir uniforme.
Je l'ai testé sur ma femme, c'est fascinant de beauté rare.
Et c'est encore plus beau avec des stones ( pierres ponce ) dans la machine, les jeans, les tee shirts, les chemises sont usés et noir uniforme et dans le même ton, c'est très cher parce qu'il faut évidement une laverie industrielle et un chimiste a temps complet mais c'est sublime.

Gerard intervient, jet privé, yacht, champagne, caviar, putes, Vegas ... comme dab
la vache est virée, les couleurs approuvées, on va pouvoir commencer a bosser serieux.

Lundi 6:12 AM 
La scène inoubliable dans le hangar de " La verite si je ment " .
Sauf que c'est moi le canard de l'histoire, le con du bon dieu qui se prend, le qui ouvre pas seulement une boite mais le container qui vient de se mettre a cul, sur mes docks .
les shorts, les derniers pour faire le compte, les ceux pas mis en boite glissent a mes pieds dans leurs emballages plastiques. 

_ Salopard, brontosaure,canaille,bachi-bouzouk, je hurle sur les docks, rapace, Gerard , enfoiré, des shorts d’éléphants, tu m as refilé !

douze tonnes de shorts impossible a teindre a ce prix il m'a refilé, des shorts de baleines ce cafard ! 
les murs en béton très dur je tape de rage.
JC Peney a une division " femme fortes ", " Lane Bryant " ça s'appelle et une femme forte du middle west c'est, comment dire... j'ai pesé le short, cinq fois un short de française bien enveloppée .  

Ça s'est arrangé en Cash, une mallette derrière une porte avec moi et Claude pas très fiers, dans un bureau, le même, celui de Gerard mais vu les circonstances il était devenu louche, ça s'est donc arrangé en grosses coupures entre Gerard et le chasseur de guépard.

Les shorts ont été teints et les culs des vaches du Tennessiennes habillées de couleurs chatoyantes.

Gérard a besoin de Claude, Claude a besoin de moi, j'ai besoin de Gérard et besoin de Claude et du chasseur de guépard, le chasseur de guépard a besoin de moi et de Claude et de Gerard et on a tous besoin de JC Peney !

Quelques bouteilles de champagne chez Maurice a la sante des vaches et le business est en confiance plus que jamais .
On va pas se fâcher pour un petit million de dollars !

CHAPITRE #15
March 23 1973 9:07 AM 




J'y suis né rue de la Guillotiere j'y suis grandi en âge et pas en sagesse, je me suis fait virer avec fracas pour actes révolutionnaires pendant la loi Debre des Chartreux a la Croix Rousse. 


On se rappelle l'ambiance de l’époque j'ai quinze ans, je rêve de liberté, de Woodstock, de hippies, de Easy Rider, de peace and love, de cheveux longs, de veste en peau de mouton, de Hendrix et mes parents en désespoir de cause vu que je foutais rien a l’école me foutent dans une institution privée totalement nase sur le plateau de la Croix rousse. 


Les Chartreux.... les pauvres qu'ils m'aient connu !

Les Chartreux c'est un peu comme la prison St Paul un peu en contrebas de la colline, sauf que c'est plus gris et sale mais moins méchant, c'est l’époque ou comme les musulmans existaient pas, les catholiques nous faisaient chier. 

En vrai c'était pas si terrible leur Institution, vu de la rue c'est un bâtiment rectangulaire tendance carrée avec des angles arrondis en pierre de taille du XVIII ème siècle.


il y a une entrée perpendiculaire au boulevard de la Croix Rousse, une longue allée d'arbres centenaires au minimum vu leur look, des tilleuls ou des marronniers je ne sais plus, pas des palmiers pour sur, c'est plutôt romantique surtout en automne avec les feuilles mortes de l'automne qui berçaient d'une langueur monotone... what the fuck ! 

en arrivant au fond il faut tourner a gauche ou il y a une grille monumentale en fer forgée grise qui jouera un rôle crucial dans l'histoire qui va suivre.
Les bâtiments étaient moches a pleurer pas tragiques comme chez Zola mais Balzac au minimum.
La cour, les pions, la cantine, les profs, la lumière étaient gris. 
Nous les Étudiants on sentait le ramassis de bourgeois trop nuls pour réussir le bac dans un lycée normal.

J'ai quinze ans, la haine et en entrant j'avais juré de me faire virer en moins de six mois et de leur foutre le feu en plus. 

J'ai fait pire.

_ Monsieur D'aniere.... qu'est ce...  cet article dans ce... Journal ?


Je suis dans un bureau sombre et convoqué. 

Monsieur le proviseur de l'institution des Chartreux dépose avec une lenteur ecclésiastique un fanzine noir et blanc mal photocopié sur son bureau solide et médiéval en bois noir et moi je suis assis en bas devant.
Le proviseur de l'Institution des Chartreux est un homme grand, sombre, lent, imposant de gravitude avec des mains de cardinal, une tonsure et des yeux noirs impénétrables.

_ Monsieur le proviseur c'est un fanzine pas un journal et je ne connais pas l'auteur de cet article...  je le jure.

_ Mon fils ne jurez pas... Monsieur D'aniere.... c'est bien écrit, vous avez du talent, la manière dont vous me représentez en " sinistre individu ", en " oppresseur de la liberté d’expression " en " crapaud de l'inquisition " et en " ecclésiastique suppôt de la réaction " est excellente, en professeur de rhétorique je vous félicite mais en tant que proviseur d'institution catholique, je vous blâme.
_ Monsieur le proviseur, je ne connais pas l'auteur de cet article... 

Il reprend le fanzine, sérieux comme une cathédrale, le feuillette, facile ça fait deux pages, en murmurant... c'est bien... c'est bien... il le pose a plat ouvert en angle, un fanzine c'est pas un livre c'est attache avec une agrafe dans un coin.


_ Monsieur D'aniere.... regardez moi dans les yeux...


Il est impressionnant de calme, d’humour, d’autorité, de sagesse et d’intelligence ce curé et moi du haut de mes quinze ans et demi même si j'ai organisé la révolte, fait enfoncer les portes du collège et rameuté des troupes du lycée St Exupery a coté, je fais pas le poids.

Et puis il y a l’Église catholique, ma famille, je vais encore a la messe même si je m'assied au fond, entre tard et sors en avance, je fais semblant de croire mais je n'ose pas braver mon père et ma mère et ma grand mère et mes tantes, je n'ai qu'un pépé qui parle de salopiauds et qui mange une côtelette au carême, un original anarchiste.

A propos d'anarchiste je revient a notre histoire, au moment de la loi Debre celle ou on le montrait avec un entonnoir sur la tète, j'en ai profite pour rejoindre mes potes du Lycée St Exupery.....

Pour vous de nous qui connaissez la croix Rousse, c'est a quinze minutes de marche, j'ai foutu le bordel, écrit et imprimé pendant des jours et j'ai organisé un commando et nous avons gentiment enfoncé sans rien casser d'ailleurs, la fameuse grille monumentale de l'entrée des Chartreux, chose jamais vue depuis les Jacobins de 1793. 

Et a huit heure du matin un lundi tragique je criais dans un haut parleur de chantier


_ Frères et camarades, rejoignez les lycéens en lutte, le fascisme ne passera pas ! 

 " Debre - salaud -le peuple - aura ta peau ".

Il faut des couilles quand même car les prêtres et surveillants sont sortis et pour rejoindre l’insurrection Lycéenne il fallait passer leur barrière morale. 

Peu de bourges Chartreusant l'ont fait. 
Je me " retrouvis " un peu seul avec mon entonnoir et mon haut parleur et on a fini par aller jouer avec mes potes de St Ex a la babasse ( flipper ) au bar rue Henon...

Quatre ans a peine avant que Jean Louis écrive : 


" Maintenant 


On te donne trois balles, on te donne trois balles 


On te donne trois balles, la première t'es un môme 


Tu prends d'la cadence, tu entres dans la danse 


Dans la violence des chocs, tu comprends ta chance 


Tu sais maintenant comment, tu sais maintenant comment 


Tu sais maintenant comment, ton histoire commence 




On joue sa vie comme on joue au flipper 


Déjà tout môme on flippe de bumper en bumper 


On gagne on perd, et toujours on espère 


Pouvoir s'en refaire une petite 


Gratuite, gratuite, gratuite, gratuite 




On te donnes trois balles, on te donnes trois balles 


On te donnes trois balles, la deuxième t'es un grand 


Il faut te démerder, tu commence à ruser, hein ? 


Tu cherches un abris et quand tu l'as trouvé 


Tu te vois éjecté, à vitesse grand V 








Vers le bumper d'en face, qui t'attend dans l'impasse 


Vers le bumper d'en face, qui t'attend dans l'impasse 




On joue sa vie comme on joue au flipper 


Déjà tout môme on flippe de bumper en bumper 


On gagne on perd, et toujours on espère 


Pouvoir s'en refaire une petite 


Gratuite, gratuite, gratuite, gratuite 




Attention au tilt 


Attention au tilt, t'a perdu la boule mon gars 


Non ! 


On te donnes trois balles, on te donnes trois balles 


On te donnes trois balles, la troisième t'es un vieux 


Vieux, vieux, vieux, vieux, vieux, vieux, trop vieux 


Tu es très fatigué tu veux te reposer 


Tu branles la machine, tu courbes l'échine, l'échine 


Le dernier bumper t’envoie dans l'dernier trou 


Le dernier bumper t’envoie dans l'dernier trou 


Sur ta tombe y a écrit 


Sur ta tombe y a écrit 


Sur ta tombe y a écrit 


It's more fun to compete, More fun to compete 


It's more fun to compete, More fun to compete 


It's more fun to compete, More fun to compete 


It's more fun to compete, More fun to compete 




On joue sa vie comme on joue au flipper 


Déjà tout môme on flippe de bumper en bumper 


On gagne on perd, et toujours on espère 


Pouvoir s'en refaire une petite 


Je dis petite, oh non non petite 


Heiiiin gratuite, gratuite, gratuite, gratuite 






et nous Starshoot ... " Quelle crise Baby " 




1..2..3..4 


Ça m'a foutu un coup 


Je ne savais rien du tout 


Seigneur ma p'tite amie s'est suicidée ! 


Je n'comprend pas ce qui lui a pris 


Je ne vois pas ce qui lui manquait 


Je n'ai vraiment rien compris à l'affaire ! 




Quelle crise baby 


Quelle crise baby 


Quelle crise baby 




Quand je suis rentré chez moi 


Mon frangin écrasé en bas 


S'est jeté du 12ème 


J'sais pas pourquoi ! 


Bill mon copain s'est trucidé 


Parce que sa nana s'est gazée 


Je crois que j'vais pas résister ! 










Quelle crise baby 

Quelle crise baby 
Quelle crise baby 

je veux pas m'flinguer 

je veux pas m'flinguer 
je veux pas m'flinguer 
je veux pas m'flinguer 

Quelle crise baby 

Quelle crise baby 
Quelle crise baby 

_ Mon Fils .... regarde moi dans les yeux et dis moi la vérité.


Le silence est comme dans un confessionnal, je ne rigole pas, c'est culturel chez moi je rigole pas dans les Églises.

_ Oui mon père c'est moi qui ai écris cet article mais .... le " crapaud de l'inquisition " je le pensais pas vraiment ..  

_ Vous pouvez disposer monsieur d'Aniere, vous comprendrez que nous ne pouvons vous garder aux Chartreux, mais... c'est bien... c'est bien.



CHAPITRE # 16
November  14 1985  13 10:45 PM 



Bien sur que je fantasme, que je fascine, je m’emmerde comme un rat vivant dans ma vie et dans ma bijouterie, Rue Emile Zola dans le vas savoir quel arrondissement bourgeois de Lyon.

Je sors de Starshoot, j'ai 28 ans, je ne suis pas playboy, je ne l'ai jamais été, je suis incapable a la "tchatche" de lever en dix minutes une gonzesse dans une boite mais je suis un bon serpent sur la longueur, j’enjôle, j'ai du charme. 

Depuis quelques temps déjà, je couche avec des filles ... des filles, les filles de nos rues a Lyon, des putes, belles et intouchables, ça m’excite c'est interdit, difficile, transgressant et je suis assez fort pour ça, j'ai le dos bleu naturel.

Je frise chaque jour et surtout la nuit le découpage, le massacre et le plombage chevrotine, je suis inconscient. 

Je joue naïf avec des mafias que je ne vois pas, je ne sais pas, mafias que je vais connaître mais pas encore... 


J'aime les putes, pas en client mais en amant de coeur comme on dit chez Maupassant.


S'encanailler comme on dit dans mon milieu, c'est pas sur, je suis plus compliqué et plus simple aussi, j'aime les belles filles, j'aime le sexe pour le sexe et je ne vois pas le rapport entre baiser et aimer, j'aime mes amis et je n'ai aucune envie d'avoir du sex avec eux.


A seize ans j'ai vu par extorsion vu que c'était interdit au moins de dix huit ans.... le film " Emmanuelle " . 

Ce film a fait ma vie sexuelle. 
Je sais ça fait pas serieux et intello, c'est pas comme dire que si j'avais ado rencontré Sartre , Kierkegaard , Heidegger et Nietzsche....  
J'ai rencontre Emmanuelle et j'en sortis très content parce-que je ne me suis plus, après, angoissé dans ma vie a associer amour et sexe. 

La femme que j'ai aimé baisait avec d'autres pour de l’argent, beaucoup d'autres et beaucoup d'argent.
Je vais pas raconter avec des francs et des euros, ça veut rien dire mais elle faisait souvent des jours en liquide l’équivalent de trois smic mensuels, autour de 3500 Euros ... après ça racontez moi qu'il faut travailler honnêtement et payer des impôts. 


Il y a Sylvie, ma première, dans un bar rue Thomassin ( a verifier ) ou Starshooter allait après les répétitions, un tout petit bistrot sale dehors comme tout Lyon a l’époque, jaune dedans avec un comptoir formica imprimé motifs 1960 usé sur le bord ou on s'appuie, six tables pareilles doubles et simple, une machine a café, trois pompes a bière pression et une babasse... une babasse c'est un flipper Lyonnais, c'est comme un flipper normal sauf que ça s'appelle une babasse. le bar, je dsais plus le nom et je veux pas dire des conneries, appartenait a une vielle pute toute frippee et sympa qui passait que pour la caisse, un jambon beurre et une pression.le barman rasé grand et costaud est venu avec nous a l'Olympia comme garde du corps, a sauvé Kent de Marc Barriere, l'organisateur qui voulait le tuer parce-que nous avions détruit tous les sièges de sa salle juste pour faire les malins et pour nous mesurer a Gilbert Becaud.


Juillet 09 1978 9:38 PM Olympia Bruno Coquatrix( a confirmer date et heure) 


Il y a un beau dessin de Kent dans sa BD "ma vie est formidable" ou on voit Starshoot de dos tout petits avec une immense clameur dessinée en blanc sur un fond noir, c'est ça mon Olympia, ma première grande salle a 21 ans et un public en délire qui casse tous les sièges, sur scène on voit pas trop ce qui se passe dans le noir devant surtout avec les projos dans la tronche mais avec ces bouts de satin rouge qui retombent aux pieds des micros et jusqu’à ma batterie, je me doute bien que quelque chose se passe.


Et Kent en rajoute, pas par intention de casser mais parce-que c'est rigolo, on sort de la banlieue Lyonnaise, il y a six mois on fait du bruit un disque et d'un coup il y a deux milles fans qui pogotent, hurlent nos chansons et qui cassent tout.

Marc Barriere est a quatre mètres de moi a gauche c'est pas grand la scène de l'Olympia.
Marc c'est le producteur, Marc c'est le Golf Drouot, le Rose Bonbon après et il a l'air pas content du tout qu'on lui casse sa salle même pour s'amuser, il a une bouteille a la main tenue par le goulot et il hurle retenu par un security en direction de Kent, j’entends rien évidement mais je le vois et puis j'en ai rien a foutre d’excitation et de bonheur cru.

_ Je vais te casser la tète petit con, je vais te casser la tète !


Ça va très vite, pendant que je finis de détruire ma batterie a coup de pieds et Kent sa guitare dans la tête de l'ampli Marshall, Marc se jette au milieu bouteille levée, Mickey le bassiste et Jello n'ont rien vu, Kent est fou de sueur et de battements cardiaque, le barman fonce au milieu des câbles, l'arrache du sol et fonce dans l'escalier des artistes, escalier toujours sombre et abrupte même a l'Olympia.

Je dévale pareil avec le bassiste et le guitariste, nos roadies ont ramassé nos fringues dans les loges, on saute trempés dans notre CX Pallas et direct les " Bains Douches " ou nous attend Pacadis, Philipe Manoeuvre et toute la direction de Pathe Marconi. Philippe Manoeuvre c'est lui qui a un peu " découvert" Starshoot alors on a toujours une petite larme quand on se croise et Pacadis quand y a des coups a boire gratis il est toujours la et en plus il écrivait dans Libe quand Libe était un journal.
C'est le premier vrai choc après tenir son premier 45 T dans les mains , en 1977 , pour faire un disque , il fallait une maison de disque , c'etait une structure lourde , il fallait enregistrer dans un studio avec plein de pistes , un producteur , un ingénieur du son et un assistant , apres il fallait imprimer une rondelle noire en vinyl , faire une couverture , il n'y avait pas photoshop , faire un disque c'etait un miracle et avoir un article dans Rock & Folk c'etait etre Moise dans la bible .
Un matin , j'ai recu par la poste , le premier Starsooter , un 45 T  Quelle crise Baby , c'etait dans la maison de mes parents , un matin , il faisait soleil , il y a des grandes baies vitrees a droite et a gauche dans le salon de la villa de mes parents , impossibles a chauffer en hivers mais c'est pas le sujet . 
Je suis assis sur un canape , je tiens le disque dans ma main , je le regarde , le tourne , je le pose sur la table basse en verre , je me lève , je marche en rond autour du disque , je ne rassied , je reprend le disque dans ma main , le retourne  
J'ai vingt ans , je ne tremble pas , je n'ai pas peur , je passe mes doigts dans la pochette noire blanche et rouge , je sors le disque , je regarde le nom au centre , c'est nous , c'est moi , je repousse le disque dans la pochette noire blanche et rouge , je repose le disque sur la table . 

Tout ca c'est pour contrôler l'emotion . 


En 1978 les maisons de disques gagnaient beaucoup d'argent et faisaient les choses en grand quand elles sentaient le bon filon, dans les loges on avait une corbeille de fruits monumentale de chez Fauchon et aux Bains la salle du resto était réservée avec pleins d’attachées de presse, de mecs inconnus en costume Perfecto jeans déchirés badges punk no future et épingles a nourrice, c'etait la mode et beaucoup de belles filles, il y a toujours eu des très belles filles autour de Starshoot. 


_ C'est quoi ce truc ?  je demande 


On a 20 ans, carnivores lyonnais affamés et le chef nous amène dans un magnifique emballage prétentieux en aluminium torsadé, UN filet de sole a la vapeur d'un vinaigre sûrement très cher, une carotte minusculaire, un bébé poireaux et juré sur la tète de ma mère, six petits pois, j'ai compté... 


On a fait le show, les photos, les interviews et on a fini la nuit ou le matin ou le midi, on sait plus, on est soul de succes, chez Philippe Constantin notre génial éditeur avec les premiers Mc Donald de Paris achetés sur les Champs Elysées. 


Le barman il a fait un max de prison parce-que il a braqué une banque avec un fusil a pompe caché dans une flûte de pain et Kent il a fait chanteur Français.
Le barman, je sais plus son nom mais il était super baraque, c'est pourquoi on l'avait emmené avec nous a l'Olympia mais super sympa aussi, c'est marrant que il soit allé un jour braquer une banque avec un fusil a pompe caché dans une flûte de pain, la flûte c'est un pain lyonnais gros comme deux... deux et demi baguettes, parfait effectivement quand on y pense pour cacher un canon scié, fallait juste y penser et puis aller a la banque avec un pain sous le bras , quoi de plus naturel.
Donc il est entré tout seul dans une banque quand il y avait encore du pognon dans les banques et il a braqué le caissier, qui a poussé l'alarme et le barman il s'est fait chopper a la sortie et il a fait un paquet de prison j'imagine parce que c'est jamais bon de faire une attaque a main armée sur banque même si tu es total con.
 


Sylvie ça a été un four par ma faute, j'étais très jeune et impatient, pendant que je la baisait comme un lapin sur un faux tapis persan par terre, elle s'est tapé le nez contre une table et un peu coupé, elle était furieuse, ça a fini en désastre.    


Il y a Stéphanie ma petite sœur de coeur, on a exactement le même âge 23 janvier 1957, elle est morte de peur de me connaître, son mac est un tueur, j'imagine que c'est vrai puisque elle le dit et qu'elle tremble mais on s'en fout, enfin moi surtout, elle est belle et bandante comme un camion.

Elle est dans la prostitution par hasard, tombée amoureuse pareil d'un salaud qui l'exploite depuis, elle avait un bon job d’infirmière.
Grande pour moi avec mon mètre soixante huit, fier comme le mois révolutionnaire, toutes les femmes sont grandes surtout celles avec des talons de dix centimètres.

Ado complexé je me suis résigné faute d’être grand en vieillissant a être large et carré  .je joue depuis avec les femmes dans les bistrots dans les cocktails sur les plages de St Trop même et dans la vie au sanglier et a la girafe. 


En final c'est pas si mal, les grands mecs playboy sont souvent des gigolos ennuyeux qui tiennent pas la distance. 


_ T'es con Phil , tu dis ça parce-que tu es petit 

_ Je ne suis pas petit je suis juste pas grand 
_ En plus tu es gros 
_ Je ne suis pas gros, je suis costaud et puis pour un mec quand tu n'es pas grand et que tu sors avec les plus grandes et belles filles du monde être maigre c'est le summum du ridicule. 

Stéphanie a des cheveux très longs entre le brun et le blond, châtain clair pour être précis mais comme on se voit que la nuit je ne le garantirais pas mais je suis presque sur. 

Stéphanie a des seins comme j'aime et comme beaucoup d'entre vous aimez aussi j'imagine, petits mais pas trop, vous voyez ce que je veux dire, fermes avec des auréoles ... aréoles ... va savoir, larges brunes claires mais pas trop non plus et des pointes noires tendues au moindre effleurement avec un cul parfait comme toute belle femme de son âge qui nous respecte. 

On se retrouve en catimini rue Gentil au onze ( a controler) au premier étage a gauche dans un loft vide a plafond haut qui sent le plancher en bois, sans chauffage vraiment, hors un petit grille pain vertical caniche style avec un matelas par terre et un sac de boxe accroché au milieu de la pièce, lumières basses, on se déshabille a moitie, elle surtout qui garde des dentelles, moi total, juste ce qu'il faut pour être beau et belle a crier d’excitation, on a vingt-sept ans on est beau a mourir.

J'exagère pas c'est vrai j'ai des photos, je suis éphèbe musclé mais pas trop, sans poils, un fantasme de pédé et Stéphanie est femme année début quatre vingt, libre belle, des jambes longues, une mini jupe, bronzée partout a la machine, des yeux verts et des taches de rousseur avec un sexe léger naturel mais pas totalement épilé, c'était pas encore la mode. 

Elle sent bon même sans parfum.


Kiki un soir m'a dit a propos d'un homme 


_ Il sent le vieux 


C'est un mot terrible. 


Je roule un billet de cent francs quand j'ai ou un de dix francs le plus souvent, j'ouvre un petit cocotte en papier sachet blanc et a coup de légers coups saccadés sur une assiette en faïence blanche renversée je déverse une merveilleuse poudre blanche ... 

On se calme il devait y avoir 90 % de farine et 10 de coke trafiquée mais ça la faisait, ça créait l'ambiance, le sexe c'est dans la tète que ça se passe alors se défoncer a l’illégal, même au bicarbonate ça excite la libido  .... 

J'irais pas dans les détails mais malgré le froid on a passé des nuits chaudes. 

Elle m’apprenait des choses que ses clients lui avait apprises, mais elle tremblait.

_ J'ai peur , il va me tuer et toi aussi 

_ Mais non ... 
_ Si... tu sais pas, il va nous découper avec un rasoir et une bâte de baisebaule .. 
_ On dit Baseball  
_ J'ai peur si il sait...  
_ On dira que je te paie .. je suis un client, viens on baise et on en reparle après . 
_ Je suis pas une pute en vrai 
_ Je disais ça juste comme alibi 
_ Tu es impossible mais tu es beau et je t'aime mon petit frère . 
_ Viens , on baise 
_ Wouiiiii 

Je rigole mais c'était red hot chili peppers, c'est terrible le cul, regardez Clinton  Kennedy,  DSK,  La Triq Ramadan et plein d'autres, on est tous, les hommes, prêt a tout perdre, réputation famille carrière fortune pour dix minutes au maximum d'un plaisir furtif, c'est fascinant le sexe quand on y pense. 

Les femmes c'est moins voyant mais c'est pire parce qu’elles sont folles en plus. 
Son fantasme c'était que je la prenne en levrette sur un billard devant des hommes dans un bar.
les femmes sont compliquées je me disais.
On s'est aimé de folie dangereuse pendant un mois trois jours et quatorze heures.
Ses copines l'ont fait s’échapper une nuit en taxi a la barbe du maquereaux méchant et je sais qu'il ne l'a pas ou n'a jamais osé la retrouver, les filles avaient prévenu les Mœurs.

Une fille pour un mac a l’époque a Lyon c'était un investissement lourd et risqué, il fallait acheter un appartement a son nom, c'est a dire lui donner l'argent, seule possibilité pour elle de travailler dans la ville parce que en location c'était légalement impossible, donc le mac si la fille se taille, il a tout perdu et ils aiment pas trop ça mais avec les Moeurs et l'antigang au cul en général ça calme les ardeurs de vengeance.


Les Mœurs c'est la police des moeurs c'est a dire une 
Unité de police qui était chargée de la répression des atteintes aux bonnes mœurs, y avait pas you porn ca se passait dans les pissotieres, et de la régulation de la prostitution et du proxénétisme, les flics que les filles détestent le plus, sans parler de nous les mecs autour.
Mais il y a aussi une amitié et une complicité glauque et perverse entre nous.

C'est un tout petit monde ou on se fréquente se croise se renifle, se défie, se nargue tous, c'est normal qu'il y est comme toujours et partout, des histoires d'amour, de haine de respect, de jalousies et de mépris qui se nouent et se dénouent.

les flics sont pas toujours tout blancs et les voyoux pas toujours tout noirs, les indics sont gris clair ou gris sombre ou l'inverse selon les nuits, il y a beaucoup de pognon sale intracable, spermeux ou celui léger des machines a poker, argent toujours facile, en liquide a portée de petits arrangements ou le légal essuie la sueur de l’illégal .... et il y a au milieu de tout ce bordel des très belles filles de très minuscule vertu.
La recette a embrouilles.
Et il y a la mort qui se promène, lente en prison pour certains ou salope brûlante de trois balles a scooter sur les quais de Saône a deux du mat avec ta meuf qui hurle hystérique, ton sang plein ses beaux nichons que tu aimais tant y a encore trois minutes en finissant un verre " de Black & White" en fermeture d'une boite a pédés.
le 
"Black & White" c'etait le whisky des boites a Lyon dans les eighties, une bouteille verte avec un Scottish Terrier noir et un West Highland white Terrier, blanc comme son nom l'indique.


Je suis parti en Californie a toute vitesse avant, bien pour moi mais j'aurais aimé confronter des années après le chef de la brigade du proxénétisme a Lyon qui me suivait, connaissait mon histoire avec Kiki et d'autres filles ... pourquoi il n'a rien fait, rien dit pendant des mois et brusquement arrêté ma femme le matin de son départ définitif pour une nouvelle vie aux USA ... ?
Kiki l'aimait plutot bien ce flic avant, moi il m’intéressait, m'intriguait.
Et puis vingt ans après, par ma sœur j'ai appris sa saloperie. 

Il est venu chez mes parents, a Caluire avec un autre flic, des mois après mon départ alors que j'étais sur écoute, qu'il savait que je bossais dur dans une usine en espérant faire venir Kiki.
Pourquoi dévoiler a mon père et ma mère que j'imagine terrifiés et désespérés une menace d'inculpation pour proxénétisme qu'il savait ridicule alors que j'étais a Los Angeles, intouchable ?

Ma mère est décédée et jamais, jamais je ne parlerai avec mon père de cette visite odieuse et inutile, jamais je ne saurais et je m'en fous mais ce flic est un salaud.


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Je descend les escaliers pour aller pisser, ou c'est au rez de chaussée, je ne me rappelle plus, il y a une porte pour les femmes et une autre pour les hommes, c'etait avant les conneries transgenre, je pousse la porte marquée hommes, la lumière, l'odeur et l'ambiance sont chiottes normal propres et carrelés a mi hauteur, direct en face il y a deux urinoirs blancs cote a cote, un est libre l'autre occupé par un homme mince de dos, jean et une chemise un peu hippie, baskets Smith ... a peu prés ma taille en plus grand a peine, les deux mains occupées, je prend la place vide a droite, un néon a moitie mort clignote et coupe la lumière en deux, je me débraguette et commence a pisser, je tourne aussi la tète pour saluer mon partenaire, ça se faisait a l’époque entre mecs normaux pour montrer que tu étais pas pédé et que tu regardais pas sa bite . 
_ Salut 
_ Hello 
_ you spik anglish ? 
_ Yes 
Il se secoue un peu, remonte le zipper, sourit, recule, se regarde dans le miroir, se lave pas les mains et s'en va.

C'est ma première rencontre avec Mick Jagger, j'ai vingt ans, il en a trente quatre .


On va passer deux mois ensemble, lui sur " Some girls " moi sur " 35 T ".

Et Louis Jouvin et sa trompette d'or au studio " un " et Telephone au studio " trois " .
Il y a quatre studios chez Pathe avec un security gard papy, une petite cuisine, un sofa, trois fauteuils, un micro onde, un frigo et une télé pour nous tous et en plus Mick avait emprunté le train électrique de Jean Louis et Keith bloquait l’entrée avec sa Ferrari noire et Keith Moon venait foutre le bordel des soirs. 

Il y avait du pognon, les maisons de disques nous entretenaient a coup de millions de francs, il y avait des belles filles, des journalistes spécialisés genre Best, Rock & Folk, Actuel, Liberation, des Bruno Blum, des Patrick Eudeline, des Philippe Manœuvre, des Bar David, Mimi, Diwo, Blanc-Francard  .... mais rien a voir avec today, pas de bling bling et de gardes du corps connectés en lunettes noires, la Ferrari de Keith Richard était pas lavée pendant un mois, la Rolls de Jean Louis, un peu rouillée démarrait pas des soirs, la securite c'etait, on l'appelait " papy mougeot ", un vieux cool alcoolo dans sa loge vitrée sans même une porte sécurisee électrique ..


Pour téléphoner, il fallait, Rolling Stones ou pas, mettre des pièces dans un appareil au mur.

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CHAPITRE # 17  

January 17 4:30:55 a.m 1994



Le frigo s’éclate de la cuisine au salon. 

Et il revient a la cuisine et repart au salon, c'est la fin de la nuit ou le petit matin, je dormais, je me réveille d'un coup, je suis en train de mourir avec la vaisselle, les bibelots et la télé, ça va trop vite pour penser, tout bouge en trois dimensions même sans voir, la nuit est totale, la poussière semble tomber des plâtres invisibles, je suffoque, les cris des voisins et la chiwouawoua a la con qui hurle. 
Le premier chock dure vingt secondes courtes mais des secondes énormes, après tout est par terre, calme, tout est noir avec juste des vibrations qui restent dans l'air 
Kiki tremble dans le lit, je la saisis et on se jette dehors de l'appartement, dans la rue.

_ Pensée, elle est ou ! 

_ Elle est .... va savoir ? 
_ Snif Ouaaaaaahhhhhh snif

Kiki pleure


_ Ok, je vais voir.

Pensée c'est la chiwouawoua de ma femme Kiki, sa compagne de misère comme elle me le dit un jour. 
Je suis le héros qui va chercher la chienne de sa meuf au milieu des décombres.

Je retourne dans le building sans risque vu que le tremblement de terre est fini et que l’immeuble est impeccable, je prend même l'ascenseur et je ramène a sa mère, la chiwouawoua agressive qui dans son panier en avait rien a foutre de crever sous les décombres, c'est bête a mourir un chiwouawoua, une.... surtout


_ Merci mon chéri, je t'aime... 

_ Moi aussi je t'aime mais je hais ta chienne, pourquoi elle est pas morte dans le tremblement de terre ? 
_ Arrête....
_ Elle est pas bebelle sa moumoute de Pensée a sa maman , wououwou , vas y ma chouchoute fait la dandanse du canard a sa maman , dis bonjour a ta maman ma chérie... mougnou mougnou mougnou.

Et cette connasse de chienne de salon, fayote sur ses papattes arrières pour avoir un susucre ou une boite de foies de volailles bio aux truffes et épinards de mer, avec écrit dessus en rose " pouffiasse "  sur le couvercle.


The 1994 Northridge earthquake occurred on January 17, at 4:30:55 a.m


Je vis avec ma Kiki a Hollywood, une rue a droite en remontant Hollywood boulevard, a l'angle du Chinese theatre, c'est dans la zone dure du "Northridge earthquake" au moment du tremblement de terre. 

En une seconde il n'y a plus de lumière, le bruit du sol gronde, tout tremble, ça dure pas très longtemps vu le temps qu'il nous a fallu pour nous réveiller, a mon avis ça dure vingt quatre secondes, secondes très courtes d'ailleurs et puis tout s’arrête sauf des objets retardataires qui continuent de tomber, même le frigo arrête de bouger, c'est étrange pour un frigo d’être immobile.
Avec l’habitude, on se doute que c'est un tremblement de terre mais ça impressionne quand même, j'ai jamais pris de bombes sur la tronche mais j'imagine que c'est un peut le même effet sauf que un tremblement de terre c'est comme une bombe qui dure plus longtemps. 
Comme dans tous les accidents la peur arrive après et il y a les " after shocks " ces petits, pas si petits des coups, tremblements de l’après le gros qui sont très énervants pour les nerfs.  

Nous sortons quasi a poil dehors dans la rue noire avec plein de gens hagards comme nous. 

Ca dure dix minutes avec des hommes, des femmes et des enfants vraiment nus dans la rue et puis des lampes de poche et des couvertures apparaissent, la civilisation se réinstalle. 

Tout est noir, l’éclairage municipal est out sauf la lune qui jette une lueur blafarde sur une morne plaine ... pas de lumière mais des milliers d'alarmes des voitures et des buildings qui hurlent en même temps et nous nus qui regardons la lune, j'aime mettre un peu de poésie dans ce livre des fois. 


En fait .. pas du tout, il fait chaud et après une heure de stress les gens qui savent qu'ils vont pas aller bosser rigolent et c'est la fête dans la rue avec très vite musique, barbecues et danses aux chandelles ou groupes électrogènes .

Les Américains sont fantastiques dans les catastrophes, jamais ils râlent, se plaignent ou critiquent le gouvernement. 

Dans les catastrophes, Les journalistes du Monde , Libe ou BFM vous expliquent, a la télé ou dans leurs colonnes, cheveux au vent et mal rasés pour les mecs, faces blanches pas maquillées et hystériques pour les meufs avec un décor derrière, brumeux en Yougoslavie ou sablonneux en Iraq avec un bruit de vent dans le micro que ce sont les plus longues secondes de leur vie, que le monde s’effondre, que les cadavres jonchent les rues, etc...

En vrai, c'est pas vrai du tout ! 
les tremblements de terre ou les bombardements ou les meurtres dans la vraie vie ça commence très vite et ça fini très vite. 


Dans le monde chacun sa merde, a Los Angeles c'est les tremblements de terre, on s'habitue, quelques années avant, y a eu un autre tremblement de terre un peu moins gros mais un bien quand même, nous n’étions pas dans l’épicentre, l’épicentre c'est l'endroit le plus dangereux dans un tremblement de terre et plus tu en es éloigné mieux tu te portes. 


Un autre appartement, résidence de luxe, deuxième étage, Kiki dort, moi je me lave les dents, c'est le matin, la terre tremble serieux, Kiki se réveille un peu. 


_ C'est quoi ? 

_ C'est rien ma chérie c'est le chien du voisin 
_ C'est un gros chien ? 
_ Oui
_ On dirait la mer ...

C'est vrai que on dirait la mer, le bruit des vagues sur Hollywood boulevard 

c'est quoi cette histoire ? 
je vais sur le balcon et en bas la piscine se déverse tranquillement un coup a gauche, un coup a droite, un coup a droite et un coup a gauche, très lentement comme des vagues sur une plage, tout est arrêté, le tremblement de terre est passé mais l'eau en mouvement continue, ça dure bien cinq minutes dans le silence des alarmes et des sirènes des pompiers . 
C'est un moment de beauté rare et irréel de voir une piscine bouger dans le calme absolu de l’après.
Retour Hollywood North ridge earthquick , C'est le serieux, pas encore le " big one" mais un vraiment bien sur l’échelle de richter, il n'y plus d'électricité mais la radio de la voiture fonctionne, des bouches incendies sont cassées, l'eau inonde Hollywood Blvd, j'apprends que le pont d'autoroute du 110 Freeway, l'autoroute a 5 minutes de la maison est effondré sur cinq cent mètres mais qu'il y a très peu de morts, le jour se lève, il fait beau comme d'habitude, il faut que j'aille voir mon usine, je vais devoir descendre  vu que l'autoroute a pas l'air en forme par Sunset blvd, Sunset c'est le mythique qui traverse tout Los Angeles, Hollywood, Beverly Hills et qui s'arrete a Malibu dans l'Ocean Pacifique, y a pas beaucoup de traffic tout le monde est dans la rue, il y a des morceaux d'immeubles par terre, des façades fracturées, des débuts d’incendie, des voitures de travers .... on se croirait en Irak après un raid de talibans sympas.

Je dois descendre a Downtown, le centre ville de Los Angeles, je demarre ma Cadillac Eldorado 1975 blanche avec des sièges en cuir rouge et je regarde le niveau d'essence, ça devrait aller pour un aller et retour, même a quarante litres aux cent . 


Comme on a du temps a perdre pendant que je conduis j'en profite pour vous parler de cette voiture....

Pour un petit français comme moi c'est un rêve de gamin inimaginable en terre socialiste, primo je l'ai achetée pas chère, en 1990 a Los Angeles plus personne en voulait sauf les noirs et les Français .
Deuxio quand on a quitté la France de la Renault cinq, la Cadillac Eldorado 1975, tu mets une R5 sur le capot, une autre sur le toit et il reste plein de place dans le coffre, les sièges en cuir tout électriques a l’époque c'est des fauteuils que le seul grand danger c'est de s’endormir dedans.
L’intérieur est rouge aussi avec des chromes et du faux bois satiné autour de l'auto radio chromé pareil avec une aiguille rouge qui se déplace horizontalement sur une grille de numéros écrits en noir quand on tourne le bouton de droite pour chercher les stations, le bouton de gauche est pour le son et il y a cinq rectangles cubiques en dessous, chromés aussi que tu appuies pour sélectionner les stations préférées. 
le volant est cannelé rouge aussi avec le sigle Cadillac au milieu et un autre très loin a l'avant du capot. 
Le changement de vitesse automatique est a droite du volant, chromé encore avec une boule ovale en nacre au bout, il faut tirer vers soi et monter d'un cran pour conduire, pareil en descendant pour neutre et parking, l'angoisse était la marche arrière impossible a trouver.
C'est pas une voiture c'est un bateau, déjà en temps normal c'est un fantasme a conduire mais dans ce matin lumineux sur un Sunset Blvd vide et silencieux comme un canal c'est un top.
Le son du V8 est solide, profond et violemment tranquille comme la basse chez ACDC, le crissement léger des pneus sur le ciment poli des parkings c'est les films de Tarantino et la taille du capot avant c'est Rocco.

Je roule cool, je fais comme mon pote Renaud qui mettait quand il était pauvre en deudeuche auto-stoppeuse, une cassette de Starshooter ...


Quand j'lui ai proposé la botte

Sans trop y croire
Elle m'a dit : Cause toujours, mon pote
T'es qu'un ringard !
Alors, pour détendre l'atmosphère
Très glauque, très punk
J'mets une cassette de Starshooter
Dans mon Blaupunkt.
Ell' m'dit : J'préfère le rock'n roll
C'est plus l'éclate.
Je l'ai gerbé de ma bagnole
A grand coups d'lattes !

Elle était un p'tit peu campeuse

Un p'tit peu autostoppeuse
J'l'aurais préférée vicieuse,
Voire allumeuse !

Downtown c'est en temps normal une fourmilière mais ce matin tout est arrêté, les Sud Americans sont la mais immobiles, le silence hors les sirènes en rasoir insupportables de police et ambulances est total, les alarmes se sont calmées a cours de piles.

Le soleil se lève tranquille et majestueux comme si rien s’était passé .  
L'usine est intacte, une vingtaine de Mexicains dehors, une fraction de l’équipe de nuit ceux qui n'ont pas de voiture et veulent surement pas prendre le métro.

C'est cette même étrangeté qui traîne toujours dans les aftershocks des tremblement de terre, ce silence suspendu en attente d'une explosion nouvelle qui va arriver, ces femmes, ces hommes, ces enfants assis dans la rue fatalistes mais joyeux, cette ambiance ou la mort est présente mais pas trop sérieuse non plus. 

En plein air le ciel ne va pas nous tomber sur la tète. 

Je gare la Cadillac dans un cri de pneu hurlés devant les docks, j’émerge tel le sauveur, je fais le patron sur de lui et confiant...


_ Ok Amigos , lets go , on va bosser 

_ No 
_ Commo No ? 
_ No trabaro 
_ Commo no trabaro ! 
_ No trabaro , patron. 

Si vous parlez pas Mexicain je traduis, ils veulent en aucun cas entrer dans l'usine et aller travailler.


Putain de bordel de dieu....  une semaine, dix jours, ils ont pas voulu rentrer dans l'usine et pourtant ils ont besoin de pognon, mais non, j'ai eu beau expliquer que c'est pas le Mexique ici, que les constructions sont aux normes anti sismiques, que les ingénieurs sont pas corrompus etc.. etc ...  y a rien eu a faire, c'est une peur intrinsèque au fond du ventre, la peur du tremblement de terre en Amérique du sud. 

J'aurai pu multiplier les salaires par dix pas un ou une n'eu passé le portail d’entrée.  

Ça m'a coûté une fortune, pareil a Wal Mart et aux employés qui ont pas été payés pendant dix jours et qui ont mangés que des tacos au cactus avec du Tabasco mais en Californie en cas de tremblement de terre on est solidaires. 

On perd tous pareil. 


CHAPITRE # 18
April 29 1992 3:45 PM 



" By mid-morning, ( Jeudi ) violence appeared widespread and unchecked as extensive looting and arson were witnessed across Los Angeles County. Rioting moved from South Central Los Angeles, going north through the neighborhoods of Central Los Angeles before reaching Hollywood. The looting and fires engulfed Hollywood Boulevard, before rioting erupted in the neighboring cities of Inglewood, Hawthorne, Compton and Long Beach. Korean Americans noted that law enforcement abandoned Koreatown, contrasting that with official defense lines for such wealthy white neighborhoods as Beverly Hills and West Hollywood.[69] Subsequently, they organized their own armed security teams composed of store owners, who defended their businesses from assault. " 


les émeutes Rodney King Avril 29 1992 3:45 PM le verdict qui innocente les flics vient de tomber... un noir s'est fait tabasser par des flics blancs, chopé en video et vlan émeutes dans les quartiers noirs contre le racisme.

Les noirs a LA quand ils emeutent contre le racisme la première chose qu'ils brûlent c'est leur quartier, c'est comme ça, c'est culturel chez eux, trois mille six cent feux et mille cent bâtiments détruits en une semaine. 
Aux USA c'est pas comme en France, les petites grèves, les cambriolages les rayages de voitures les cassages de rétroviseurs, les harassements de rue et arrachage de sacs ça existe pas ou très peu mais quand ça pète, une fois tous les trente ans, ça pète serieux, enfin pour les pauvres parce-que les riches a Beverlly Hills, Santa Monica ou Malibu , les émeutes ils les ont vu que a la télé. 

Pour les cambriolages, moi par exemple et je vis pas dans des zones huppées, ça me gonfle, alors je vis dans des appartements biens mais sans alarmes, portes blindées et fenêtres ouvertes, en trente ans je n'ai jamais été cambriolé .

Il y a une raison pourquoi il y a peu de cambriolages c'est que ici les gens normaux sont armés et que zigouiller un cambrioleur est parfaitement légal et ça peut même te faire un article laudateur, photo avec le Shérif dans le journal local, alors ça refroidi les cambrioleurs au réel comme au figuré.  

Donc le Mercredi 29 avril en fin d’après midi ça commence a bouger.


" Meanwhile, at approximately 4:15–4:20 pm, a group of people approached the Pay-Less Liquor and Deli on Florence Avenue just west of Normandie in South Central" 

En Français ... fin d’après midi ça commence a chier cher.  

" Looking northeast from the southwestern corner of Florence and Normandie

At 6:46 pm,[41] Denny, a white truck driver who stopped at a traffic light at the intersection of Florence and Normandie, was dragged from his semi-trailer truck and severely beaten by a mob of local black residents. " 

En Français ... Debut de soiree 6:46 PM, Denny, un conducteur blanc de camion a l’arrêt au feu entre Florence et Normandie, c'est une rue et un boulevard entre le centre de Los Angeles et Hollywood ou je vis, le conducteur est arraché de son siège et massacré quasi par un gang de noirs, c'est filmé d'un hélicoptère en direct pour les news. 



Toute la nuit ça commence a flamber, le matin, c'est l’insurrection et ça va durer trois jours avant que la National guard et la 40th Infantry Division reprenne avec les chars légers et les Humvees le contrôle du bordel général. 

Seule fois de ma vie que j'ai vu des blindés, pas avec des chenilles mais avec des grosses roues, avec des tourelles avec mitrailleuses lourdes et des soldats camouflages aux intersections de ma ville. 

Je vis a Hollywood, mes business sont a Downtown,Los Angeles centre entre les deux il y a une zone grise qui ce jeudi matin respire la guerre civile, j'ai trente cinq ans, rien de ma vie a perdre mais beaucoup si mon usine est pillée alors je charge mon 9 millimètre, un Beretta je crois et deux chargeurs, ça je me rappelle, j'ai une vielle Jeep Cherokee bleue 4 par 4 délavée au garage qui va servir parfaitement pour faire pauvre pour traverser la savane urbaine. 

CNN hurle a la mort dans ma tele, normalement je devrais me barricader et pas bouger de la maison. 
Je tourne la clef de la Jeep, la batterie est quasi morte et je me vois mort de colère pareil mais ça arrive, on sait tous, elle demarre par hasard sur un coup de chance électrique. 

Je descend ma rue sur trois cent mètres, fait une gauche sur Hollywood boulevard, le Theatre Chinois est au coin, l'ambiance est vide, Hollywood blvd est vide... 

juste quelques feux et vitrines brisées et des silhouettes qui traversent perpendiculairement les bras chargés de boites de Nike et de Michael Jackson DVD. 
Je conduis doucement, la Jeep est automatique, la radio ne marche que a moitie ça dépend l’orientation, des coups c'est la météo des coups Guns & Roses et des coups des infos, en plus il y a des sautes de volume. C'est le problème avec les voitures de pauvre. 

Et puis brusquement a droite un Wal Mart supermarché, un parking, deux voitures de flics et un paysage de science fiction comme la fête chez MadMax, des familles de Mexicains avec les mamacitas, les ninos ,( les mamans et les gamins )qui entrent et sortent en rigolant, les bras chargés de télévisions, fringues, chaussures, matériel de pèche et barbecue .... du pillage festif avec la police impassible qui regarde.

Ma radio grésille:

_ Beverly Hills, Santa Monica, Malibu pas de problemes.... 


on s'en doute un peu, la révolution chez les pauvres ça mange pas de pain mais faut pas pousser mémé dans les orties, quasi tous les flics de LA doivent etre barricadés la bas, plus les milices de sécurité privées, ça fait une petite armée...  


Plus je roule Sud plus l'ambiance sent mauvais il y a des magasins a droite et a gauche en feu, des voitures roulent aussi mais un peu louches qui naviguent entre les vitrines fracassées, personne dans la rue, je flippe main sur mon calibre je crois que je vais prendre l'autoroute le 101, au moins ça sent le normal il y a des voitures. 

Je roule dix kilometres, exit San Pedro St, du haut de l'autoroute je vois des feux, des centaines de feux, il y en aura trois mille six cent et mille deux cent immeubles détruits. 
Je roule au pas sur Stanford Av ...  droite sur la 12 St, c'est facile a Los Angeles les St ,(rues), coupent quasi toujours les Av, (avenues) et généralement a angle droit, je me gare devant mon usine, rien.... j'ai jamais vu cet immeuble aussi gris, personne ne peut rien voir mais y a deux millions de dollars dedans de Jeans que si un mec avait voulu il aurait pu prendre le stock, pendant trois jours il n'y avait pas de police sauf José Louis et ses frères dedans...
Il fait beau comme d'habitude, le soleil enlève du tragique a la situation, dans un film il y aurait un ciel d'orage, pas du tout il est bleu nickel. c'est le printemps , y des oiseaux, les palmiers s’éclatent avec les herbes folles des contre allées, enfin pas du tout une ambiance de fin du monde, c'est con pour l'histoire mais c'est comme ça.
Il y a une petite brise et ça sent même bon. 

Je suis sur le parking dans la Jeep moteur allumé et portes bloquées, seul devant les docks vides, je téléphone a l’intérieur.

_ Hello Amigos 

_ Hello Patron 
_ Hasta Jose Luis
_ Si 

Je traduis ... 


_ Je veux entrer 

_ Tu es tout seul ? 
_ Bien sur je suis tout seul 
_ Je sais pas... patron.... 
_ T'es con ou quoi ! 
_ Non patron mais je n'ouvre pas, passez par la petite porte a droite dans l’allée.  

C'est une petite porte en métal mal painte de un mètre quatre-vingt de haut sur soixante centimètres de large qui s'ouvre sur l’intérieur, je me gare devant, stoppe le moteur, José Luis entrouvre, regarde en silence a droite a gauche, il y a ses deux frères derrière dans le sombre, avec deux fusils a pompe qui posent pas de questions.
J'entre, la porte claque derrière moi, José Luis est un top en securite, il est avec moi depuis des années, il gagne une petite fortune en heures supplémentaires en passant des nuits a attendre et piéger des cambrioleurs qui réussissent toujours a s'infiltrer dans ces usines immenses et un peu vétustes...
pour passer le temps il tue des rats au 9 mm.
José Luis c'est un costaud mais pas lourd, souple, lent et d'un calme olympien, je sais pas pourquoi on dit olympien mais il l'est plus que personne que j'ai jamais rencontre.
Un matin je trouve attaché a une planche a repasser les pantalons, un tout petit, tout maigre sud américain terrorisé....

_ C'est quoi ça ... ? je demande a José Luis, il est 6 AM on est encore seuls dans l'usine
_ C'est un cambrioleur, José répond imperturbable
_ Et il est la depuis longtemps ?
_ Depuis minuit mais j'allais pas vous réveiller Boss..
_ Viens José, on le relâche, c'est mieux non ..
_ Comme vous voulez Boss...

Depuis deux semaines des blousons en Jean Guess disparaissent tous les jours, un ou deux, je supposais un vol par le personnel mais José était sur de sa famille, c'est lui qui embauche et licencie... il s'est planqué deux nuits, a tué deux trois rats et a attrapé le gamin.
Il était tellement mince qu'il passait par une un tuyau d’aération tellement étroit que jamais on avait imaginé de le grillager. 
L'usine est noire, tiède et humide
Je fais le tour a la lampe de poche, a priori il manque rien, je donne a José Louis une petite liasse de cash pour assurer les faux frais et les va savoir ce qui peut arriver... je sors, la porte métal claque.


Honnêtement nous les juifs et les français on s'est un peu planqué dans l'histoire du Rodney King, les vrais de vrais c'est les Coréens, des qu'ils ont senti la patate, enfin le sushi, ils ont appelles la famille, les potes et ils se sont organisés en milices pour défendre leur business. 


Je sors de l'usine, remonte la rue San Pedro et croise Washington boulevard, les Coréens sont sur les toits. 


Les Coréens c'est des migrants pauvres au debut, ils ont rien sauf des couilles et du travail et de la famille et ils gagnent leur pognon en vendant de la nourriture et des cartes de I phones chinoises trafiqués au Mexicains et aux noirs ... alors c'est sur ça crée tensions et discriminations. 

Les commerces Coréens sont installés dans les quartiers noirs parce-que l'immobilier est pas cher et que personne ne veut prendre le risque, c'est dur parce-que les Coréens, le politiquement correct ils pigent pas trop, c'est culturel chez eux aussi, ils sont comme nous tous a LA, on est vivrensemblistes multiculto mais entre nous et chacun chez soi, sauf que eux c'est en pire.  

Des le début du crash ils se sont organisés et installes sur les toits plats de leurs commerces avec des vivres, bien armés et bien en évidence.
Comme dans les châteaux forts, pour monter et descendre il y a une échelle qu'ils descendent et remontent et c'est eux qui l'ont .

Ils sont sur le toit de leur business avec des AK 47, des Kalach, des fusils a pompe et des revolvers aussi avec des munitions des vivres, des Seven Up a la fraise et du Coca Cola pour le temps qu'il faudra...
Comme tous les pauvres, surtout Coreens qui ont économises quelque-chose a force de travail petit et de sacrifices, ils rigolent pas avec leur pognon, ça se voit sur leur visage, même sur un toit d'un étage.
L'humour Coréen, j'ai jamais entendu parler. En passant en Jeep, ça sent a cent mètres que une racaille qui voudrait s'approcher avec ou même sans un bidon d'essence, il est mort, tout simple.
Va savoir pourquoi mais il y a eu très peu d' épiceries Coréennes qui ont cramé a Downtown.


Il doit etre maintenant dix heures du matin dans cette contre allée vide et vaguement silencieuse il fait beau brillant maintenant température tee-shirt.

La Jeep ne demare pas, comme ce matin, ce ne peut pas etre la batterie ca doit etre une connection, j'ai pas du tout envie de stationner trop longtemps seul en zone de guerre.

_ Alllllez come on.... demarre 


Rrrrrrzzzrr 


_ Alllllllez sois gentille, demare please


RZZZZZzzzzkkkkkrrr 


Il ne faut jamais s’énerver avec les objets ca ne leur fait rien du tout et les voitures c'est comme les plantes quand on leur parle en general ca se passe mieux.

RrrrrrrrrZZZkkkk...... Vrouuuuuum ! 

je l'avais dit. 


_ Si le garagiste il est pas brûlé, promis je t'emmène chez lui la semaine prochaine ..... 
je dis a ma Jeep en remontant sur Hollywood.


Le lendemain les National gardes sont la et tout rentre dans l’ordre, normal ils ont des chars, des mitraillettes et des uniformes kaki et ils sont très serieux en plus et en plus de en plus ils disent gentiment a tout le monde que on a bien rigole mais que maintenant ça suffit et que on va se calmer.

CHAPITRE #19  

October 23 1996 6:16 PM 

Downtown Los Angeles c'est le " centre " de Los Angeles... 
_ Hello ... Mister Kim, ne fermez pas j'arrive dans dix minutes 

_ Je vous attend depuis une heure monsieur D'aniere... 
_ Yes, je sais, il y a du traffic sur le 405, je suis la dans dix minutes.

J'ai mal a la jambe gauche a force de pousser l’embrayage de la Porsche depuis deux heures dans les embouteillages, j'ai un chèque dans la poche que je suis allé chercher presque a coup de batte de baseball chez un client a Pasadena, quarante bornes.
La collecte de l'argent dans le tissus, comme le payement des salaires est hebdomadaire et souvent le pognon il faut aller l'arracher violemment. Toute la chaîne alimentaire a Downtown est tendue, très tendue....

En général quand tout se passe bien, je fais du camping dans le hall de la réception du client qui me doit une facture.
Voila le scénario.

_ Monsieur D'aniere, Moshe n'est pas dans son bureau et je ne crois pas qu'il reviendra cet après midi, elle dit la réceptionniste
_ Ok , j'attends ... je dis

Et je tourne en rond, m'assied, me relève, retourne en rond, redemande si Moshe ...

_ Normalement il est la tous les vendredis puisque il paye les fournisseurs et les employés.. vous pouvez essayez de le rappeler mademoiselle ?

Elle fait semblant, je m'assied, me lève, murmure, tape les murs, appele sur le portable, la pauvre... Moshe et moi on est des escrocs mais elle elle sait pas mentir.
En général après une heure les réceptionnistes elles craquent, disparaissent derrière et reviennent dix minutes après avec mon chèque.

_ Vous avez de la chance monsieur d'Aniere, Moshe vient de rentrer
_ Merci Mademoiselle, a la semaine prochaine !

Mais des coups, il faut aller sur le parking derrière, s'asseoir sur la Mercedes noire 560 SEC de Moshe, celle avec les jantes plaquées or, appeler sa messagerie et dire :
_ Hey mon frère, si tu sors pas dans cinq minutes avec mon pognon, sur ma mère, les deux portes je te les raye ...
Deux minutes plus tard ...
_ Déconne pas Philippe, pas la Mercedes, putain ta mère tu respectes rien mon frère, j'arrrrive ... 


Deux heures de route de downtown LA, il est vendredi, il est six heures du soir et j'ai cinquante Mexicains dans une petite usine en ce moment qui attendent d’être payes pour la semaine, ils ont besoin d'argent pour manger et ne quitteront pas l'usine avant d’être payes.
Si Kim ferme son magasin " casher ", je suis mort, pas vraiment mort, mais beaucoup mort comme plein de mes travailleurs qui ont vraiment besoin de cet argent ce soir pour payer souvent le credit de la semaine dernière et acheter a manger ce soir de nouveau a credit sur la prochaine semaine.


Un " casher " c'est un mec qui prend le risque de te donner du cash, du liquide  en prenant 2% de commission en echange d'un chèque. Ça parait de l'argent facilement gagné mais aux USA, un chèque n'a aucune valeur, il peut revenir impayé plusieures fois sans aucune sanction d'aucun organisme bancaire et surtout ne pas etre payé du tout a la fin.  

C'est dur, il m'est arrive des fois d'arriver trop tard ou de ne pas avoir le chèque et de devoir dire devant une petite foule...
_ Je n'ai pas d'argent pour vous payer ce soir, ce sera Lundi 
_ Fuck you boss ! Yo nescecito dinero ! ( va te faire enculer boss j'ai besoin d'argent ) 
_ J'ai pas amigo et puis de toute façon tu es illégal alors va te faire foutre.

Je suis énervé aussi, tendu et fatigué des fois. 
C'est dur, très dur, beaucoup plus dur que plein de choses dures que j'ai faites dans ma vie, regarder en face une femme que je connais bien, qui me fait confiance, qui travaille dur, qui a des enfants a la maison, sachant que elle n'a surement pas dix dollars en poche, que elle compte absolument sur moi et devoir dire..

_ Je n'ai pas d'argent pour vous payer ce soir, ce sera Lundi

Heureusement ça arrive rarement grâce a des " Monsieur Kim le Casher ".
Pire des cas, quand j'ai pas le chèque du client, je fais un chèque de ma societe et il me donne le cash, moins 2 % par jour en attente du payement de mon client.... 


8 St et San Pedro blvd juste a l'angle, la grille est tirée mais il y a lumière a l’intérieur, je me gare devant en stationnement interdit pour les gens normaux. 

Je sors de l'air glacé jambe engourdie, nerfs a vif, il fait brûlant d'un coup de pas possible dans la rue et silence de sans clim et le néon blanc cru du shop a Mister Kim.
C'est un tout petit shop, gris sale, avec une enseigne " Kim Wong Check Cashing" un tube rouge qui clignote cassé sur les lettre " ong ", le trottoir devant est défoncé par un petit bananier vert et jaune qui passe entre deux dalles en béton et il y a un chat errant qui miaule.


_ Bzzzz .... c'est électrique l’entrée en vitre blindée, normalement les clients normaux changent les chèques derrière une double vitre et ils restent dans la rue mais je n'ai jamais été normal, on se connait Kim et moi et puis je change un paquet de pognon alors je rentre dans l’arrière boutique.
Sale, c'est toujours sale Downtown, ça brasse des millions mais c'est crade, meublé de chaises épaves, de tables cassées, de vieux rangements métalliques vert cacadoie, de lampes faméliques et de un ventilateur suspendu des fois au plafond, d'autres comme ce soir en plastique noir posé sur une chaise de guingois.
Je pousse le ventilateur qui ne marche pas de toute façon et je m'assied sur la défunte.  


_ J'allais partir monsieur d'Aniere, si ce n’était pour vous.... mes ancêtres Français .... 

_ Ça va arrête ton cinéma le Viet,fais moi plaisir..... j'ai le chèque $ 46.768, tu as le cash ? 
_ Oui monsieur d'Aniere comme toujours a 2% 
_ Bien, tu peux me rendre un petit service de déposer a ta banque le chèque mardi après midi ... 
_ Oui Monsieur d'Aniere ce sera 4 % 
_ Tu me tues Kim, me fais pas ça, on est pays quasi, ta grand mère elle était française a Saigon tu me dis tout le temps ... 
_ Et mercredi si vous voulez Monsieur D'Aniere ce sera 6 % .... parce-que mes ancêtres Français, pour vous, sinon, je ne fais jamais Monsieur d'Aniere.

Je ramasse le pognon sans compter, je sais que le compte y est au centime pres .

_ Mardi a minuit a 4 % ... ça ira.

Je demarre la Porsche et fonce a l'usine c'est a deux blocks d'imeuble...

je paye en cash ce soir parce-que la semaine dernière tous mes chèques de salaire ont " bonced ", bonced ca veut dire " rebondir " j'aime bien le terme américain, c'est pas comme les chèques en bois français, lourds et pesants, les chèques américains rebondissent comme du caoutchouc, grande différence, un chèque qui rebondit reste un chèque vivant même si le premier jour la banque les a refusés.. ils rebondissent même plusieures fois des coups. 
J'ai appris ça quand je débarque de France, très vite, grand flash lumière, ici un chèque c'est ... comment dire, un papier a credit qui s’échange en fonction de ton credit personnel et un credit perso a Los Angeles ça s'établit en quelques mois si tu as les dents longues, du talent, du bagout, de l'ambition, que tu montres que tu sais faire du pognon et que tu payes.
Le principe c'est de toujours payer en temps, de monter ta ligne de crédit et quand tu plantes, de planter gros. 

Un rêve pour moi qui sort du système psychopathe de la Banque de France. 
Je découvre abasourdi ce que c'est que le credit, le vrai credit, le tapage de main ou tu demandes a trois jours un demi million de dollars en liquide, a un % par jour, c'est $ 15.000 toutes les vingt quatre heures, c'est beaucoup mais pas important, on peu gagner tellement d'argent en trois jours et sans ces trois jours de credit je ne pourrai rien faire, je serais un pauvre " entrepreneur " français... 
je dois payer mes employés et mes fournisseurs avant de livrer le client et même si a Downtown les délais sont très courts, il me faut souvent absolument ce pognon pour même a un % par jour. 

Dans le tissus a Los Angeles c'est un système parallèle aux banques qui fonctionne nuit jour et week ends. 

Les gros qui prêtent sur les commandes de millions de dollars, c'est les " factors " mais pour nous les " contractors " c'est les " cashers" , ils encaissent et retiennent nos chèques un, deux, trois jours avant de les déposer a la banque et après, quand il y avait pas l’électronique, il y a encore deux jours, avant que ça soit débité, cinq jours avec le week end quand on s'arrange bien .... une éternité en business a Downtown ! Les cashers, ils amènent , les vendredi après midi, leurs camions blindés en bas de nos usines pour échanger les chèques de la semaine de nos employés contre du cash moins 2 % du total, c'est la ruée devant les guérites des camions blindés ou chaque Mexicain echange sont papier signé contre une poignée de dollars bien verts et bien vrais...
Apres le chef casher monte nous voir pour négocier quand ils peuvent déposer a leur banque les chèques que nous avons signés et distribués une heure avant. 

C'est subtil et violent, ils ont besoin de nous et de nos trois cent employés, nous on a besoin d’eux, c'est chaque semaine une discussion très stress dans les bureaux mal air conditionnés.
_ John ...  dépose la moitie, on parle de $ 60.000 a la banque ce soir et l'autre moitie lundi, tu sais que Guess, Gorges Marciano il paie toujours, t'as pas de risque Ok ..  
_ I need money Maaaan, i have my problems ( j'ai besoin d'argent Maaan, j'ai mes problèmes) il dit John.
_ Fuck you John, si t'es pas OK, casse toi, on travaille avec les Raoul's brothers demain 
_ Les Raouls y vont vous niquer connard, c'est la mafia Mex 
_ John ... Ok, on se calme, on est d'accord tu sais bien qu'on veut pas les Raoul's chez nous, met la moitie des chèques lundi .. 
_ Ok, mais vous faites chier les mecs .. 
Ca se passe pas toujours aussi bien. Mardi juin 15 11:32 AM Downtown

Saul Rami PDG de " Hippie Youps " vient de me dire au téléphone qu'il ne peut pas payer le chèque qu'il ma donné vendredi matin car il vient de faire faillite, sur l'autre ligne il y a John qui hurle parce que tous les chèques de mes employés qu'il a changé vendredi après midi ont rebondis a sa banque vu que le chèque de 
" Hippie Youps " a rebondit a la mienne, y a $ 40.000 quand même...

je lui dit de me retrouver tout de suite aux bureaux de" Hippie Youps ".
Y a meeting comme on dit.

On casse un peu la porte, le cul de la réceptionniste et on est dans le bureau de Saul, bureau de luxe bois vernis murs a lambris verts et moquette afghane.. pas du tout Downtown crado style et avec plein d'avocats dedans.


_ Saul ... tu m’assassines, j'ai bossé, j'ai livré tes robes a JC Peney et tu me dis ce matin je te paye pas ..
Je dis calmement a cause des avocats.

_ Philippe, ma societe est en faillite depuis hier 
_ Arrête Saul, tu es millionnaire, tu sais que si tu ne me payes pas les $40.000 et c'est rien pour toi, je peux pas rembourser John et John va me casser les jambes et y a cinquante familles mexicaines qui vont crever de faim pendant deux semaines... 
_ Sorry Philippe, la LLC " Hippie Youps " est en " Chapter 11 " (redressement judiciaire ) depuis hier je t'ai dit 
_ Tu es un salaud Saul... 
_ Business is business, je ne suis pas personnellement responsable de ma societe, je n'ai pas le choix, je perds de l'argent aussi Philippe ...
_ Tu es un salaud 
_ Ça va...  arrête 
_ Non...  tu es un vrai salaud de merde.

On est quand meme tous assis dans son bureau, les avocats, le casher John, un comptable.


_ On va te tuer Philippe et toi Saul aussi... 

John dit 

_ Il est con le mec, il y a trois avocats dans la piece et il dit qu'il va nous tuer ! 

je dis 

_ On va te tuer quand même Philippe.

_ Arrête tes conneries John, tu pars en couille parce-que tu perds $ 20.000 sur ce coup ... alors que tu as pris 2 % a mes assos Gerad et Georges sur $ 80.000 par semaine pendant dix ans .. arrête ou on va s’énerver, on va se dire des choses qui faut pas qu'on va regretter demain, en plus tu vas tuer personne ou Saul tout seul si tu veux vraiment, mais couvre les chèques de mes employés cette semaine et moi je te rembourse 50 % du total sur deux mois sans intérêt, c'est ça ou tu pers tout, 50 % c'est mieux que 0 % !
j'ai pas le choix toi pareil et on bosse toujours ensemble sur l’autre usine avec Georges et Gerard... 


Saul transpire un peu dans l'air conditionné 


_ T'as de la chance Saul, John c'est pas les frères Raoul, y va te tuer mais il te brûlera pas les couilles au chalumeau avant...
je dis


Ça le fait pas rire le Saul, il se lève et discute a voix basse dans un coin avec un avocat impassible, normal, lui il risque rien et en plus, plus ça dure plus il gagne du pognon, a trois cent dollars de l'heure.


C'est marrant comme cette discussion est normale dans la rue et la chaleur mais parait étrangement déplacée dans le froid artificiel, les fauteuils en cuir sombre, sur la moquette épaisse et l'immense table lacquee.

il manque l'odeur de sueur, le bruit du ventilo et puis les avocats ca casse l'ambiance... 

Saul retourne derrière son bureau, s'assied, ouvre lentement un tiroir, John passe sa main droite sous sa veste ... 

Silence
Regards
Lent mouvement 
Transpiration, 
Tension, 
Regards encore

Saul dépose un carnet de chèques inoffensif devant lui
_ Ok John je couvre les 50 % restants.




CHAPITRE # 20
December 19 1985 9:38 PM

_ Allo cheri... j'ai réservé a Lyon chez Charles dans une heure... ou tu es? 
_ Je suis au bar de l’hôtel ou tu m'appelles, y a pas de Iphone en 1984, c'est le barman qui passe les appels.... 
_ j'ai rencontré un vieux fan de Starshoot, un brave mec.. j'arrive .. 
_ J'ai mis la robe bleue avec les reflets jaunes, celle que tu aimes mon chéri .. 
_ Super, je t'adore mais c'est un brave mec, un peu paume, il est de Clermont Ferrand.. 
_ Je m'en fous de Clermont Ferrand ... arrive ... 
_ Ok, trois minutes.

Rose France est une grande bourgeoise Lyonnaise, nous sommes amants.  


Le bar du Sofitel a Lyon dans les eighties c'est un bar de Sofitel, c'est vue sur la Saône ou le Rhône va savoir, c'est standart, le barman est pro.
Quand t'es de passage c'est bien pour assommer les heures.

C'est vide souvent, bien surtout pour les paumés, il y a en a justement un au bout du zinc en plastique, qui attend la conversation, ça tombe bien le barman m'a donné du monsieur Starshooter, le paumé s'accroche.

_ Wouaaaaa, j'était fan, vous êtes vraiment le batteur ... ?

Quand on est une star seule en province, même un abruti de fan ça rempli l'espace.

_ C'est pas drôle Lyon, qu'il dit, je suis dans un séminaire pour ma boite en restructuration, c'est un fond Coréen qui nous rachète, heureusement on est pas obligé de'apprendre le chinois ... hihihhi 
_ Ça va ... c'est quoi ton nom, on se tutoie .
_ Wouaaaa, c'est géniallll, moi c'est Raymond Marchand, appelez moi Raymond.
_ Moi c'est Phil Pressing
_ J'était fan et moi petit j'adorais, " la bombe humaine" c'etait top.. 
_ C’était Téléphone mais pas grave... ça va toi ? 
_ Ça va ... va va .. vous savez, c'est dur en ce moment, et puis ma femme, elle est gentille mais je gagne pas assez pour elle alors ce soir j'ai droit a un verre... elle regarde ma carte bancaire.
_ Ça va, bar ouvert amigo .... garçon, sert lui un truc fort a Raymond !

Le garçon lui sert un truc double fort.

_ Merci monsieur Phil, et puis ma femme, vous savez pas vous les stars du showbusinaisse, on a deux gamins qui réussissent pas mal en technique mais elle, elle, elle veut pas trop des trucs .. et puis Clermont c'est pas la joie.

Etre star ça aide a la confidence, dix minutes après je sais que sa femme lui a jamais fait une pipe, qu'il a jamais pu l’enculer et que sa vie sexuelle est misérable.

_ Raymond.... je dis, on est pote, si ça te dis, cadeau, j'ai une pute dans ma chambre, elle te suce vite fait, tu l'encules et tu te casses, mais j'ai pas trop le temps, on a un dîner chic elle et moi dans quarante minutes ..
Relax Raymond .... c'est moi qui offre.
Mais on a dit, on touche pas les cheveux ni la robe ... 
OK Raymond, comprendo ?

Je frappe pas a la porte, c'est ouvert ..

Rose France est au milieu de la pièce, belle, triomphante dans une robe verte a reflets jaunes flamboyants, sur des talons escarpins a me faire mourir de honte d’être plus petit qu'elle. 

_ C'est quoi ce truc .... elle dit .... on va etre en retard chéri .. 
_ Rose France, je te présente Raymond de Clermont Ferrand, c'est pas un titre de noblesse c'est sa ville.. 
_ Bonjour madame.... 
_ Calmos Raymond, assied toi, tu bois la même chose.. ? 
_ C'est quoi cette embrouille Phil .. ? 

L' ambiance de ces chambres Sofitel on connait, c'est plutot spacieux, les lit sont grands, place pour un bar avec frigo très cher dedans, sofas coin salon, c'est plus suite que chambre. 

_ Chérie... rend moi un service, suce vite fait Raymond, fais toi baiser en levrette et puis on va dîner après. 
_ Mais t'es total frappé... ! 
_ Sois gentille ma chérie .. je te jure il n'y en a pas pour longtemps. 
_ Mais t'es fou! 
_ Ça suffit maintenant, tu te mets a genoux, tu ouvres son pantalon, tu le branles fort et tu le suces.. period. 
_ Mais je .. je .. ... il dit le Raymond.. 
_ Ta gueule toi ... je dis, et on a dit on touche pas les cheveux et la robe. 

Rose France s'agenouille vibrante de rage, se bagarre avec une ceinture compliquée et un slip serré. 
_ Chérie.... on a dit, suce ...  pas que branle, vas y tu vois quand tu veux etre gentille...
_ Même pas il bande dur ce con ! 
elle se relève dégoûtée, crache. 
_ Un verre de champagne chérie? 
_ Ta gueule

Je pousse un pouf carre, un gros pouf d’hôtel, extension géométrique du sofa confortable en cuir sombre, c'est un espace a hauteur de sexe debout pour un homme normal et de bouche ou cul pour femme accroupie... et on peut tourner autour. 
Pas besoin d'explication, Rose France s'installe furieuse. 

Je remonte délicatement sa robe verte a reflets jaunes, je expose, je exhibe, tremblante de rage et d'humiliation, ses cuisses overblanches violemment rayées de la griffe verticale et croisée noire brute du string, flaque de couleur obscènement relevée de sa robe, zipper dans le dos a moitie ouvert sur la dentelle de son soutien gorge. 
gros seins a portée de main... 

_ Vas y Raymond, baise la, attends... attends Raymond, je dois avoir des préservatifs dans ma valise .. 

Ok ... " one size fits all " y disent en américain... ça doit aller .. 

le pauvre, il panique un peu avec sa queue en plastique violet mais bon il y arrive a la fin ... il a encore la cravate et il rame en suant.. 

Je suis assis nonchalant sur une main de sofa un peu en hauteur de Rose France , un verre de Bordeaux a la main , je regarde Rose France , Rose France se mort les lèvres a chaque coup flasque, Rose France me hait, j'adore que Rose France me haïsse. 
Je regarde ma montre, beau chronographe Suisse qu'il faut avoir eu avant cinquante ans. 

_ Raymond... on a plus trop le temps, on a un dîner ce soir, encule la cette pute, c'est ton fantasme .. mais pas la robe, on ne touche pas la robe on a dit, ok amigo ! 

_ Ok Raymond, c'etait bien, jette le préservatif et fais toi sucer, je dis

_ Ça je veux pas, je t’interdis, je crie, j'ameute l’hôtel ! Rose France dit . 

_ Ok ... madame veut pas, y a des serviettes dans la salle de bain, ça fera l'affaire, casse toi Raymond
_ Merci... je sais pas quoi dire .. monsieur, madame .. merci 
_ De rien, casse toi. 

Rose France se lève, froide, impassible, méprisante, rajuste sa robe, ses cheveux, appelle un taxi.

On a passé une super soirée, on a rit, plaisanté, philosophe, refait le monde mais pas vraiment, on aime plutot elle et moi le monde jouer ... dîner merveilleux, trois heures d’amour. 
_ Quel champagne tu veux chérie pour rentrer... ? 
_ Le plus cher pour ton cul connard !
_ Daniere .... if you dont move your ass it is jail back right away ! 

je m'agite, je bouge ma pince a déchets ... descente a la realite, Sofitel .... ? 
Autoroutes chaudes .. 
C'est pas de la descente c'est de la chute brute, c'est 10:35 AM sur le freeway 405 quarante degrés, dix ans après l'air conditionne et le Champagne du Sofitel et y a pas d'ombre.
Ou est le bar ? 

Je suis en combinaison fluo pour pas se faire tuer par des camions ou des chauffards, même pas combinaison d'ailleurs, juste un gilet, je monte et descend les bas fonds herbeux et sales d'une autoroute Californienne. 

Il fait chaud a tuer des coyotes, a maudire le soleil, les flash aspirants de chaque voiture qui passe a toute vitesse m'aspergent de brûlant en s'en foutant de moi. 

Je peux mourir comme ça sur un bord d'autoroute .. happé par un gros camion indifférent 
je serais même pas une statistique vu que je suis illégal, migrant inconnu, sous fausse identité achetée sur un parking pour dix dollars ... a pleurer d’inexistence.

je pince et pince des ordures, de pince a sac poubelle que je traîne, des bouteilles plastique, des restes séchés de hamburgers dans des sacs en papier brun, des préservatifs violets et gluants, vous pouvez pas imaginer ce que les bas cotés des freways peuvent receler de merveilles dégueulasses. 
Et encore j'ai de la chance, deux semaines que je suis la et j'ai pas trouvé un cadavre de homeless sous une bâche en plastique bleue. 
Juste d'y penser j'aime pas mais en général on s'en sort grâce a l'odeur ou aux corbeaux, on appelle le chef et le chef il appelle la police qui appelle les pompiers et nous on a le droit a faire un break et un bonus .... en final c'est plutot bien. 
Suer a nettoyer les autoroutes ou a rien foutre en prison climatisée ... je sais pas trop si j'ai fait un bon deal... 
le seul truc bien c'est les gonzesses aussi paumees que je suis qui en peuvent plus d'ennui et de degout et qui pour passer le temps et oublier la realite s'agenouillent facilement derrière un buisson ou s'allongent dans une cabane en carton, mais vite fait, tres vite fait ou si on se fait chopper c'est le juge et case prison et encore que je me suis fais prendre une fois et la meuf elle s'est très bien arrangée avec le maton qui nous avait surprit. 
Il y a un moment de dégoût dans la vie ou que quand tu en suce un, tu peux en sucer dix, surtout si ça améliore ton ordinaire carcéral.  
Il y a beaucoup de femmes sur cette autoroute, beaucoup de noires et de mexicaines, normal elles ont statistiquement moins de pognon pour payer les amendes alors elles lavent les autoroutes et sucent les chefs pour éviter les emmerdes supplémentaires, c'est la vie, " balance ton porc " c'est pour les bobo snobs blanches ...  
Ici ça compte pas et puis elles s'en foutent a coup de doigt d'honneur. 

C'est 6AM ou 8 je me rappelle plus, mais c'est l'appel au camp, c'est pas prison c'est camp, il faut pointer usine genre, c'est OK, apres c'est par groupes, les groupes c'est comme toujours comme dans la vie, c'est magouille, les plus malins, les plus riches, les plus suceuses, ont le meilleur groupe c'est a dire celui qui va nettoyer une autoroute ou ya rien a nettoyer. 

Y a plein de sections d'autoroutes ou ya rien a nettoyer et y en a plein d'autres ou c'est l'enfer. 
Et ça se passe le matin, a l'appel, comme d'habitude, je réussis après une semaine a etre dans une équipe cool, c'est a dire, un van, un chiotte ambulant, une carafe de vingt cinq litres d'eau, avec de la glace interdite sous le siège du van, un maton compréhensif et deux nanas qui aident le maton a etre compréhensif, des coups que il voudrait pas. 
C'est marrant l'administration, on a droit a de l'eau mais la glace est interdite, ça doit etre pour faire souffrir moyen. 
On est vraiment une équipe sympa, ya tellement rien a nettoyer dans notre secteur que on met les sacs plastiques dans les sacs plastiques et pour l'emploi du temps on dit l'autoroute elle est super clean parce que on la nettoyé comme des fous ... 
C'est une administration, ils adorent des résultats bidons mais dans le normes. 

J'aime pas les autoroutes mais c'est un deal avec le juge ... prison ou autoroutes, la prison tu dors dedans, les autoroutes ... dehors.. 
C'est un deal de merde mais c'est mieux que rien.
On est comme en prison sauf que on rentre a la maison le soir, ça fait fausse prison,et puis on peux baiser Germaine alors que la prison c'est l’opposé, faut faire gaffe aux douches. 

On exagère pas, on est pas en fédéral, on est County.

 _ c'est quoi la différence... ? 
_ La différence c'est que avec les fédéraux on s’évade pas vivant.. 
_ C'est con comme argument .. 
_ C'est pas si con, regarde, une peine de mort en Californie, vingt cinq après t’es pas mort... 
_ And waht ? 
_ En fédéral , cinq ans après tu es en chambre a gaz. 
_ C'est pas illégal la chambre a gaz... ? 
_ OK, lethal injection.... si tu veux mais en attendant t'as pas a attendre vingt cinq ans ..... 
_ T'as raison c'est mieux... 

On part le matin après un appel interminable,l'ambiance dans le van est cool, on sait que on est tous des planqués, que le maton il est maqué serré par deux belle noires avec des nichons et un cul a la Crumb des années soixante dix, des sandwichs en extra, de l'eau fraîche et pour ceux qui fument, des joints sous tous les sièges. 
On est douze, quasi kif kif mec et meufs, honnêtement je me rappelle plus, mais tous jeunes et ça pu le sexe.
c'est marrant dans la vie quand tu es en prison, en danger, en situation précaire, comment tout le monde veut baiser et s'aimer aussi des fois, vite. 
C'est une façon de prendre, de voler de la vie, quand tu sais pas comment ça sera demain,
Et puis etre en prison, c'est etre libre ...  
Y a plus de famille, de femme, de maris, et puis il y a la sueur, la proximité, la contrainte, soumission, possession les interdits, les matons violents, les femelles sherif en uniforme...  tous ces trucs que le sexe aime et délivre... 
Et puis on rentre le soir. 





Chapitre # 21 

June 09 1998 12:04 PM



Get down .... Get down ... j'adore cette chanson et encore plus la scene 

" Get down mother fucker .. son of a bitch it is a robbery " ! 
en ouverture de " Pulp Fiction ".....

Get down.... ! or we shoot... ! Get down !
A terre ou on tire ... a terre !

1998, c'est en plein été je suis a plat ventre dans la poussière dans une station Shell au milieu du desert du Texas, avec toutes les polices municipales, etatiques et fédérales que les US puissent compter, autour de moi, prêt a me shooter comme ils disent. 

Mais bordel de Dieu Philippe qu'est ce que je fais la ?

Depuis six mois que ma femme est suicidée, je suis a la rue sur l'eau, je pleure la nuit, je n'ai pas d'argent, pas de papiers, pas d'amis, pas de famille, a peine un téléphone avec des cartes prépayées pour que les opérateurs soient sur que je parle pas sans payer et une carte Shell pour mettre de l'essence dans les stations Shell dans les camping cars que je délivre a travers les USA pour faire un living et une thérapie.

Je roule, je roule seul jour et nuit ça fait du bien ça met des rustines a ma mémoire. 



GET Down ! ...

Ok ... ça va, je suis down, j'ouvre les jambes, j’écarte les bras, je ne peux pas crier,  je bouffe le sable, je peux pas le bouffer plus ! 

Ça fait dix jours que je roule de Los Angeles a Miami, et trois sur la frontière Mexicaine en bordure du Texas, trois jours avec très peu de pognon, juste pour des tacos au pattes, des bières en pack et une pipe a pas cher sur les parking de routiers qui laissent les moteurs tourner dans la nuit.... 

Pourquoi les routiers laissent tourner les moteurs la nuit .... je ne sais pas mais c'est beau et ça sent l’océan.
Je gare le RV , le RV c'est en français un camping car, mais américain avec air conditionné, tv grand ecran pour l’époque, micro onde, four, douche, "master bed room" , un putain de grand lit en français, c'est luxueux. 
Je gare un peu a l’écart des vrais trucker, je ramasse une fille et on entre dans un saloon...

Le vrai saloon, comme dans les films de quand j'etais petit qu'on trouve encore en sortant des autoroutes au Texas, les portes le bar et la musique ... du vrai country rock , avec des vrais cow boys qui jouent et qui chantent en vrai langage cow boys et des bières ... des vraies bières, pas des trucs de micro brasseries a $ 9.00 la pinte bio avec les doigts dans les oreilles .

Et une dolly Parton un peu grasse mais tellement bonne après trois jours de desert qui chante en jupette a frange de cuir de bison et un chapeau avec des turquoises en plastique et des fausses pieces de galion, patinées a la spray bombe Castorama ...
J'y passe des nuits dans mes voyages dans ces truck stops, ces routiers sur les routes trop longues a travers les Us, sur des routes trop longues...  

" des journées qui mesurent 300 km 

et des loisirs qui n'admettent ni dieux ni maîtres 
et des routes trop longues pour un pays trop petit 
qu'on laisse dans leurs virages un peu trop d'énergie 
le goût de l'aventure pour oublier la fatigue 
le camion ça c'est sûr défrise les intrigues 
dans le lot de cassettes y'a même du Montand 
ça calme la tempête et l'on pense aux Parents 

pas du tout, pas du tout 

pas fatigué, pas du tout 
pas du tout, pas du tout 
pas fatigué, pas fatigué non ! 

toujours les mêmes hôtels à croire qu'on est chez nous 

ici la poubelle et là le canigou 
on rit, on dort et sonnerie c'est l'heure ! 
d'attendre trop l'heure, d'un plaisir trompeur 
cette angoisse qui monte et tord les boyaux 
gonfle les vessie et rend marteau 
et les premiers accords pour incrédules ou fans 
ou tout le monde est d'accord ou bien c'est la panne " 

Pas Fatigué / Kent / Starshooter 


.... a manger des mush potatos , (patates écrasées ) et du bœuf en sauce marron, c'est bon c'est bien cuit et c'est convivial, sympa, la bouffe est dans des grand baquets en stainless steal,( acier inox ), chauffés par des grosses lampes dessus, chacun se sert un peu comme a la cantine quand j'etais petit, le pion en moins et il y a toujours de la salade verte et blanche sans charme avec trois sauces au choix du " blue cheese ou italien dressing", " sauce fromage bleu ou italienne", les deux sauces qu'il faut absolument savoir avant de prendre la route aux USA ,pareil de Miami a Los Angeles.

C'est pas cher, c'est plateaux rectangulaires en vinyl décoré du drapeau confédéral avec deux poignées , serviettes en papier marron, couverts en zinc ou pareil, assiettes en céramique blanche propres, tout est propre  .
Des fois c'est assiettes en papier et couverts en plastique mais c'est rare.

C'est mieux que les Mc Donald qui infestent la route.


GET Down ..... Get on the floor .... !
Ça va j'y suis " on the floor ".. 

Sirènes partout, les chiens aboient comme des chiens il y a les crissements de pneus aussi et le hennissement des chevaux avec des sheriffs dessus aussi.

Je vous le dit, c'est comme dans un film américain, y manque que la musique de Ennio Morricone, je sens le souffle de l’harmonica .
Les pistolets doivent briller même si je ne peux pas les voir vu que j'ai la tète dans la poussière comme je vous le dis depuis le debut .
Les cactus sont immobiles mais ils sont payes pour, c'est leur job de cactus.

Tous les western seraient ridicules si au lieu des cactus il y avait des platanes ou des marronniers.


Si je bouge , je suis mort  .... 

" do not mess with Texas ", faites pas chier le Texas .... c'est écrit a l’entrée de l’État alors je ne bouge pas.

_ Hello officers... j'essaye de dire en relevant ma tète du sable .

_ Shut up or we shoot ... !
_ Ok 


Vous vous demandez ce que je fais ici, sur la ligne du Texas, en plein cagnard, le nez dans la poussière sur le sol brûlant d'une station Shell, c'est une longue histoire, enfin pas si longue, il y a six mois a peine........ 


Je traîne sur les docks d'une marina a Long Beach, Holiday harbor c'est le nom , le " port des vacances " en français, je dors dans une épave en bois, les fenêtres c'est des sacs plastiques mais le lit est bon j'ai un téléphone portable et la musique en CD il n'y a pas internet en 98, la marina c'est comme un camping a Palavas les flots, y a des douches chaudes top, espace barbecue et frigos et c'est vrai que la misère est moins dure au soleil parce que il fait jamais froid, il pleut pas et dormir sur un bateau ouvert quand tu es seul a Los Angeles c'est mieux que sous un pont en janvier a Paris. 


Je lave des bateaux pour un sandwich et une bière, enfin un pack de bières ou une bouteille de vin de Merlot et je commence a peindre un peu a droite et a gauche, ça paye le petit loyer et puis les américains sont sympas, ils savent que ça va mal pour moi alors il y a toujours un hamburger ou un plat de spaghettis qui traîne. 

Je n'ai pas le temps de déprimer, la dépression c'est pour les riches, il faut travailler pour manger mais il n'y a pas beaucoup de travail, je suis rien, le loser que sa femme est morte le qui a tout perdu qui boit et qui ferra plus rien .... alors je traîne sur mon dock.

Jay 

_ J'ai besoin de refaire les vernis sur mon bateau, tu peux le faire ? 
_ Pour sur !
_ Je pars trois semaines, je te paye en avance 
_ Ok c'est mieux 
_ Tu peux dormir sur le bateau aussi si tu veux.

Jay s’est arrêté devant mon bateau cette fin d’après midi de je sais plus trop la date vu que les dates, ca ne m'intéressait pas a ce moment de ma vie . 

Jay, je vais vivre un an dans son sillage et en business et ami cher avec lui cinq ans, j'ai regagné mon pognon grâce a lui et ouvert mon business de bateau en installant des tapis de sol dans toute les grandes agences de location de RV ' s grâce a lui et en plus il a mis la caution qui m'a sorti des prisons fédérales de l'immigration. 
Un ami quoi... 

Deux mois après.


_ Philippe j'aime bien tes vernis, tu peux livrer pour moi un RV a San Francisco ce soir ?

_ Oui mais j'ai pas le permis 
_ Tu as un faux ?
_ Oui le même depuis quinze ans...
_ Ok $ 60.00 par jour et tu rentres en avion mercredi. 

Pendant un an je quadrille les USA dans des campings car de luxe et des avions de la compagnie Low Cost Southwest. 


Jay c'est un petit Irlandais teint en roux, la cinquantaine, ni gros ni mince ni beau ni moche, un hyper nerveux toujours calme.

Je sais qu'il a été une petite frappe alcoolique très violente a Chicago et puis un jour il a arrêté de boire et s'est calmé a l’extérieur, je n'en ai jamais vraiment su plus sauf que a un moment il a gagné beaucoup d'argent avec des fausses lithographies de Salvador Dali.  
Jay vit sur son bateau, un quinze mètres "sport fisher" un bateau pour pêcher le gros, dans ses caravanes de camping car qu'il bouge par quatre ou cinq souvent et dans les Motels Six. les Motels Six c'est comme des Ibis, c'est moche, propre, pas cher et il y en a partout. 
Jay vit toujours avec trois dobermans et deux ou trois ou quatre jeunes, très jeunes des fois des on dirait aujourd'hui des " racailles ".
Il les ramasse sur les autoroutes, dans les squats, dans les églises, il appelle les parents quand y en a et les services sociaux qu'en y en a pas services sociaux qui en général s'en foutent total et il les amène avec lui " sur la route ".

Jay est un vrai mac, il contrôle parfaitement ses racailles qui conduisent ses caravanes de chariots, des jeunes mecs paumés qu'il aide vraiment d'ailleurs, je l'ai vu pendant des années etre l’abbé Pierre juste en un peu plus escroc mais pareil cote coeur, j'ai entendu dire qu'il baisait un peu avec certains aussi, je sais pas et puis je veux pas savoir.   

Il est mort du sida dans le temps ou t’étais mort depuis le jour ou tu savais. 

Jay gagne beaucoup d'argent, il achète en quasi exclusivité vu qu'il paye cash tous les camping car de location qu'il revend dans tout les USA après avoir changé les compteurs. 

L’idée est géniale, les véhicules de location entassent en un an plusieurs dizaines de milliers de kilometres mais l’année et la condition est quasi neuve, donc c'est pas suspect et c'est un jeu d'enfant quand tu sais faire d'acheter en California, couper quarante mille kilometres au compteur, changer la carte grise dans un état comme l'Alaska ou le Minnesota et revendre a Miami !


le vent souffle dans la station Shell, les boules de " tumble weed " roulent et traversent la route comme dans une video de ZZ Top 

Les flics finissent par se rendre compte que comme je ne suis pas un vrai danger pour leur securite je peux etre menotté dans le dos tranquillement et etre chargé dans une voiture avec un officier qui me protège la tète au cas ou je me la heurterai contre la porte et mes droits lus dans un anglais Texan aussi incompréhensible que si un Quebecois vous faisait pareil....

Je vais vous expliquer l'embrouille...

c'est que comme je suis pauvre, je n'ai pas de liquide et le peu que j'ai je l'utilise en burgers et bières, donc j'ai une " carte d'essence " une Shell card " ou je peux payer tout l'essence que je veux mais chez Shell seulement. 
Alors en attendant de trouver un station Shell je fais des sauts de puce ou je met $ 5 dans chaque station Mobil ou baba shouk en attendant LA station Shell miracle...
Le problème c'est que je suis sur la frontière Mexicaine et que a part le commerce de tacos et de burritos, le business ici c'est plutot la snouffe !
Tout ce qui se renifle, se fume, s'avale et se pique aux USA transite par ici ....
Et un gros RV tout neuf qui fait touriste avec un gros reversoir qui met $5 d'essence tous les dix kilometres ça fait louche, même pour un douanier belge.

Comme vous êtes pas tous comme moi des magouilleurs je vais vous expliquer vite fait, quand on veut passer de la came, un des bon trucs c'est de la mettre dans un reversoir d'essence, les chiens les plus pointus se défoncent a l'essence et un réservoir même de Clio c'est grand et a $ 100 le gramme, le retour sur investissement est colossal sauf que il faut faire le plein très souvent et c'est la que les flics peuvent vous coincer.


_ How much money do you need to go back to Los Angeles.... ?

Je vais vous éviter la conversation en Texan, vu que vous êtes Français et que je ne vendrais pas un bouquin au Texas... 

_ Combien d'argent il te faut pour rentrer a Los Angeles.. ? 


Pendant que les argousins me démontent mon RV, je suis assis sur une chaise basse et bancale devant le juge de la ville.

J'ai été incarcéré quelques heures dans une cellule qui ne ferme pas et que un sherif avait mit une caisse devant la porte et la partie B de ma menotte accrochée a l'attache de l’extincteur. 
Et maintenant je suis contrit et assis dans le bureau d'a coté devant le juge de la ville, enfin du gros village.
" Dead or alive "," mort ou vif " photocopies, noir majoritaires et très peu blanc scotchées sur les murs  avec le prix en dollars des patibulaires, accrochée un peu de travers au mur derrière, une tète d'ours empaillée sur une plaque de chêne en vernis mate avec une plaque en cuivre qui donne son poids en livre, la date de son exécution et le nom du chasseur qui doit etre le juge assis devant moi.
Un ventilateur a pales en bois d'acajou avec des fausses lumières et deux chaines interrupteurs que tous les américains tirent toujours a l'envers ventile.
Un bureau Ikea recyclé, une liasse de papier sous un faux lingot d'or, un fax noir, un telephone a touche gris.
Et la chaleur du desert ...... 

Flop .... flop fait le ventilateur, un autre ventilo dans ce roman comme vous avez du remarquer parce que ça se passe dans le sud extrême et que il fait en général encore plus chaud.


_  Combien d'argent do you need to rentrer a Los Angeles.... ?


Le juge vient d'enlever de dessus le bureau ses bottes en crocodile marron sombre avec des bandes rouges avec des dessins indiens sur les cotés, j'aime, ça sent les Luchese ,la crème de la crème de la botte cow boy, et puis je vois son chapeau sur sa gueule rouge , ça doit etre un Borsalino, le 9 mm est sur la table a douze centimètres a gauche de sa main droite, un vrai juge. 


_ Your Honor..... i Think... j'ai besoin de $ 300 d'essence et $ 80 de nourriture

_ Combien de cash vous avez.... ?
_ Votre honneur le sait plus que moi puisque vous m'avez saisi tout mon pognon ...
   je dirais $ 600 et des poussières..
Je suis devenu avec la vie très cireur de pompes, lécheur de cul et suceur de couilles quand je suis en situation de notoire infériorité. 

_ Ok ..... $ 300 ,  plus 80 .... it is $ 380 , vous avez $ 600 et des poussières en cash, on oublie les poussières, ca fait  six cent moins trois cent quatre vingt égal deux cent vingt. 

Je vous condamne au nom du County de San Pablocito a deux cent vint dollars d'amende frais de justice compris et vous avez deux heures pour vous barrer le plus vite et le plus loin possible. 
Et il tape avec son marteau ... 
_ Get out tonight !
_ Merci votre honneur. 

Ça c'est de la justice comme j'aime !


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"- La justice, vous y croyez ?

- Il faut bien croire à quelque chose.
La justice, c'est comme la Sainte Vierge. 
Si elle n'apparaît pas de temps en temps, le doute s'installe."

Michel Audiard , Pile ou face


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CHAPITRE # 22 June 09 1999 12:04 PM
Un an plus tard je suis dans un autre RV pareil a quasi le même pueblo dans le sens contraire Los Angeles Houston, et c'est la qu'il m'arrive un truc qui a failli me coûter, très très cher... 

je dis " failli " parce que je suis un optimiste mais en vrai ca m'a coûté très cher. 

L'histoire commence avec une petite guérite au milieu de rien sur le bord d'une route vide avec devant une petite barrière basculante blanche et rouge comme toutes les petites barrières du monde, donc je stoppe et demande au gueriteur dedans la guérite: 


_ Whats apening officer ? 

Je dis " officier " parce-que il est en uniforme et qu'il a l'air officiel 
_ " ICE " contrôle d'immigration .... 

La, il faut que je fasse un break et que je vous explique des choses qui paraissent simples ou compliquées mais qui ne le sont pas ou l'inverse . 

Quand j'arrive aux USA en 1986, l'immigration c'est un papier agrafé sur le passeport qu'on arrache quand on dépasse la limite du visa, l'immigration c'est pour les Mexicains qui sont des fois arrêtés, déportés a la frontière et de retour le lendemain, jamais pour les Français, l’immigration c'est mes avocats a l'usine de Los Angeles qui m’expliquent que n’étant pas un spécialiste de " carte verte " et ne voulant surtout pas etre poursuivis pour discrimination, même une " carte verte " rose fluo, c'est pas mon problème ni mon droit de savoir si l’employé est légal ou pas. 
Une carte verte " green card " c'est le Graal du migrant en Amérique, le papier officiel qui rend " résident permanent " aux usa avec tous les droits d'un citoyen. 
Mais en 86, c'est tellement pas important que je ne m'en suis jamais occupé, j'ai acheté $ 10 a mon arrivée a Los Angeles sur un parking mon " numéro de securite social ", la seule pièce d’identité Américaine encore aujourd'hui, un bout de papier sans filigrane, en trois couleurs fades ... sans rien, sans photo ni empreinte digitale, une incitation a la fraude que c'est a se demander si c'est pas fait exprès.
Avec j'ai passé en un après midi mon permis de conduire Californien,le test ecris et la conduite, j'ai loupe la conduite a midi et repassé a une heure, avec ma voiture ... oui la Californie ne fournit pas la voiture pour passer le permis, il faut venir avec la sienne.
Avec ce faux j'ai ouvert des comptes en ba
nques, des sociétés, brassé des millions, passé la frontière Mexicaine pour baiser des putes, employé des milliers de salariés mais du coup j'ai oublié que j'etais illégal.

Et la Vlan au milieu du desert, un fonctionnaire de l’immigration est en train de regarder mon permis de conduire avec suspicion. 

_ Sir , votre permis de conduire est expiré 

_ Yes officer, je sais, and what ? 
_ Do you have une autre preuve de residence aux USA ? 
_ Non pas vraiment... 
_ Can you descendre du véhicule ? 
_ Why, pourquoi ! 
_ Sir, descendez du véhicule ou on tire.
_ OK 

Surtout au Texas comme je vous l'ai expliqué avant, on argumente pas avec un flic, les cimetieres Texans sont remplis d'argumentateurs.  

Je suis menotté dans le dos par tradition et précaution pendant que le fonctionnaire consulte un ordinateur gros et carré avec des chiffres vert. 

_ Sir, you are entre aux USA en 1986 avec un visa touriste et jamais ressorti, you are illegal in this country and will be deported by law. ( monsieur vous êtes illegalement dans ce pays et serez déportés au nom de la loi ) 

_ Arrête tes conneries bozo, je suis ici depuis vingt ans et c'est pas un clown a casquette comme toi qui va me mettre dehors...
je lui dit en français au bozo a casquette. 

Ca lui fait ni chaud bozo ni froid casquette et il me recite mes droits, aux USA chaque fois que on t’arrête on te recite tes droits, je les connais par coeur a force. 


" You have the right to remain silent.

If you do say anything, it can be used against you in a court of law.
You have the right to have a lawyer present during any questioning.
If you cannot afford a lawyer, one will be appointed for you if you so desire." 

" « Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d’avoir un avocat présent lors de l’interrogatoire. Si vous n’en avez pas les moyens, un avocat vous sera fourni gratuitement. Durant chaque interrogatoire, vous pourrez décider à n’importe quel moment d’exercer ces droits, de ne répondre à aucune question ou de ne faire aucune déposition. »


Je le crois pas, je suis en train de refaire ma vie a petites touches et je suis menotté dans le dos assis sur un banc sale pour un crime que je ne rappelle pas avoir commis vraiment et en plus ça l'air serieux, les fédéraux c'est toujours serieux, en Californie la peine de mort ça prend 20 ans minimum avant le couic final, avec les fédéraux c'est quatre maximum.
Je fais quoi la ... seul dans ce desert.. j'en peut plus a un moment , je pleure ma vie un peu,

J'ai huit ans dans l'ascenseur magnifique ouvert et lent art déco qui monte religieux au cabinet d'avocat de mon grand père, Maître Padis, Cours Gambetta a Lyon, ma grand mère avec qui je n'ai que des relations aristocratiques et glaciales une fois par mois a déjeuner me sermonne dans cet ascenseur grillagé sur le plus grand pêché d’Église, le mien le péché d’orgueil.
J'en fus vexé. 
J'ai toujours meme tout petit été convaincu que je suis très fort, intelligent et que mon talent de manipulation associé a ma paresse me sortira toujours de toutes les merdes de la vie.
J'en ai soixante et je ne crois pas m’être trompé, l'aventure impliquant évidemment des hauts et des très bas.
J’étais l’aîné d'une ribambelle pléthorique de cousins et cousines, enfin presque aîné, ma cousine Aude me précéda de peu mais comme c'est une fille ca comptait pas.  

J'adore mon grand père, je n'ai jamais aimé ma grand mere maternelle bien qu'elle fut en 1919 grande féministe j'imagine, premiere femme doyenne d'internat de pharmacie des hôpitaux de Lyon comme ma mere vingt cinq ans après et ma tante Lina aussi .

Mon grand père est un homme respectable, décoré, solide, impressionnant et faussement implacable, nous nous aimions.    
Je le rêvais avocat d'assisses et sous mon influence je crois qu'il s'inventa des procès a la liberation avec des peines de mort.  
J'insistai 
_ Mais tu y ai allé a la guillotine Grand père ? il disait quoi ton client la lame sur la nuque ? 

Je le rendais inconfortable, je sentais bien qu'il n'avait jamais vraiment accompagné un " client " a l' échafaud, qu'il me racontait des histoires sans pouvoir aller trop loin quand même sachant que j'irais vérifier chez grand mère. 

j'etais déçu, j'eu aime le savoir complice d'un guillotiné mais j'avais que 7 ans aussi.  

L'étage était immense, une antichambre hexagonale avec des portes vitrées ouvrant sur les bureaux, l’office et les appartements prives avec des sieges inconfortables mais classiques, beaux et beaucoup de sombritude.


Dans cet immeuble Haussmannien il y avait un ascenseur pour nous et un monte charge pour le personnel et les fournisseurs. 

Meme s'il m'intriguait par son bruit et sa rusticité jamais je ne me serais abaissé a prendre l'ascenseur des domestiques . 

Dans l'antichambre ou les coupables attendaient, pour moi les clients de mon grand père  étaient tous des coupables passibles de la peine de mort... 

il y avait des armes blanches et d'autres a poudre noire, des armes anciennes accrochées au murs, une armure avec une hallebarde, des pistolets a amorce comme dans les duels, des livres anciens sombres mais dorés sur tranche, un en particulier très sombre et petit  dans une vitrine fermée interdite que je savais ouvrir évidement de 1615 ...
a quinze ans ca impressionne, écrit en latin mais en écriture gothique donc illisible meme pour moi qui l'apprenais grace a Monsieur Loubat au Lycée St Exupery a la Croix Rousse a Lyon ...
et un tableau du XVIII eme siècle qui couvrait le mur a droite en entrant, un tableau très très noirci par les années mais que de rêves sous ces noircissures .

Les parquets étaient vernis parce-que on ne pouvait plus trouver le personnel pour mettre les patins et les cirer.


A droite il y avait les bureaux de Maître Padis mon grand père et ses assistants.


Entre les dossiers et le " mur de livres contre le mur " qui fait avocat serieux il y avait des sculptures des bronzes des dessins de Daumier et des mosaïques.

J'adorais. 
Mon grand père m'a appris par petits morceaux l'art de la mosaïque, nous cassions et reassemblions ensemble des bouts de céramique chrétienne, j'avais fait un crucifix dont j'etais très fier, des louveteaux racailles me l'ont, dans une cure, volé.

J'ai appris le dessin et l’humour noir de Daumier en déambulant  dans les couloirs de l'appartement.

Nous allions une fois par an a Fourviere, la basilique en haut de Lyon en pèlerinage pour la vierge Marie qui avait sauvée ma grand mère il y très longtemps avant que je sois ne. j'aimais pas trop mais je n'imaginais pas contredire les fantasmes de mon grand père. 

Mon grand père m'a aussi appris a me moquer des bobos. 


Il avait en 1948, récupéré par terre dans une usine chez un client un copeau de métal bleui ellipsoïdal d'une vingtaine de centimètres de haut par huit de large, l'avait monté sur un socle en ébène avec une plaque de cuivre très officielle gravée d'un nom surréaliste Russe bidon et l'exposait sur son bureau en refusant absolument de le vendre vu qu'il le disait hors de prix. 


Evidemment les bobos de l’époque s’extasiaient 


_ Cher maître , mais comment... ? 

_ Allons cher ami , un Buskimonof original de sa période bleuâtre, c'est inestimable 
_ Cher maître comment pouvez vous ? 
_ Je peux mon ami, je peux...    


Je fus subjugué que un vieil homme comme lui, de mon age aujourd'hui puisse avoir eu ce genre de fantaisies.

C’était pas le genre de la famille.

Et puis il y avait surtout, trônant au mur, au centre du bureau, le Luca della Robbia, magnifique bas relief en céramique de deux mètres de haut par un de large, mon rêve de gamin de ma vie. 

Mon grand père était grand avec ses fantasmes et ses mensonges adorables quand il ne m’emmerdait pas avec ses cours d’allemand a la con qu'il me donnait, des terribles fin de week end a la maison de mes parents. 
Cette pièce n'est évidement pas un Luca della Robbia original mais une très belle copie du XIX eme siècle.
J'ai exigé le Luca dans l’héritage, pas difficile personne n'en voulait et j'ai après sa mort et après la mort de ma mère, donné, vu que je ne savais qu'en faire en Californie, cette sculpture a une Abbaye très Chrétienne et très traditionnelle.  

Une des portes a gauche ouvrait sur la chambre de notre " Tante Lina ".


Une chambre ou j'aimais combattre .

Ça sentait Joséphine et Napoleon avec un lit sofa Empire en acajou a droite en entrant avec des tissus a rayures larges, bleu vert bordure or sur blanc, a gauche un petit bureau avec un écritoire a plume, deux chaises empire et surtout un immense tableau une gravure gigantesque et dantesque en noir et blanc de la " Berezina ", une gravure un peu froissée craquée mais magnifique dans un cadre sculpté en or du temps ou on savait encore encadrer les tableaux. 
Il y avait des soldats des chevaux aux yeux effarés, des cannons, de l'eau, de la glace brisée, du désespoir, de l'angoisse mais aussi cette passion violente et grandiose du grognard Français. 

Il y avait aussi le sacre de Napoleon par David, une petite reproduction en noir et blanc mais dans un beau cadre doré. 

Et le top du top... sur le mur en face de quand j'entrais dans la pièce, croisées, deux épées impériales avec des aigles impériaux dorés sur des lames bleues.

Je me suis a douze ans battu en duel.

décrocher ces epees c'etait interdit par ma grand mere et la bonne, mon grand père en riait.

Nous étions une famille heureuse vraiment avec plein d'oncles de tantes de grands oncles de grande tantes de cousins de cousines, il n'y avait pas de divorces ni de famille recomposée on était tous catholiques blancs quand ma tante Lina épousa mon oncle Marc professeur agrégé de français latin grec ma mère me dit... 


_ Il est protestant, comment vont ils élever leurs enfants... 


Venant de ma mere ce n’était ni discriminatoire ni méchant juste une question honnête de se demander comment un protestant allait pouvoir s’intégrer dans notre famille.

Il s’intégra plutot bien.

Quand je dis que nous étions heureux c'est vrai, je n'ai jamais de toute mon enfance entendu une dispute vu une violence, entendu un propos vulgaire ou assisté a une scene obscene, le sexe et l'argent n'existaient pas. 

De l'argent nous en avions assez pour ne pas avoir a nous en occuper. 
Bien sur des relents de guerre d’Algérie et surtout de Pétain contre De Gaulle resurgissaient de temps en temps mais les drames familiaux ou ma mère sortait de table étaient plutot a propos de la crème ou pas la crème dans le gratin Dauphinois. 

J avais des oncles et des tantes et surtout une marraine, une marraine quand tu es catholique même si elle et moi ne le sommes plus depuis longtemps ça reste une " marraine ". 
Si tu as pas de chance dans la vie tu as une marraine con mais moi comme d’habitude j'ai de la chance et j'ai une marraine super. 
D'abord elle m'a recueilli au Canada quand j'avais treize ans et que mes parents se disaient... mais qu'est ce que on va faire de lui.... ?
j'ai passe trois mois chez elle et Bernard son mari et je suis rentré prêt a faire la révolution.  
Ce qui m'a convaincu de venir en Amérique quinze ans après c'est la forme des vélos. 

En France on avait des vélos a la con genre tour de France et au Canada j'ai eu un vélo " Chopper " avec un guidon haut, chrome et courbé, une selle longue dorée et des amortisseurs...  Easy Rider en vélo ! 

Je fais quoi en France si je reviens...
Temporaire a treize ans je suis revenu. Les talents culinaires de ma mère s’arrêtaient a un shoot de beurre au milieu d'une tartine froide, heureusement , ma grand mère Paternelle , ma Mémé m'apprit a saigner la volaille  en leur coupant la glotte avec un ciseaux pointu enfoncé dans la gorge et en les tenant la crête en bas pendant qu'elles se vidaient en gigotant  il fallait les tenir et après Mémé faisait cuire dans le plat en zinc qui le recuperait un boudin de sang de poulet.

L’époque était impitoyable pour la volaille et le vegan inconnu.


Elle m'apprit aussi les côtes de porc sauce moutarde, la salade de pissenlits et le tartouillat.


Les " côtes de porc sauce moutarde " il faut quatre belle côtes pour quatre personnes, de la moutarde de Dijon, une demi bouteille de blanc sec, le double pour moi et Depardieu, du poivre du sel pas trop vu que la moutarde est salée et des herbes de Provence si vous êtes en Provence ou d'autre part si vous n'y êtes pas.

Faire revenir des deux cotés les côtelettes dans un zeste de beurre ou un fil d'huile d'olive, pendant ce temps variable, mélangez le vin et la moutarde, ajoutez les herbes et le poivre, rajoutez le tout sur les côtelettes grillées, cuisez a basse temperature et quand ca sent et look good c'est cuit , fini et bon .
La salade de pissenlit, le top c'est de les ramasser sur les taupinières, y a que la que le pissenlit est blanc, blanc tendre a l’intérieur de la terre remuée et vert délicat a l’extérieur. 
C’était sportif et dangereux pas a cause des taupes mais des taureaux  dans les champs ou les taupes tapinaient. 

Le tartouillat meme a 60 ans je n'ai jamais réussis a le refaire.


Ma grand mere paternelle, la mere de mon père elle je l'aimais, Mémé, c'est elle qui m'a appris la grande bourgeoisie de province, elle avait, petite a sa disposition une institutrice, une cuisinière, un prêtre que toute bonne famille récupéra après les lois de 1905, un cocher, des jardiniers et pleins de paysans qui aimaient notre famille. 

Elle avait du etre belle, les photos sont rares a l’époque, chrétienne genre Charles de Foucault, passionnée et rebelle a sa famille puisque elle épousa un employé, mon pépé  ... 
Drame evident, comme quoi, il faut jamais se marier hors de sa caste, elle a un peu pourri la vie a mon pauvre pépé toute sa vie, enfin je le voyais comme ça. 
Lui, il était plutot gentil, grognon philosophe anarchiste et jureur dans ses crises de crampes ce qui me terrorisait. 
D’employé cultivé anar il était pendant les trente glorieuses devenu chef de production chez Rhone Poulenc, n’empêche que ma mémé le poursuivait. 
Elle le poursuivait pour son alcoolisme pas evident et ses cigarettes Gauloises qui brûlaient a petits trous noirs la nappe cirée. 
Pépé n'allait pas la messe, seul dans la famille, ca me choquait . 
Il me disait :
_ La langue peut etre la meilleure ou la plus mauvaise chose de la vie... Ésope.

Cette phrase terrorisa mon enfance, je ne savais honnêtement pas si il parlait de la langue de veau que mémé cuisait régulièrement ou quelque chose de plus violent que je n'arrivais a comprendre, je sentais le doute.  


Il m'apprit l'histoire de France, la pèche aux goujons et les champignons, les mousserons les trompettes de la mort les chanterelles et le roi des champignons....  le cèpe. 

la chasse au cèpe c'est un art, il faut savoir, il faut le sentir, marcher des heures, tourner autour et il faut savoir quand il est la, le trouver au milieu de la mousse, des épines de pins, des branches cassées et pourries, des feuilles de chêne, des épluchures piquantes de châtaignes et il faut savoir le sentir parce qu’impossible a voir.

Il m'a appris a me méfier des amanites, a savoir distinguer les bons des mortels.

En marchant des jours dans les bois de Chatenay en Beaujolais avec lui on parlait peu mais d'un coup de canne il me montrait une plante 

_ Ça c'est poison... regarde et ne touche jamais.


C’était toujours des fleurs très belles et très excitantes ou des champignons rouges tachetés et étranges.... 


_ Ça c'est bon, ramasse une brassée pour la soupe de grand mère ce soir. 


J’étais très bon a dénicher les champignons dans des coins impossibles, mon pépé était fier de moi.


_ Philippe sera un grand chasseur de champignons 


Moi j'etais aux anges...  


La pèche au goujons était plus compliquée, il s’énervait a chaque embrouillamini de fils hameçons et bouchons, mon pépé s'énervait et jurait pour un rien mais bon... il était mon pépé et il m’amenait pécher alors j'etais heureux comme un pape quand il y avait encore un pape. 


A l’époque les poissons se méfiaient tellement pas et il y en avait tellement que nous ramenions quand même souvent une petite friture pour nous trois, ma mémé, mon pépé et moi.


Cette prison, ces souvenirs, ca choque dur comme il y a six ans quand je découvre au petit matin sur le parking de la marina ma Jeep Cherokee jaune avec des portes panelees en faux bois, brûlée, une épave belle qui roulait et que je venais juste de pouvoir acheter, une voiture a Los Angeles c'est la vie, sans, c'est la mort, Kiki était morte depuis peu.
Je fumais en ce temps, j'avais laissé l'allume cigare enfoncé et y avait pas de fusibles dans cette brave pauvre vielle copine. 
C'est le seul jour de ma vie, au petit matin sur le parking de cette même marina Long Beach, devant cette carcasse fumante que j'ai maudit le ciel, conceptualisé la malchance et pensé que on peut mourir de malheur et d'injustice.

Plus les heures passent plus ça sent le serieux je le vois aux allées et venues, ils ont un Français ça les change des milliers de mexicains au menu de tous les jours, ils vont pas me lâcher, comme ça ils montrent que ils sont pas racistes, que même des Européens ils déportent


La nuit passe comme toutes les nuits en prison, néons a plein dans une cellule, seul pour une fois, avec les bruits rares qui réveillent, les bruits des entrés et des sortis, c'est pas Auschwitz, c'est gentil, c'est des gens fatigués et des gardiens blasés qui font leur job de prisonnier et de gardien .

Ma cellule c'est une grande pièce, bizarre que je sois seul, haute avec des barreaux longs comme les sanglots de.... ça va Philippe arrête la poésie, des barreaux très longs juste que au plafond avec une porte avec des barreaux pareil, l'ambiance c'est un peu salle de classe avec des bureaux en bois mais des barreaux entre les élèves et le tableau, ça fait pas vraie prison ça sent le bidon... 
j'y reste trois jours et deux nuits sans vraiment savoir, je téléphone a Jay a Pam qui deviendra ma femme et après je suis habillé en prisonnier orange et transféré en bus dans un camp a ciel ouvert. 

Le bus noir et blanc est grillagé dehors, les vitres sont fumées dedans il y a devant des cages individuelles pour les très méchants et derrière c'est comme un bus normal avec des sièges pas confortables et sales.

Il y a des femmes et des hommes menottés et assis, je suis le seul en orange ce qui est surprenant.
Je comprend pourquoi après une demi heure de route 

_ Tout le monde dehors ! crie un gardien

Tout le monde sauf moi, les menottes sont enlevées et le groupe dirigé dans un tunnel grillagé a l'air libre avec des barbelés autour.... la frontière Mexicaine.

Comme je suis seul dans le bus un gardien me parle:
 

_ Demain matin ils seront tous de retour ... on les arrêtera de nouveau mais deux ou trois passeront, ils finissent tous par passer.
_ C'est un peu chiant comme boulot, je dis 
_ Yeahhhh 
_ Et moi... ? 
_ Vous, vous êtes Européen, c'est rare ici alors on vous garde 
_ C'est sympa 
_ Yeahhh 

Dix jours ou trois semaines je ne sais plus je passe dans le camp aéré.

Je sais que j'ai trouvé et lu a la bibliothèque un livre de Servan Schreiber en Français, le " Defi Américain ", heureusement qu'il a pas été president ce mec parce-que tout ce qu'il avait prevu c'est tout faux, la constitution des Etats Unis et le coran en anglais, ça m'a occupé. 
Jay paye ma caution, je suis un matin dehors dans un avion pour Los Angeles, j'ai un mois pour quitter le pays, dix ans d'interdiction du territoire et un an de prison Fédérale au cas ou je reste ou reviens ..... 

CHAPITRE #23
august 29 1989 12:43 PM


Frontière du Mexique, je l'ai passée souvent quand traverser sans papier ou avec une fausse carte d’identité était une formalité, a l'usine les mexicains allaient a Tijuana pour le week end et revenaient le lundi matin, un coyote c'etait $ 25, Tijuana c'est la ville a quatorze kilometres de la frontière c'est mon Mexique, entre touristes, gangs violents et gens sympas, je monte des fois en SUV sur la colline ou c'est dangereux et interdit pour le frisson et redescend dans la nuit chaude de l'Avenitad revolution " 
Ya plein de putes, belles jeunes et pas chères, du vrai tourisme sexuel comme tous les mecs occidentaux de droite on aime ... les mec occidentaux de gauche pareils mais ils se cachent. 



Coyote ... avant que les mafias en fassent un business et un trafic assassin, le coyote était une figure sympa du folklore sud Californien Mexicain, c'etait le type sympa, un peu berger qui connaissait bien le terrain et faisait passer de nuit les Mexicains en Californie, c'etait sans risque, rapide, convivial et pas cher. 

May 12 7:34 AM 1992 San Pedro Avenue ... downtown LA

_ Migra ... Migra ..... Migra ... 

le cri dans l'usine, panique entre les presses, débandade, mais ou ? 
une fille saute de l’étage et s'en sort avec une foulure. les autres quatre vingt dix huit coincés, ils sont pas fous les ICE, les officiers de l’immigration, quand ils font une descente, c'est rare mais c'est pro, toutes les issues sont contrôlées, ils ont fait des repérages avant, C'est ça qui est bien avec les américains c'est que quand ils font un truc, ils le font bien. 
Sur quatre vingt dix neufs employés ils m'en ont arrêté et déporté quatre vingt dix sept, c'est tout mon staff moins la petite courageuse qui a sauté et un contremaître qui s'est révélé légal, je l'ai viré après d'ailleurs, je veux pas d'ennuis. 

Je suis pas a l'usine, Kiki ma femme y est.
Kiki est une très belle blonde qui était d'ailleurs ce jour la accompagnée par un vieux gay encore plus magnifique et ils sortent du building en souriant, saluant la flicaille et les remerciant de protéger le pays ...

_ Hey boys .... great ... make America great again il dit le vieux beau gay 
_ Yes yes ... elle dit Kiki 

C'est bien parce-que Kiki est comme moi et comme nos amis Mexicain totalement illégale sur le territoire Americain ! 

Je suis obligé de venir quand même mais aucun officer n'a même pas la plus petite idée de me demander si je suis légal, c'est pourquoi dans la vie il vaut mieux etre blanc, arriver au meeting de déportation en Porsche que etre métissé et pauvre. 
Je sais c'est con mais c'est comme ça. 

J’appelle mes avocats, on contrôle avec une brigade de policiers les documents, tous mes employées ont des " Green cards ", la green card c'est le permis de séjour permanent qui permet de vivre et travailler aux USA.
Toutes fausses. 

_ Mister D'Aniere why this green card is red .... ? ( pourquoi cette carte verte est rouge ? ) 
_ I do not know Officer .... let me talk to my lawyer ( je sais pas officier , je dois parler a mon avocat) 

Un lawyer c'est un avocat
Et c'est un mec qui va expliquer a un officier de l’État fédéral que son client, moi, n’étant pas un spécialiste et ne voulant en aucun cas etre poursuivi pour " discrimination raciale " n'a pas a contrôler que la carte verte d'un employé est légale même si elle rouge ...  

En clair c'est l’employé qui est responsable de pas mentir et en aucun cas l'employeur, et après on se demande pourquoi le business fonctionne bien aux USA. 
Business d'ailleurs, je me retrouve avec un contremaître et une employée handicapée, celle qui s'est cassé le pied en sautant de l’étage, la bonne nouvelle c'est que je ne vais pas etre obligé de payer les salaires de deux semaines de tous les déportés, la mauvaise nouvelle c'est que ils étaient tous de retour trois jours après. 

Tijuana, une nuit transpirante, dans un bar de l'Anenidad ou une rue parallèle une très belle fille, très jeune, très gentille, je dépense plein d'argent avec elle en musique, tequila et overlarges pourboires, je baragouine le mexicain ça aide, nuits sud americaines, lubriques, éreintantes, chaudes mouillées, glissantes, ces nuits ou cette copine te montre avec mépris les travelos plus belles qu'elle.  
On parle pas argent on parle que plaisir
je vais a mon hôtel avec elle, les flics sur le trajet m’arrêtent dans mon SUV, je suis défoncé a la tequila et lignes de coke total et quand je dis total c'est total, c'est a dire que c'est genre je suis en vacances de Los Angeles, je suis chez des sauvages, je profite en mâle blanc, je me fais une totale bien méprisante. 

_ Papeles 
_ Que paso 
_ Papeles Senior ... 

C'est pas a l’américaine avec sirènes, dix bagnoles de flics et hélicoptères, c'est silencieux, juste des lumières et un coup de klaxon coin coin, les flicos sont descendus et après les somations d'usage 

_ Papeles 
_ Que paso 
_ Papeles Senior ... 

ils parlent direct a la fille, pas a moi qui conduit, ça sent le piège et les gardes a vue Mexicaines c'est connu pour pas etre le couscous droitdelhomeu Parisien.  
Faut s’attendre a des baffes, genre Berurier en plus grave, une a gauche, une a droite, matraque dans le cul si ça suffit pas.
et un peu de gegene aux couilles des fois comme au bon temps de la guerre d’Algérie et le bureau des réclamations au cas ou t'as encore envie c'est un trou rectangulaire dans la pampa. 
Je sais que il n'y a pas de " pampa " au Mexique mais ça sonne bien.

Normalement, défoncé comme je suis c'est direct prison ou gros racket, je sais pas, et puis je ne panique jamais, encore moins quand je suis stone comme a ce moment, la fille doit les connaitre ou les payer, elle palabre, je réalise que ça s'arrange, je repars surprit. 

J'adore ces embrouilles ça sent le sexe, la corruption, le plaisir dur, les vacances c'est pour se changer la tète c'est pourquoi j'ai jamais aime les vacances au Club Med, je me serais ennuyé...  

C'est obligé que elle paye pour ou elle suce ou les deux ou c'est impossible ... 
Mais c'est assez bien organisé pour que avec les touristes un peu friqués comme moi ça se passe dans un recoin de parking noir sans incident diplomatique. 
Quoi qu'on fasse, ou qu'on aille, c'est toujours la même histoire pognon, pouvoir et sexe riche ou pauvre c'est kif kif ... 
La fille elle me dira après dans le tard de la transpiration et du sperme, elle vient d'une province éloignée, elle a deux enfants, elle gagne dans une nuit comme avec moi, deux mois de salaire que si elle ramassait du tapioca ou va savoir quels légumes qui poussent vers chez elle a coup de douze heures par jour ... et puis comme elle est mignonne et pauvre elle passera de toute façon a la casserole avec un contremaître ou dans une tournante a quatorze une nuit trop Tequila .... alors autant faire le tapin dans un bar de l'Avenitad revolution, et s'enculer du gros touriste.

C'est sur que il y a un prix, surtout au Mexique, je connais un peu le business du cul, j'ai vu les regards des flics, la complicité entre elle et eux ça doit se régler deux trois fois par mois, dans un van crade grillagé, un petit paquet de dollars avec un élastique qui change de la petite main feminine a une grosse burinée, et puis quelques pantalons baissés, pipe vite faite l'un après l'autre, on est pas très sophistique dans la police Mexicaine.  

Je les comprend les mecs, le gouvernement les met en première ligne contre des mafias surarmés, avec un salaire que même la misère elle prend peur et des mamasitas a la maison de un mètre quarante de haut sur quatre vingt centimètres de large, poilues jusque dans les oreilles et avec six gosses qui tourneront plus tard quand ils seront ados tous gang members ou putes... 
A leur place je ferais pareil et y a pas de mal a se faire du bien. 
   
On arrive a l'hotel, le valet parking ne me laisse même pas la chance d'essayer de me garer, il ouvre la porte en la tutoyant, ma copine pute, genre encore un que elle paye et  lui il me balance des graines en espagnol comme a un pigeon. 

J'assume, quand j'etais jeune, je faisais pareil avec les vieux, elle est forte.  

J'ai une American Express Platinium avec plein de pognon et de credit dessus mais je suis tellement stone que je tape trois fois le mauvais code et que la machine de l’hôtel me mange ma carte. 

_ Putain de bordel de dieu .... je le crois pas .. fuck you American Express ! 

Rien a faire, je suis avec une fille magnifique dans le hall d'un hotel de luxe a deux heures du matin et impossible d'avoir du cash avant l'ouverture des banques dans six ou sept heures.
Elle, elle est mimi jupe très mini, bronzée naturelle du bout du nez a la plante des pieds j'imagine avec arrêt flash sur son nombril percing, un peu trop maquillée avec du rimmel qui descend a cette heure sous les yeux, une bouche .... comment dire .... je dis rien c'est mieux, un tee shirt mouillé de la fête, avec les attaches du soutien gorge qui se détachent un peu en noir dentelle sur les épaules, un regard bovin, des cheveux teints en misère, des seins pointus de folie pareil a travers le sous tif et le tee-shirt, ça laisse rêveur sur la fermeté des objets et hélas... des baskets Nike roses ou orange clair.

Pendant que je m’énerve un peu, elle susurre au bar un cocktail que je sais même pas le nom ou la composition mais oui le prix impossible, il me reste du credit sur ma note d'hotel. le barman, encore un qui touche en vert ou en nature... 

Je ne peux pas résister, vous faites quoi a ma place hors se suicider de désespoir et même le concierge veut pas me prêter $ 400.00 , en plus j'ai l'air d'un con dans ce hall a deux du mat, sans pognon !
  
_ Viens, on fait l'amour et tu me pay quand tu rentres dans ton pays ... Manuela dit 

Manuela c'est son nom de pute, j'aime bien. 

_ T'es sure ? 
_ Yo amigo , je taimo 

L’hôtel a Tijuana c'est un Intercontinental ou un autre clean pareil, grandes chambres très propres sur elles avec de la musique soft dans les ascenseurs, des cartes magnétiques en guise de clefs, des moquettes qui étouffent les plans cul et un billard qui sent la partouze de fin de nuit. 
je baise Manuela, Manuela c'est son nom de pute, dans la chambre 23 avec l'air conditionné a fond, en levrette, cette magnifique Mexicaine qui vagine semblant mais pas trop mal, faut avoir touché de la pute américaine pour apprécier la différence entre du vrai faux et du moyen faux, je fantasme sur son cul, sur ses seins, dans sa bouche pourpre maquillée en couleur comme son drapeau, vingt ans plus jeune que moi
C'est beau, c'est bon, c'est dans un grand lit propre, c'est je te tourne devant et te retourne derrière, c'est tellement facile avec ces jeunes filles soumises, un coup devant , un coup derrière, délire Tequila et coke, et la fille tellement stone que elle s'en fout de tout

Tu veux pas ça ... chérie ... allons ça fait pas mal, tu verras, tu vas aimer et une autre ligne de coke ... ça te dit ? 
Sniffffff , longue .... snifffff 

Maintenant je sais que tu vas vouloir 

Cocaïne et vaseline si chic et si vulgaire 

_ Arrete .... je veux pas  
_ Mais si c'est bon  

Tequila et sel au creux du poignet, un shot , short shot érotique, symbolique, salé sur la langue et cette brûlure d'un coup au fond de la gorge.
Coke en rail de wagon sur le marbre de la table basse, vaseline, hurlements et puis ça va tout seul in & out. 
Il y a beaucoup de transpiration, d’essoufflements, de gémissements et une libération un vrai moment de cul ou les couilles vidées, la femme satisfaite, on s'embrasse de bonheur libre en rigolant. 
On sait elle et moi que on est deux putes de toute façon, alors on se regarde dans les yeux et on éclate de rire 

On est sur ce lit de bordel Sofitel en lumières tamisées, transpiration excessive, deux Coronas du mini bar ouvertes a $ 20.00 la pièce fraîches et mousseuse comme deux salopes, et on rigole ... 

_ T'es buena salope .... je dis 
_ Tu me gustas .... Hombre .... elle dit .. 

Juste elle dit ça et c'est reparti, de toute façon j'ai payé pour la nuit. 

C'est sex and drug, y a pas rock & Roll, c'est Los Tigres del Norte , du punk dans les textes, mexicain traditionnel dans le beat, dans le CD player sous le frigo
C'est j écarte ses cuisses, je met un porno sur la télévision ou ils me chargent une fortune sur ma credit card pour voir des pipes silencieuses mal filmées saccadées en répétition en couleur tendance orange de quand la vidéo existait pas. 
Mais ça le fait quand même, quand on est total défonce et un beau petit cul qui gigote dans l'espace court entre la télé et le lit. 
 Ça a fini plutot bien avec un truc facial.  


et comme tous les salauds un peu riches après jouir, je m'interesse a sa situation sociale ... 


Je compatis après l'avoir enculée, elle a deux enfants, deux filles trois ans et six mois , North dans le Mexique et son mari la frappait et il s'est barré et il est mort dans un fosse elle sait pas de quoi et elle s'en fout, la mort violente on s'en fout au Mexique.  
alors elle vient tapiner deux fois par mois South. 



Elle baise sans préservatifs, elle sait pas vraiment sucer mais elle sait qu'il faut ouvrir la bouche et elle est belle bête et gentille.

Je lui est envoyé via Fedex $ 400 de Los Angeles . 





Chapitre # 24 

February 1998 11:14 PM 

Je vais mourir de froid, pour de vrai, je suis dans le desert dans le sud du Texas, la nuit tombe et le froid avec, brutal.

Je transporte une Harley de Miami a Los Angeles et je me suis perdu depuis deux heures au milieu du vrai desert, deux heures sans croiser une voiture, sans villages ou motels et surtout sans stations d'essence, la jauge est dans le rouge depuis quinze minutes, je n'ai plus depuis trois mois l'argent pour un cell phone, alors j'ai pas ,le GPS est pas encore inventé pour les pauvres, je roule dans le vide du desert et il fait de plus en plus froid. 
La nuit dans le desert passe très vite du jaune d’abord puis orange puis moitie orange et violet puis violet et du violet intense au noir et ce putain de froid qui perce mon maigre blouson en jean, comment je vais tenir, comment je vais passer la nuit, c'est pas la peur, c'est physique, la sensation de la mort imminente.

J'ai connu une fois pendant dix minutes la présence de la vraie mort, en 1990 le sida c'est la guillotine, une sentence de positif est une condamnation sans appel. 

Vu ma vie, je me résous un jour a faire un test. 

Il est six heures dix huit un lundi après midi, je sais parce-que je regarde obsessionnellement ma montre .


_ Driiiiiiiiing

_ Mickael Swartz office how may i help you ? 
_ Hello doctor Mickael Swartz, i am mister Daniere, j'appelle pour mes AIDS resultas ?
_ Sir, je suis la secrétaire du docteur , que puis je pour vous ?
_ je voudrais avoir les résultats de mes AIDS test 
_ le docteur est en consultation, pouvez vous patienter .. ? 
_ Evidemment  

huit minutes de musique de merde 


_ Hello docteur Swartz a l'appareil, que puis je pour vous ? 

_ Hello doctor Mickael Swartz, i am mister Daniere , j'appelle pour mes AIDS resultas ?
_ Mister Daniere .... mister Daniere, je regarde ... Ok mister Daniere, je vous rappelle dans dix minutes, " I need to speak with you " 

C'est ce qu'il vient de dire cet encule  " I need to speak with you ", en français " il faut que je vous parle ", je sais pas si il l'a fait exprès ou si c'est un coup de téléphone en attente qu'il avait, mais c'est le genre de docteur qui vaut mieux qu'il soit spécialiste du cul que Psychologue ! 


J'ai su pendant dix minutes que j'etais mort 


_ Hello mister Daniere, votre test sida est négatif mais regardez votre  cholestérol... etc ... 

_ Fuck you hasshole ! 

Je suis même pas sur qu'il ai compris. 


Je suis parti de Fort Lauderdale, il y quatre jours, Fort Lauderdale c'est comme Miami sauf que c'est moins connu vu qu'il n'y a pas eu de series TV, je rejoins Jay par avion, on se retrouve comme d'habitude sur un parking avec ses trois dobermans et deux punk a chiens. 


_ Phil tu récupères la Harley chez " Cross Country " sur W Okland Park Blvd et tu la livres chez " Papita " a Los Angeles, tu sais, pour qu'il s'occupe des problèmes de compteur et après tu la ramènes a la marina a Long Beach. 


_ Ok 

_ Tu as besoin que je t'avance l'argent pour acheter un casque ? 
_ Pourquoi faire 
_ Je sais pas, j'imagine que tu as besoin d'argent 
_  Ahhh je croyais que tu parlais d'un casque, il faut vraiment un casque ? 
_ En Californie oui. 
_ Je vais pas me trimbaler un casque de Miami a la frontière Californienne, je l’achèterai la bas.  
_ Comme tu veux, voila les papiers de l'assurance, j'imagine que tu as pas le permis moto 
_ Et puis quoi encore, tu veux que je te montre ma legion d'honneur ! 

On s'aime bien avec Jay, je fais le job je pose pas de question, il me paye bien en avance et puis Miami, Los Angeles en Harley, et pas en touriste c'est un peu Easy Rider mon rêve d'ado. 


Le froid surtout quand il faut rouler c'est pire qu'une rage de dent, les cactus sont la dans la lumière de mon phare, ils passent méchants.  


Il y a a peine deux jours j'etais a New Orleans avec une belle fille noire, abordée dans le French quarter, il faisait chaud et humide, New Orleans c'est a gauche quand tu quittes la Floride pour aller a l'Ouest .

La fille elle a pas voulu coucher avec moi, c'est pas grave, elle est belle a regarder, amusante a parler et puis de toute façon je n'ai pas l'argent pour elle et l'hotel mais assez pour un " Shrimp gumbo and rice " dans un resto pas cher sur Bourbon Street. 
Elles sont belles les noires de Crumb .
On a rit de que j'etais pauvre et pouvais pas la payer.

Tres vite en sortant de Houston ça tourne aride, sec cher et poussière, deux jours avant j'ai écrasé un petit crocodile mignon qui traversait comme un con d'un marigot a un autre, trop lourde la Harley pour lui, enfin j'imagine, je me suis pas arrêté pour regarder. 

En moto il fait jamais vraiment trop chaud, il faut juste pas s’arrêter, rouler très vite et surtout pas porter de casque. 

Les accidents de moto c'est comme les accidents d'avion, un casque ou une ceinture ça change rarement la fin de l'histoire. 


A gauche de la route, c'est a dire qu'il faut faire un demi tour pour se garer, il y a un Saloon, un vrai au milieu de rien, il est midi, je freine, fait le demi tour, la poussière jaune endormie se réveille, les chevaux aussi, ils sont trois attachés devant, je me gare a coté, met la béquille, les chevaux hennissent un peu pour faire les beaux.

les portes sont saloons comme dans les films mais en formica 
L'ambiance dedans est calme, très calme, autant de clients que de chevaux dehors, trois , la musique au Jux Box c'est Creedence Clearwater Revival, " have you ever seen the rain "... 
le ventilo fait évidement flop... flop... flop.. 
les trois cow boys sont assis face au bar et aux bouteilles de Jack Daniels, au miroir flouté aux bords, deux fument des Marlboro j'imagine, la marque des jeans c'est Wrangler, $ 23.99 chez Sears supermarché, le cendrier est a gauche, le revolver a droite a la ceinture et les bouteilles de bières vides c'est des Budweiser.
Il y a de la fumée, des cornes de buffles, des photos d'Elvis encadrées. 
Je m'assied au bar. 
Le menu est imprimé en grand sous un plastique jauni et un peu huileux, c'est le même de partout de Miami a Los Angeles sauf que ce midi la specialite du jour c'est " crotale ".

_ You serve the crotale with des frites... ? 

_ Yeaaa 

Il est pas très causant le patron mais meme au milieu de rien en Amérique, business is business 

_ Ok, i will have le " crotale " spécial avec des frites, le serpent est frais ou congelé ?
_ Yeaaaa ... you take ketchup with your snake ? 
_ For sure, je dois avoir un accent a demander de la " Gray poupon " 

Le serpent, on en fait tout un plat mais ca a exactement le gout d'un poulet d’élevage de catégorie très moyenne, c'est bon, enfin surtout avec une sauce picante mais l’excitation vient surtout de penser que c'est lui qui nous aurait tué si nous ne l'avions fait avant.

Faut reconnaître que c'est pas cher, c'est convivial et que dans les souvenirs c'est mieux que un Mc Do chez Disneyland. 

Je finis mon plat de serpent calmement, les frites aussi, les trois cowboys pareils a gauche, personne n'a remis des pièces dans le juke box, un disque tourne a vide avec le bruit énervant, ils parlent des licenciements chez Walmart le mois prochain, même armés, c'est des gentils cowboys avec des problèmes de gens normaux. 


Je paye en cash, pas cher et laisse un pourboire colossal, il empoche mais même pas le patron il me calcule. 


Je sors lentement pour faire comme dans les films 

_ Have a good day , je dis 
_ Yeaaaaah, ils font 

Je pousse d'une main les flip portes, les chevaux hennissent pour faire encore chevaux, j'enfourche la Harley, demarre et " on the road again "... 


J'ai froid, je meure de froid, et plus d’essence quasi, vingt kilometres peu etre, peut etre un peu plus, peu etre un peu moins, noir total sauf les étoiles dont j'ai rien a foutre ce soir... 


Et puis d'un coup, je ne dirais pas au tournant, parce que dans le desert il n'y a pas de tournants, c'est droit a mourir le desert, mais d'un coup je vois une lumière, très loin devant, il fait moins froid d'un coup, la mort certaine le devient moins surtout que je distingue maintenant un groupe de lumières, ça sent l'homme, la civilisation, l'essence et le chauffage. 

C'est tellement pas un village qu'il n'y a même pas de nom a l’entrée, c'est sombre mais il y a le bruit caractéristique des pompes a petrole, je connais, a Long Beach il y en partout sur les parkings des supermarchés .
C'est une combinaison de trois bruits, le moteur électrique standard, le crissement alternatif du cheval qui monte et descend et un sifflement régulier de succion. 
Un puit seul c'est assez relaxant, plusieurs ça peut tourner pénible, c'est soir la, il n'y en avait qu'un d'audible.

La lumière a droite de la route en retrait d'un parking en terre brûlée c'est une station d'essence qui fait bar garage, magasin de trucs divers, motel, ils vendent des tickets de Loto aussi, ça met du rouge clignotant dans l'ambiance vert et jaune de l'enseigne lumineuse d'une marque de bière, la musique au fond quand j’arrête la moto c'est ZZ top " la grange ", l'odeur c'est huile de vidange et tacos ... 

pas un mouvement d'air.
Je n'ai pas chaud encore vu que je suis dehors mais je jouis de penser que je vais avoir chaud dans trois minutes, le froid sur un long moment c'est terrible c'est comme un rage de dents mais partout dans le corps mais c'est mieux quand meme le froid sec du desert que le froid humide de Paris.
Y a une sonnette électrique qui fait un bruit de sonnette électrique quand je passe la porte, dedans c'est chaud d'abord, je prends le temps d'aimer, putain que c'est bon.... mais on s'habitue très vite a tout surtout au bonheur alors je marche vers un comptoir qui ressemble a un bar vu qu'il y a des bouteilles derrière et un serveuse plutot bonne. 
Il n'y a personne , je m'assied sur un des trois tabourets en peau de vache tachetée marron avec des franges.... pose mes pieds sur les barreaux, croise les bras sur le formica en faux marbre rose et prend un air blasé.

_ Hello , je dis . 

_ Hi elle dit 
_ I would like to have a glass of Morgon 
_ What ?
_ Ok.... une Bud, deux tacos et un shot de Tequila 
_ Tacos are frozen, le micro wave is in the back 
_ Je met quoi le temps au micro onde, une minute .. deux minutes ?
_ Ca depend Sir, si vous aimez les tacos soft ou croustillants 
_ J’hésite 
_ Sir, mettez une minute et demi, le bouton un ne marche pas, pressez deux et arrêtez trente secondes avant 
_ Thanks.

Je fais chauffer mes tacos congelés, l’œil sur la minuterie digitale, je déteste les tacos croustillants, la salle est vide, le billard pareil mais avec des boules dessus et une canne, ça sent le louche , Ted Nugent a remplacé ZZ Top. 

Une minute trente deux, je mets les tacos sur une assiette en carton, attrape dans un bocal une fourchette et un couteau en plastique prison et retourne sur mon tabouret en peau de vache marron. 

_ Sorry sir, nous n'avons plus de couverts blancs, les noirs ne vous gênent pas ? 

_ Non, pas vraiment 
_ Y a des gens ici , ils aiment pas... 
_ Y a des cons partout 
_ Ils sont pas cons Sir, ils aiment juste pas les noirs 
_ C'est pas politiquement correct... 
_ What, Sir ? 
_ Rien, un autre shot de tequila, le plein d'essence et une chambre pour la nuit 
_ Pour l'essence, c'est mon cousin Mike qui a la clef, il faut attendre demain, pour la chambre y a une grande pour deux et une petite pour un 
_ Je prend la grande... 

Je finis ma nuit avec elle, dans un lit elle est nulle et elle raconte ses histoires de consanguins de son village mais la tequila aidant c'est mieux que se branler en pensant a Lolo Bridjida. 


C'est la vie sur la route c'est pas " Easy Rider " tous les jours, c'est l'aventure mais les gonzesses c'est pas toutes Karen Black, Toni Basil et les rencontres rarement Denis Hooper,Peter Fonda et Jack Nicholson. 

C'est bien quand même, je me réveille ce matin, plat vue sur le parking, une fille pas trop mal enroulée nue dans un drap, porte ouverte sur un soleil rouge qui se lève en face a travers la moustiquaire, la moto juste devant avec la roue avant de travers. 

_ I have to go Babeeee .. 

_ Je sais, c'etait bon kisssss .. 
_ Dors. 

C’était pas vraiment bon mais pas mauvais non plus, juste agréable et agréable c'est mieux que mourir de froid.  


Apres c'est rouler sur deux milles kilometres, sans problèmes, il y a des stations d'essence, des routiers et surtout des Mac Do, tous les soixante kilometres, l'ennui total.  

Deux mille kilometres d’ennui ou je n'ai rien a raconter. 
Je roule le jour, il fait chaud, je m’arrête dans les gas stations, je fais le plein, je mange un Mac DO double ou triple selon, une bouteille d'eau minérale ou pas minérale, je prend une douche dans un routier fait pour, c'est propre, c'est bien, c'est Américain.
La nuit je dors dans des " motel 6 " , c'est bien, c'est propre encore, il ne s'y passe jamais rien, les " motels 6 " appartiennent a Novotel Accord.

Quand j'etais Starshooter j'ai passé ma vie dans les Novotel de province, le bon coté c'etait que tu sois a Marseille ou Lille, tu rentres après un concert crevé défoncé, tu sais ou il est le lit, le chiotte, la table, le tableau abstrait au mur c'est comme a la maison et le bar, le restaurant avec le menu pareil et puis c'etait propre, faut avoir connu dans les seventies les une ou deux étoiles a Agen, Clermont Ferrand ou Béziers pour comprendre.

Le mauvais cote c'etait l'ennui.

Il y a peu de choses dans la vie plus déprimantes qu'un hall du Novotel de Montargis a dix heures et demi du soir un mardi pluvieux de février.  


Un matin après un petit déjeuner continental je me suis battu lutte greco quelque chose sur la carpet d'un Novotel avec Jean Louis Aubert avec tous les musiciens autour qui prenaient les paris, c'etait avant FB, ca a pas fait de buzz.


Deux mille kilometres de desert aride avec que des cactus, de la poussière, du vent de sable gris jaune, un soleil blanc plat accroché au milieu de l'horizon ondulant de chaleur et Mc Donald ou ses potes infâmes tous les cinquante miles, les miles c'est comme des kilometres mais en plus long.


je roule

je roule 
Je roule 
je roule

Je livre la Harley, un rétroviseur en moins et un petit scratch sur la peinture bleue du réservoir, j'ai glissé sur une plaque d'huile ou dans le goudron trop chaud. 


Jay 


_ What the fuck ... ! 

_ Je t'avais dis que j'ai pas le permis moto ....

CHAPITRE # 25
September 05 2018 11:31 AM 


_ Hello Pam , this is Philippe, do you want marry me ? 
_ Are you crazy ... ! 
_ Yes i am .... you know that
_ I do not know you .. 
_ A little .... 

L'histoire est simple, je suis en statut de " deportation " je dois quitter le territoire Americain sous trente jours avec interdiction d'y revenir pendant dix ans.
Le seul moyen de stopper la procédure c'est le mariage.
je me marie au charme avec Pam qui est toujours ma femme après vingt ans. 
les services de l'immigration, ils aiment pas du tout ce genre de truc, c'est vrai que ça sent le faux a plein nez, cinq ans ils vont essayer de prouver le faux mariage et agressifs les mecs ...  
Les avocates surtout, le male blanc hetero qui veut se la jouer migrant illégal, elles aiment pas du tout ces salopes, elle m'en ont fait chier plus que toutes les putes que j'ai fréquenté. 
Dans la vraie vie, meme si j'aime pas la bagarre je suis obligé pour survivre mais ces histoires c'est avocat contre avocates et tu peux rien faire que regarder .. 

Los Angeles superior court room #6 January 12 1996 8AM 

_ Monsieur D'Aniere votre demande est rejettee, vous avez un cas de violence dans votre casier judiciaire... déportation immédiate, elle dit la juge. 

froid violent dans ma colonne verticale

_ Non, le cas a été classé en " delit " et pas en " crime" par un jugement du .... de la cour de ... il dit mon avocat.
_ La cour a besoin de temps pour statuer, votre cas sera examiné le ..... 
les parties sont elles d’accord ? 

elle regarde mon avocat, elle regarde la salope, pardon l'avocate de l’immigration, ils et elles se font des gestes de gang et vlan, un an de plus a tirer, moi qui me voyais a Paris la semaine prochaine, j'en suis a seize ans sans manger une tète de veau.

Entre 1986 et le vingtetunième siècle J'ai eu une coupure totale de la France, il n'y avait pas d'internet, pas de télé française, pas de radio a Los Angeles, la presse était disponible une semaine en retard dans trois kiosques a deux heures de ou je vivais, j'ai vécu littéralement quinze ans sans rien savoir de mon pays, quand un jour Kent passe me voir, il est surpris que je ne connaisse pas Obispo. 
Et puis je n'avais plus de pognon, mais plus du tout et j'avais pas de tiroirs dans mon bateau sans vitres pour racler les fonds. 

Le soir de mes quarante ans, 23 Janvier 1998, 11:08 PM, je suis seul, horriblement seul, pauvre, sans papiers, sans téléphone, sans avenir, sans amis, sans idée même de comment je vais manger demain, un soir terrible ou tu te dis, j'ai tout foiré ma vie, jamais je peux me remettre.. et quarante ans, a soixante ça fait rire mais a quarante pas du tout tu ris. 
Je danse seul saoul sur une piste de danse vide, personne sait que j'ai quarante ans, dans une marina qui me voit en looser alcoolo qui va sombrer sdf ou se suicider une nuit dans l'eau noire et froide du Pacifique comme on dit.
Quand tu es dans l'eau noire et froide, seul, la nuit c'est impossible de remonter, les docks sont trop hauts, il faudrait penser a se débarrasser de ses fringues, mais qui y pense, la panique confuse tout, et l’épuisement minutes après minutes et le froid et les cris a ras d'eau ne portent pas, c'est une mort agonisante qui laisse le temps d'implorer un dieu et d'expier ses péchés, mort que beaucoup de vieux amis, épaves de marinas ont choisie et subie.

Apres J'ai livré dans tous les USA des RV pour Jay, j'ai installé une moquette sur le plastique original dans un RV un jour pour revendre mieux, ça a marche, puis deux, puis quatre et puis après j'ai fait pareil pour une compagnie de location et après six mois, pour la plus grosse compagnie en Californie. 

J'ai regagné du pognon et sur un coup de bluff, j'ai décroché le contrat pour toutes les opérations de finishing, enduit, peintures, vernis, sol, plafonds , mats, fenêtres, intérieurs.... etc, de deux Brigantines, vaisseaux en bois de 33 mètres pour le Los Angeles Maritime Museum, un an et demi de travail avec mon équipe de douze employés ... tous illégaux évidement...  

Il y a vingt ans le suicide de Kiki, le moment click ou j'ai décidé de mourir vite ou de vivre, un an de route a travers les USA, mon mariage avec Pam, le chantier des Brigantines pour le Los Angeles Maritime Museum ....  

je suis la ce soir, dans cette même marina a Long Beach, assis seul sur le pont de mon nouveau bateau, j'ai soixante ans et un an. 

c'est la fin du livre, fin de l'aventure, J'ai choisi de vivre vieux. 

Hasta la vista Babeeeee....... !





EXTRA CHAPITRES SI on a BESOIN ... 


AOUT 23 1988  

C'est août, il fait très chaud sur les docks a downtown, on est tous nerveux et dans un pressing industriel il y a encore plus de chaleur et de la vapeur en plus, chaque jeans qu'on presse c'est des nuages brûlants et il y en a une vingtaine de presses alignées.
Les portes métalliques des docks sont relevées grande ouvertes, toutes les issues de secours pareil, mais c'est l'enfer pareil, enfin l'enfer c'est une façon de parler parce-que on s'en fout tous pareil, mon bureau vitré au milieu de l'usine suinte des gouttes que c'est même pas des gouttes mais un vraie pluie, y a pas un papier administratif sec, on a peur pour les ordis qui sont pas waterproof, mais y a de la musique joyeuse Mexicaine, plein de travail, des tonnes de jeans qui s'empilent, des heures supplémentaires payées au noir en vert rectangulaire liquide.

Mais y fait une putain de chaleur quand même .... 
Les mecs sont aux presses, les femmes aux fers a repasser, c'est dur ces énormes machines qu'il faut balancer trois fois par minute et enfiler le pantalon et le tourner brûlant et le retourner et rebalancer la machine qui pèse une petite tonne, vapeur a fond et tourner encore et vapeur et brûle et un autre jean, pour faire du pognon il faut presser un jean par minute, les très forts font un jeans et demi par minutes, y a que des hommes aux presses, aux fers c'est les femmes, parce que c'est l'enfer pareil mais moins.
Je fais entre six mille et huit mille Jeans par jour et entre cinq et et huit mille tee-shirts et chemises, c'est beaucoup de sueur et de vapeur et six mille jeans c'est trente mille boutons de braguette et vingt mille rivets a mettre, les chemises c'est des jours dix mille boutons a coudre et après les étiquettes, les emballages, et il fait très chaud en août.

A  midi il y a eu un incident sur les docks
J'ai pas vu, j'etais derrière en train de contrôler une palette de pulls de luxe No Jeans made in China que on avait étirés a la vapeur, un Mexicain tirant chaque manche l'autre a la presse pour que les tailles soient a la taille ... genre au premier lavage les pulls a $400 redeviennent taille chinoise.
Mais tant que ça passe l'inspection, on est bien et puis de toute facon les poufs de Beverly Hills qui dépensent ce pognon pour un pull, elle le mette une fois et l'oublient dans un placard. 

Rien entendu évidement. 
Mais j’aperçois un vent de panique loin derrière sur les docks ça crie un peu dans le brouillard ... 
je remonte en courant les lignes de production entre les tables 

_ Boss, Boss ... on vient de se faire enculer cher, Ramon dit en espagnol, je traduis, autrement ça sera trop long 
_ What de fuck ... je répond 
_ Deux " bandos " sur les docks, au couteau ... 
_ Deux " bandos " sur les docks, au couteau ... and what ? je dis en espagnol 
_ Deux ils arrivent, ils montent par l'escalier sur la droite, ils parlent pas, ils ont l'air très méchant, ils ont des très gros couteaux , ils .. 
_ Ok .... ca va, calmos 

Un bando c'est dix jeans attachés ensembles, c'est comme ça que on livre les pantalons bleus délavés chez " Guess Jeans " , a dix minutes, c'est comme ça que on compte aussi au cul du camion, un, deux trois .... dix, un autre compte les " bandos "  et un autre entasse a l’intérieur, on travaille par " coupe" en général de deux mille deux cent pièces, une pièce qui manque c'est soixante dollars, cent vingt en 2018 money, et Georges Marciano est impitoyable la dessus, on perd une pièce on paie et on doit compter pareil a la réception.
Il manque trois pièces, on ressort tout et on recompte. 

_ Boss ... deux bandos, au couteaux, on a rien pu faire .. 

je viens de me faire taxer vingt jeans Guess a soixante dollars pièce en vingt secondes par deux noirs avec deux couteaux, des grands couteaux, les Mexicains disent. 

La technique est simple, ils sautent sur le dock quand on charge, couteaux dans la main gauche et chacun attrape, un bando de la main droite et ils sautent en bas et ils courent très vite, et dans l’arrière de l'usine c'est une contre allée ou y a jamais personne ou que des SDf défoncés au crack qu'il faut éviter avec les camions pour pas avoir des ennuis si on en écrase un, après ils tournent a droite et se perdent dans la foule du " garment district " ou tout le monde porte plus ou moins des paquets de vêtements.  

_ Ok ça va .. ok  on va pas pleurer pour vingt jeans, vous aller pas vous faire découper a la machette pour mille deux cent dollars, je comprends mais quand même ... vous avez rien pu faire .. Je dis ? 
_ No Boss 
_ Ok ... mais quand même.

J'appelle le 911, c'est police secours version Los Angeles, ils viennent pas parce-que il n'y a pas un mort et que les dommages collatéraux, mes jeans, en valent pas la peine mais ils enverront quand ils auront le temps, un commissaire pour faire un rapport, je comprend , ils ont autre chose a faire et puis de toute façon mes jeans ils sont déjà a ce moment vendus sur un marche aux puces ou échangés pour un shoot d’héroïne a " Skid Row " a quelques blocs de ma 12 St ... 

Deux semaines après ... pareil, ça devient routine leur petit business sur mon cul, ce coup je sors en courant, j'ai mon 9 mm chargé dans la main droite mais je suis pas sur que j'ai le droit de tirer sur le mec dans le dos dans la rue, faudra que je demande a mon avocat pour la prochaine fois, alors je tire pas, c'est dur mais je vais pas prendre le risque de me faire dix jours de prison ou plus pour avoir descendu un mec qui me volait dix jeans. 
Même pas j'appelle les flics.  

C'est la vie, ça, tu donne le doigt, on te bouffe la main, j'aurais du le descendre le putain de voleur, une semaine après le camion de deux mille deux cent jeans ils me braquent, dans la contre allée sombre et lumineuse a vingt mètre des docks, au calibre ce coup. 

_ Nique ta mère et casse toi du siège il dit le noir au mexicain en anglais, avec le revolver a travers la fenêtre du camion ouverte. 

En plein la gueule il lui met le pétard, il tremble tellement il m'a dit après Ramon que ça peut péter a la seconde et Ramon il pisse dans son froc et se terre sur la banquette, dessous la banquette il glisse ... porte ouverte, dehors, camion qui demarre, quatre secondes ça a duré peu etre. 
Ramon, on le retrouve une minute après sur le goudron brûlant, en chien de fusil, il tremble tellement, ça lui a fait un coup de voir le trou noir d'un Magnum hystérique a dix centimètres de sa bouche, du coup, j'ai pas le courage de l’engueuler pour le camion qu'on vient de me faire un hold up a quatre-vingt mille dollars. 

Black & white, sirenes, flash rouge bleu blanc hurlant, helicoptere dessus, en gros ventilateur obscène assourdissant de delire qui crie des trucs incompréhensibles dans un haut parleur et puis qui s'eloigne et revient, violent, dix voitures au moins, rue bloquée, contre allée violée.

Ce coup ci j'ai appelle 911... hold up et tentative de meurtre, ils rappliquent ventre a terre.

9:48 AM Tuesday.. usine vidée, dégoulinante de vapeur refroidie, avec des jets impromptus sifflants des joints mal colmatés des tuyaux de cuivre, ambiance Terminator, hélicoptère, sirènes, flash, flics armés... et moi au milieu un peu ... comment dire, je suis .. entre fatigue, énervement et amusement parce que c'est quand même Hollywood leur truc. 

Les flics Californiens c'est des stars, même quand ils te mettent en prison, tu les adore, y a pas comme eux, arrêtés on se voit tout de suite en héros d'un film, même mort ça doit etre bien. 
Faut reconnaître que ils savent faire, j'ai été arrêté a Villeurbanne et a Hollywood, et bien ... c'est comme son nom l'indique ! 
Tant qu'a se faire poisser autant l’être avec classe.
Le prestige du flic de Beverly Hills rejailli d'ailleurs sur le voyou, pareil a Villeurbanne mon pote JO roulait en Fiat X1/9 ce qui était top classe a Lyon mais il roulait en Ferrari 458 Italia a Hollywood et il était escroc le meme. 
Pareil pour les voitures des flics et leurs calibres ... après on se demande pourquoi les racailles ils ont pas peur, si ils avaient en face des Dodge Charger noir et blanc avec des pare buffle monstrueux ça serait pas pareil, en plus que les flics Californiens ils tirent au 45 Magnum chromé d'abord et ils parlent après. 

Ce matin je rencontre le sergent O Reilly .  

Ok .... un hold up c'est un hold up, ça arrive a tout le monde, Georges Marciano fait même pas la gueule, il a une assurance j'imagine mais le gros problème c'est que exactement une semaine après a la même heure je me fais holduper de nouveau, pareil, un camion avec deux mille deux cent jeans Guess tout neufs, tout beaux, prêt a la vente. 

Ce coup ci le Georges Marciano il va faire la gueule si on s'occupe pas un peu plus serieux de ses jeans chéris... 
En plus ça me coûte cinq mille dollars de travail pas payé par camion perdu et deux chauffeurs en arrêt maladie même si je paie évidement pas les arrêts de maladie. 
N’empêche que c'est des arrêts maladie parce-que ils ont refusé de travailler pendant trois jours. 

J'appelle 911 et ils débarquent comme la première fois mais, vingt voitures et avec deux hélicoptères . 
Un hélicoptère de police et un de CNN, possible, va savoir, mais ça fait du bruit.

Los Angeles Police département, c'est écrit sur le badge, l’officier est debout devant moi, grand, au vu de son nom et ses cheveux il est Irlandais.
Derrière sur les docks et dans la contre allée c'est un film avec Bruce Willis.

Sergent O Reilly 

_ C'est la merde je dis 
_ Yes il dit 
_ C'est les noirs ou les Venezueliens ou les Siciliens qui dirigent le truc, je dis pour dire quelque chose.
_ C'est tous des enculés il dit l'Irlandais 
_ On est d'accord je dis.
_ Deux fois en deux semaines il dit 
_ Oui je repond
_ Ça doit etre les mêmes 
_ Ça se peut ... 
_ Une description du suspect? 
_ Faut demander a mon chauffeur
_ Il parle anglais ?
_ Non.. 
_ En gros ... ? 
_ Noir, taille moyenne, soixante dix kilos, un jeans, un tee-shirt blanc, des baskets ... vous pensez le retrouver, officier ?  

On est d'accord en cinq minutes que si la police nous defend pas on se défend nous mêmes et il me dit que en plus c'est dans notre constitution et que j'aurais du descendre le voleur de jeans au tout debut, vu qui il y avait attaque a main armée, j'aurais eu une médaille de la police et un article dans le journal local et photo avec le maire d’arrondissement et le chef de la police locale et pas tous ces ennuis après. 

Le mieux dans la discussion c'est que en dix minutes on a fait un deal, c'est la police de Los Angeles qui va travailler pour moi, en privé. 
J'adore, ça fait pas vingt quatre mois que je suis ici et déjà je vais avoir des flics sur mon payroll. 
Enfin payroll, pas vraiment c'est en liquide, le deal c'est que les mêmes flics qui patrouillent en voitures noires et blanches les rues de Downtown, après leurs heures ou pendant leurs jours de repos, ils viendront faire la securite en civil de mes docks et suivront mes camions jusque a chez Guess Jeans. 

Avec le badge sous la chemise et le Smith & Wesson, model 4506 .45 caliber a l’aisselle ou ceinture bien apparent, vu que c'est pas total légal que un flic travaille en privé après ses heures avec son badge surtout quand il est en patrouille noir et blanc avant et que il tourne un peu plus autour de mon usine que autour des ceux qui payent pas comme moi la police. 
C'est pas illégal non plus, si il montre pas son badge... mais j'insiste que le badge c'est mieux et que comme c'est moi le boss, et que c'est moi qui paie... ça serait bien que on voit le badge des fois sur mes docks. 

On a travaillé longtemps comme ça, cher mais efficace.
Je suis devenu ami proche avec plein de LA cops, c'est des mecs bien, un peu bizarres parce-que ils dealent avec plein de gens bizarres et puis il y a tellement de pognon autour et ils gagnent pas grand chose ... ça doit etre dur. 


Corruption.... pas trop vraiment, c'est sur le fil du légal et ça reste au niveau Mickey, petit Mickey mais ça aide quand même 

je roule un soir Porsche Carrera décapotable au milieu de Downtow et je passe un feu rouge et en plus j'ai pas de permis, pas de carte grise et je suis pas trop sur pour mon assurance .. 
Un motard.

Je viens de me faire arrêter avec ma femme Kiki en plein milieu de Broadway blvd. 
Kiki flippe.

_ J'ai dix grammes de coke sur moi .... elle dit 
_ C'est malin
_ C'est malin, c'est malin, tu me fais marrer ... 
_ On panique pas on fait les caves.
_ Et si on va en prison, elle va faire quoi Pensée toute seule a la maison ? Pensée c'est la chiwouawoua de Kiki.
_ Une garde a vue c'est deux jours, elle peut survivre sans ses croquettes au foie gras ... ? 
_ Non non et non ... 

 _ Sir .... Driving License, ( permis) registration du véhicule, (carte grise)  assurance ... 

Genre plein de trucs que je sais pas trop ce que c'est vu que je suis arrivé y a pas longtemps dans le pays et que a part acheter une Porsche Carrera décapotable neuve, je connais pas trop les histoires de permis, assurances et autres conneries qui servent a rien.  

Et j'ai raison, je fais le mec qui parle pas anglais, ça c'est vrai et je donne la carte de visite de mon pote le flic l'Irlandais, le motard recule sur sa moto, téléphone, oui ils ont le téléphone en 1988 sur les motos, je le vois dans le rétroviseur, ça dure trois minutes et quarante huit secondes approximativement, il revient vers moi, j'ai pas besoin de baisser ou remonter la vitre vu que je suis en décapotable .
le motard salue et me dit :

_ Tanks Sir ... you can Go . 


Vroummmmmm cher on fait avec Kiki.